Animal 0 Posté(e) le 23 décembre 2007 Rituels de l'Aïd el-Kebir : 26/12/2006 14:38 par Toviraaj A. Certaines organisations musulmanes du Pakistan proposent à leurs coreligionnaires installés dans des pays occidentaux d'acheter et de sacrifier des animaux à leur nom pour l'Aïd el-Kebir. Cette « fête », qui « marque chaque année la fin du pèlerinage à La Mecque […] commémore la soumission d'Abraham à Dieu, lorsque le patriarche était prêt à sacrifier son fils aîné sur son ordre (Ismaël selon la tradition musulmane, Isaac selon la Bible ; le Coran ne donnant pas explicitement le nom de ce fils aîné). Chaque famille, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un mouton (parfois d'autres animaux, notamment vaches, chameaux ou poulet) en l'égorgeant, couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque ». (Source Wikipedia) Les Musulmans qui en ont les moyens, achètent des animaux qu’ils vont sacrifier pour partager la viande avec les pauvres et les familles. Or, dans certains pays occidentaux, les Musulmans ne peuvent pas accomplir le rituel selon leurs coutumes. Ils peuvent désormais se tourner vers internet. D’Occident à l’Orient par le net « Il n’est pas facile pour eux [i.e. les Musulmans d’Occident] d’acheter et de pratiquer le sacrifice selon les rites religieux dans ces pays là, » affirme Sohail Ahmed, un représentant de l’organisation islamique de bienfaisance Al-Khidmat, qui propose ce « service ». « Ils se tournent vers internet pour accomplir leurs obligations religieuses, » avoue Sohail Ahmed. Au Pakistan, des milliers de vaches, de moutons, de boucs et de chameaux sont sacrifiés annuellement pour célébrer l’Aïd el-Kebir, qui tombe cette année, la première semaine de janvier. Et selon Farukh Sheikh du Sahara Trust for Life (sic), acheter son animal sacrificiel sur le net devient de plus en plus populaire même au Pakistan. « Cela part d’une considération purement pratique. De nos jours, les gens n’ont pas le temps de se déplacer dans les marchés et négocier les prix. […] Nous offrons un service complet à des prix imbattables. Les gens nous font confiance pour distribuer la viande parmi les nécessiteux en respectant les obligations religieuses », clame Farukh Sheikh. Internet : abolir les frontières (littéralement) De son côté, la société de bienfaisance Alamgir propose le nec plus ultra pour l’Aïd el-Kebir : la possibilité d’assister en direct au sacrifice depuis le site internet de l’organisation. « Nous avons une adresse IP fixe et tous ceux qui le veulent peuvent regarder le sacrifice qu’importe le pays dans lequel ils se trouvent, » dixit Shakeel Dehalvi, un représentant de l’Alamgir. En général, on peut trouver des animaux « dédiés » au sacrifice sur les sites internet à des prix bien établis : cela peut aller de Rs 6000 (environ 100$) pour une chèvre à Rs 27000 (environ 450$) pour une vache. Or, certains groupes de fidèles sont contre les achats de bêtes sur internet, achats qui requièrent de payer des intérêts. Ce qui est formellement interdit selon la loi islamique. « Sur les sites web, les acheteurs doivent payer une commission sur leurs achats faits avec leurs cartes de crédit. Nous ne voulons pas avoir des polémiques sur des choses relevant de la loi islamique… » avoue Rizwan Edhi de la société Edhi Trust. http://www.generation-nt.com/aid-el-kebir-achat-sacrifice-animal-internet-pakistan-occident-actualite-20316.html Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Animal 0 Posté(e) le 24 décembre 2007 Aïd el Kebir en France A qui profite la polémique ? Les associations de protection animale montent au créneau, chacune à sa manière : les sages OABA (œuvre d'assistance aux bêtes d'Abattoir) et SNPA (Société nationale de protection animale) agissent dans la discrétion, directement auprès des ministère de l'Intérieur et de l'Agriculture, pour protester contre des conditions d'abattage inacceptables. La PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme), branche française du lobby animal britannique CIWF (Compassion in World Farming), filme et témoigne usant d'images sanglantes sur son site Internet de l'intolérable atteinte aux droits des animaux. Brigitte Bardot mobilise sa fondation (dont les positions sont souvent plus modérées que celles de l'ancienne actrice), profitant d'une occasion trop belle pour suggérer une interdiction pure et simple de tout abattage rituel juif et musulman en France. Le sang et la souffrance des animaux ne laissent pas indifférents, surtout pendant l'Aïd. Le reste de l'année, les Français n'y pensent plus et ces associations ont bien du mal à mobiliser le public autour de la cause des animaux d'abattage. En France, l'Aïd el Kebir est donc une occasion annuelle de diffuser un message qui, le reste du temps, ne franchit pas les murs des abattoirs. Pour ces associations, certaines méthodes d'abattage, en particulier les méthodes rituelles, augmentent la souffrance animale, car il n'est procédé à aucune insensibilisation de l'animal avant sa saignée. Elles appuient leur argument sur des études vétérinaires. Selon les organisations religieuses juives et musulmanes, qui s'appuient sur d'autres études vétérinaires, et décrivent leur expérience en abattoir, cette question est discutable : tout dépend de la méthode d'étourdissement employée. Dans les faits, au regard des cadences industrielles élevées, les méthodes d'étourdissement ne sont pas toujours correctement adaptées