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Les porcheries débordent !

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Les porcheries débordent !


Thierry Larivière, La Terre de chez nous
11 octobre 2007





Au moment où vous lisez ces lignes, il y aura environ 40 000 porcs en attente d’abattage au Québec et la Fédération des producteurs de porcs a lancé un appel d’urgence aux abattoirs et aux syndicats de travailleurs pour qu’ils accélèrent la cadence. Les producteurs subissent des pertes sous forme de moulée inutile et de retard à faire entrer les prochains porcelets.

Il s’agit du plus haut total de porcs en attente, à cette période de l’année, depuis 1998, soit l’année du blocage de l’autoroute 20. Il faut dire que deux abattoirs sont fermés, soit Viandes Kamouraska et Qualiporc, et que d’autres abattoirs présents l’an dernier ne sont carrément plus en affaires, comme celui de Saint-Valérien. « C’est clair qu’il faut une journée pleine un samedi », lance Jean-Guy Vincent, président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, en entrevue avec la Terre.

Si toutes les usines ouvraient un samedi, on abattrait 28 000 porcs. La Fédération a d’ailleurs expédié une lettre aux syndicats et tenu une téléconférence avec tous les abattoirs. « Il semble qu’ils ont les mains liées avec des conventions d’employés », constate Jean-Guy Vincent, qui ajoute en avoir « ras le bol » du fait que les producteurs doivent faire les frais des pertes des abattoirs ou des conventions de travailleurs. M. Vincent affirme que la Fédération voyait venir le problème et tentait de sensibiliser l’ensemble des abattoirs depuis le mois de février. Le surplus de porcs l’automne n’est d’ailleurs pas un nouveau sujet de discussion entre les parties, mais les tentatives de trouver une solution à long terme ont échoué.

Bras de fer avec Olymel ?
Interrogé à savoir si Olymel tentait de faire pression sur l’encan électronique et sur la Fédération, M. Vincent demeure prudent. « J’espère qu’il n’y a pas un plan derrière ça », indique ce dernier qui constate cependant qu’il n’y a pas eu d’effort soutenu pour travailler ensemble, sinon « le problème serait réglé ».

Olymel réfute complètement cette rumeur entendue auprès de producteurs de porcs. « Olymel n’a pas attendu un appel public de la Fédération », indique Paul Beauchamp, vice-président d’Olymel. Ainsi l’abattoir de Saint-Esprit a fonctionné quatre des cinq derniers samedis. La vitesse d’abattage et de découpe a été augmentée, ce qui devrait permettre de passer 2500 porcs de plus dès cette semaine. Olymel a aussi réduit de quelques milliers par semaine le nombre de porcs achetés en Ontario.

L’affichage de la lettre de la Fédération se fait dans tous les établissements d’Olymel. « On se doit de constater que les travailleurs ne répondent pas en nombre suffisant », ajoute M. Beauchamp en parlant des usines de Vallée-Jonction et de Princeville. « On fait tout ce qu’on peut », résume le vice-président qui fait valoir que la Fédération ne met pas tous les porcs en vente et qu’elle ajuste l’offre en fonction de la capacité des abattoirs. M. Beauchamp admet que son entreprise ne pourrait pas faire plus de toute façon, mais ajoute qu’il n’est pas possible, dans ce contexte, de faire une pression indue sur les prix. « C’est bien correct », a déclaré Martin Bourgeois, membre de l’exécutif du syndicat des travailleurs de Princeville, qui prenait cependant connaissance de la lettre de la Fédération le jour même où on lui parlait, soit le 9 octobre. La Terre a aussi tenté de joindre, sans succès, le syndicat à Vallée-Jonction.

Près de la limite
Jean-Guy Vincent affirme par ailleurs qu’il entend demander la suspension de l’encan et la fixation d’un prix dès que le prix québécois descend à un prix inacceptable sous la référence américaine. « On est près de la limite », indique le président. Or, le prix oscille présentement autour de 8,50 $ sous cette référence.

« Des solutions, il y en a », ajoute Jean-Guy Vincent, qui ajoute que si l’abattage du samedi ou les deuxièmes quarts de travail ne fonctionnent pas, le comité des 20 producteurs, qui réfléchit à l’avenir de la production depuis plus d’un mois, a déjà envisagé l’achat de Qualiporc, qui est fermé pour l’instant. On évalue aussi les possibilités pour « sortir du marché de commodités » avec un porc de plus grande valeur. Des décisions de cet ordre seront peut-être proposées par le comité des 20 aux producteurs lors de la prochaine assemblée semi-annuelle de la Fédération.

D’autres abattoirs s’organisent
« La collaboration est quand même pas pire », a déclaré Vincent Breton, de Viandes du Breton, en parlant des employés de son usine. Depuis la fête du Travail, les travailleurs sont en poste le vendredi après-midi, ce qui n’était pas le cas avant. Samedi prochain sera également un jour d’activité et M. Breton espère convaincre son monde pour deux à quatre autres samedis. En tout, on parle de 22 000 porcs par semaine avec le samedi, ce qui représente 2000 à 3000 de plus que dans les derniers mois.

À peu près tous les abattoirs semblent considérer leurs possibilités d’augmentation de volume, mais ultimement ce sont les employés qui accepteront ou non de faire des heures supplémentaires. La coupe salariale que certains ont subie récemment, notamment chez Olymel, n’aide certainement pas à créer un climat parfaitement harmonieux.

Notons par ailleurs que l’Abattoir Dubreuil, de Sainte-Hénédine, a signé sa convention de type A qui a été homologuée par la Régie des marchés agricoles récemment. Ils abattent donc plus de 1000 porcs par semaine.
http://www.laterre.ca/?action=detailNouvelle&menu=9&section=editionCourante&idArticle=4762

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