Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Filoue11

Les mystères de nos régions : La légende de Mélusine, la fée de Lusignan

Messages recommandés

Les mystères de nos régions : La légende de Mélusine, la fée de Lusignan


Si on retrouve la trace de la fée Mélusine dans la mythologie romaine et celte, c’est à Lusignan, cité médiévale nichée au cœur du Poitou, que sa légende est la plus vivace depuis le XIIe siècle...




La famille Lusignan régna longtemps sur le Poitou. Elle exploita ce mythe en faisant de Mélusine – ou plutôt de « Mère Lusigne » (la mère des Lusignan) – la fondatrice de leur lignée. Cette récupération des fées par les familles aristocratiques n’était pas chose rare à la charnière des XIIe et XIIIe siècles.
Selon la légende, Presine, la mère de Mélusine, jeta un sort à sa fille en la condamnant à se transformer en serpent tous les samedis. Pour échapper à son sortilège, Mélusine devra épouser un mortel qui ne cherchera jamais à la voir le jour de sa métamorphose.

« Si jamais tu te sépares de ton mari, sache que tu retourneras au tourment d’auparavant sans fin », lui dit sa mère. Cet époux sera Raymondin, neveu du comte de Poitiers qu’elle rencontre en forêt de Couloubiers. Alors qu’il chassait le sanglier, le jeune homme tue accidentellement son oncle. Désemparé, il erre dans les bois jusqu’au moment où il tombe sur la fontaine de la soif. Là, à minuit, il rencontre Mélusine. La belle inconnue lui propose de l’aider et de sceller un pacte : elle lui offre sa main, la richesse, et une magnifique prospérité aussi longtemps qu’il respectera un interdit, celui de ne jamais chercher à découvrir ce qu’elle fait le samedi. Acceptant l’offre, il devient dès lors le plus puissant seigneur du Poitou, régnant sur la forteresse de Lusignan.

D’illustres descendants

De l’union de Raymondin et Mélusine naîtra dix fils. Bien que comblé par sa progéniture, le seigneur est inquiet : huit sont affligés d’une tare, rappel de leur appartenance à l’Autre Monde. Urian, l’aîné, a le visage court et tout en largeur, un œil rouge ainsi que de grandes oreilles. Eudes a une oreille plus grande que l’autre. Guyon a un œil plus haut que l’autre. Antoine porte une patte de Lion sur la joue. Le cinquième, Renaud, n’a qu’un œil, bien que remarquablement perçant. Geoffroy a une dent de sanglier qui lui sort de la bouche. Une tâche velue orne le nez de Fromont. Et enfin Horrible, lui, a trois yeux.

Au fil des années, Mélusine semble rompre petit à petit la malédiction car les deux derniers qu’elle enfante, Thierry et Raymonnet, sont normaux. Malgré leurs tares, ses fils connaîtront des destinées heureuses. Urien et Guyon deviennent respectivement roi de Chypre et roi d’Arménie. Antoine et Renaud, duc de Luxembourg et roi de Bohème. Eudes, comte de la Marche. Geoffroy, seigneur de Lusignan après la mort de son père. Thierry et Raymonnet, seigneur de Parthenay et comte de Forez. Fromont devient moine. Des dix fils de la fée, seul Horrible a connu une fin tragique. Après avoir tué deux de ses servantes avant sa cinquième année, il fut assassiné sur ordre de sa mère.

La traîtrise

Mais ce bonheur ne dure qu’un temps. Le frère de Raymondin, jaloux de son succès, lui fait croire que chaque samedi Mélusine passe la nuit avec un amant ou s’adonne à un rite diabolique. Il lui dit : « Frère, votre femme tous les samedis est de fornication avec un autre ». Inquiet par ses révélations, il rompt la promesse qu’il a faite et perce un trou dans le mur de la chambre où elle s’est enfermée afin de l’observer. Il l’a surprend alors dans son bain, à moitié serpent jusqu’au nombril. Soucieux de ne pas perdre la fée, il préfère garder le silence et chasse son frère tout en disculpant Mélusine. Tout se passe comme avant jusqu’au jour où leur fils Geoffrey met le feu à l’abbaye de Maillezais, tuant ainsi son frère Fromont.

Raymondin, furieux contre Mélusine, lui reproche publiquement d’être « une très fausse serpente » responsable des tares et des méfaits de sa progéniture. Son secret révélé, elle ne peut plus rester au château et s’envole par la fenêtre mue en serpent. Elle ne reviendra que pour s’occuper de ses enfants la nuit venue et à l’insu de tout le monde, excepté des nourrices. Désespéré, Raymondin part se faire ermite. On raconte aussi qu’elle se lamente à chaque fois que les biens des Lusignan changent de propriétaires ou qu’un membre de cette maison va mourir.

La fée bâtisseuse

La légende veut également que la fée Mélusine soit une bâtisseuse. C’est d’ailleurs elle qui aurait érigé Lusignan. Les habitants sont d’ailleurs appelés les Mélusines et les Mélusins. Dans la cité, on retrouve ainsi son effigie à de nombreux endroits. Les vestiges du château qu’elle a construit pour Raymondin, rasé en 1524, sont encore visibles aujourd’hui. Elle fonde également les villes de Parthenay, à une trentaine de kilomètres au nord de Lusignan, ou de Tiffauges, encore plus haut sur les terres vendéennes. C’est aussi Mélusine qui aurait bâtie les murailles de La Rochelle et fait construire de nombreuses églises. Si quelqu’un la surprenait dans son ouvrage, qui avait lieu généralement la nuit, elle cessait ses travaux. Ainsi, il manque une pierre sur la flèche de Niort ou une fenêtre sur l’église de Parthenay.


Romain Katchadourian/francesoir.fr

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...