et appliquées, il y a des «ratages» qui peuvent accroître significativement la souffrance animale. Organisations de défense animale et organisations religieuses se placent, donc, sur le terrain de la cause animale : les unes et les autres la défendent, les unes au nom de la science, les autres au nom de la religion. L'Aïd el Kebir et son cortège d'images lugubres de moutons ensanglantés sont une occasion pour les associations de protection animale de reprendre la main, d'affirmer la supériorité de leur position sans avoir à la justifier plus avant. Elles le font, cependant, en entretenant une confusion entre sacrifice rituel annuel et abattage rituel industriel. Les conditions d abattage lors du sacrifice annuel de l'Aïd el Adha et celles de l'abattage halal sont pourtant bien différentes. Lors du sacrifice de l'Aïd, les bêtes (ovins, bovins, caprins) doivent être abattues par ou au nom du chef de famille musulman après la prière du premier des trois jours de la fête. A chaque famille ou groupe de famille, son animal. Ceci implique une traçabilité de l'animal vivant à la carcasse et donc une organisation spécifique. La réglementation française oblige les familles à déléguer leur pouvoir d'abattage à des professionnels dans des zones d'abattage réglementaire. La concentration des abattages, compte tenu du nombre de musulmans en France, requiert ainsi une organisation sans faille à tous les niveaux de la production, de l'élevage à la distribution.. La France n'en est pas à son coup d'essai. Cela fait bientôt trente ans que les abattages collectifs de l'Aïd el Kebir existent. Pour être correctement organisés, les préparatifs devraient commencer plusieurs mois à l'avance entre les partenaires religieux, commerciaux et publics. Chaque année pourtant, tout le monde semble pris de court, et feint de découvrir le problème. Les polémiques entre mosquées et pouvoirs publics rejaillissent rituellement et les organisations animales retrouvent leur espace de contestation. Mais que font-elles en dehors de cette période sensible ? Pas grand chose. La Fondation Bardot a bien obtenu de Dalil Boubaker, président du CFCM et recteur de la Mosquée de Paris l'assurance qu'il préconiserait l'usage de moyen d'étourdissement avant abattage rituel. Mais le recteur d'une mosquée minoritaire au sein du CFCM n'a guère les moyens d'imposer une technique dont les musulmans, dans leur grande majorité, ne veulent pas. Et pourquoi les musulmans français ne voudraient-ils pas d'une technique que d'autres musulmans, en Europe ou dans le monde, ont acceptée ? Les organisations de protection animale auraient pu se poser la question, depuis au moins vingt ans. Au lieu de cela, elles surfent sur la peur du sang et de la mort, utilisant et décontextualisant des images et des mots qui ne leur appartiennent pas. Cette année, profitant de cette confusion entre viande halal et sacrifice rituel, la grande distribution est entrée dans la ronde provoquant, elle aussi, une polémique, mais celle-ci auprès des autorités religieuses. Le groupe Carrefour, numéro un de la grande distribution en Europe et numéro deux mondial, vend des carcasses de moutons abattues selon le rite musulman avant la prière matinale du premier jour de l'Aïd. Le distributeur appelle cela le mouton de l'Aïd au grand dam des associations religieuses qui dénoncent, non sans raison, l'imposture commerciale. La réponse de la grande distribution est aussi raisonnable : de nombreux clients sont satisfaits de la formule et achètent leur carcasse ou morceau de carcasse comme les autres achètent leur dinde de Noël. Et, finalement, n'est-ce pas un bon moyen d échapper aux polémiques qui, chaque année, viennent ternir la fête ? On achète son mouton, on rentre chez soi et on fait la fête entre soi, plutôt que de passer des heures à faire la queue devant les abattoirs. La grande distribution ferait-elle œuvre citoyenne en participant «incontestablement à l'appropriation nationale d'une fête musulmane tant décriée» comme on peut le lire sur le site musulman francophone saphirnews.com ? De la même façon qu'on ne pourra feindre d'ignorer longtemps l'aspect commercial de la fête et du marché halal, ou s'offenser de la commercialisation du « rite», on ne pourra comprendre indéfiniment les motivations religieuses des musulmans de France et leurs façons diverses d'exprimer leur croyance et leurs sentiments y compris à travers l'acte de consommation. Les associations de protection animale ont maintenant contre elles de puissants acteurs économiques qui n ont guère mis au centre de leur préoccupation les questions de l étourdissement pré mortem ou celle du bien-être animal. Dans leur bataille philosophique, les alliés objectifs des associations de protection animale sont les associations religieuses. En les prenant chaque année, pour ennemis elles ont entretenu des polémiques vaines qui, aujourd'hui, les rendent plus impuissantes que jamais. Réciproquement, les organisations religieuses peuvent bénéficier du positionnement moral des associations de protection animale pour asseoir et renforcer auprès de l'opinion et des pouvoirs publics leur rôle de garant du rite religieux. Même dans les sociétés où la viande est devenue un simple produit commercial, la mort animale, elle, ne l est jamais. Florence Bergeaud-Blackler (Sociologue - Université de la Méditerranée 23-12-2007 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites