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Animal

Rituels de l'Aïd el-Kebir/Sacrifice par Internet

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Rituels de l'Aïd el-Kebir :



26/12/2006 14:38 par Toviraaj A.


Certaines organisations musulmanes du Pakistan proposent à leurs coreligionnaires installés dans des pays occidentaux d'acheter et de sacrifier des animaux à leur nom pour l'Aïd el-Kebir.


Cette « fête », qui « marque chaque année la fin du pèlerinage à La Mecque […] commémore la soumission d'Abraham à Dieu, lorsque le patriarche était prêt à sacrifier son fils aîné sur son ordre (Ismaël selon la tradition musulmane, Isaac selon la Bible ; le Coran ne donnant pas explicitement le nom de ce fils aîné). Chaque famille, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un mouton (parfois d'autres animaux, notamment vaches, chameaux ou poulet) en l'égorgeant, couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque ». (Source Wikipedia)

Les Musulmans qui en ont les moyens, achètent des animaux qu’ils vont sacrifier pour partager la viande avec les pauvres et les familles. Or, dans certains pays occidentaux, les Musulmans ne peuvent pas accomplir le rituel selon leurs coutumes. Ils peuvent désormais se tourner vers internet.


D’Occident à l’Orient par le net

« Il n’est pas facile pour eux [i.e. les Musulmans d’Occident] d’acheter et de pratiquer le sacrifice selon les rites religieux dans ces pays là, » affirme Sohail Ahmed, un représentant de l’organisation islamique de bienfaisance Al-Khidmat, qui propose ce « service ». « Ils se tournent vers internet pour accomplir leurs obligations religieuses, » avoue Sohail Ahmed.

Au Pakistan, des milliers de vaches, de moutons, de boucs et de chameaux sont sacrifiés annuellement pour célébrer l’Aïd el-Kebir, qui tombe cette année, la première semaine de janvier. Et selon Farukh Sheikh du Sahara Trust for Life (sic), acheter son animal sacrificiel sur le net devient de plus en plus populaire même au Pakistan.

« Cela part d’une considération purement pratique. De nos jours, les gens n’ont pas le temps de se déplacer dans les marchés et négocier les prix. […] Nous offrons un service complet à des prix imbattables. Les gens nous font confiance pour distribuer la viande parmi les nécessiteux en respectant les obligations religieuses », clame Farukh Sheikh.


Internet : abolir les frontières (littéralement)
De son côté, la société de bienfaisance Alamgir propose le nec plus ultra pour l’Aïd el-Kebir : la possibilité d’assister en direct au sacrifice depuis le site internet de l’organisation. « Nous avons une adresse IP fixe et tous ceux qui le veulent peuvent regarder le sacrifice qu’importe le pays dans lequel ils se trouvent, » dixit Shakeel Dehalvi, un représentant de l’Alamgir.

En général, on peut trouver des animaux « dédiés » au sacrifice sur les sites internet à des prix bien établis : cela peut aller de Rs 6000 (environ 100$) pour une chèvre à Rs 27000 (environ 450$) pour une vache. Or, certains groupes de fidèles sont contre les achats de bêtes sur internet, achats qui requièrent de payer des intérêts. Ce qui est formellement interdit selon la loi islamique.

« Sur les sites web, les acheteurs doivent payer une commission sur leurs achats faits avec leurs cartes de crédit. Nous ne voulons pas avoir des polémiques sur des choses relevant de la loi islamique… » avoue Rizwan Edhi de la société Edhi Trust.

http://www.generation-nt.com/aid-el-kebir-achat-sacrifice-animal-internet-pakistan-occident-actualite-20316.html

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Aïd el Kebir en France
A qui profite la polémique ?

Les associations de protection animale montent au créneau, chacune à sa
manière : les sages OABA (œuvre d'assistance aux bêtes d'Abattoir) et SNPA
(Société nationale de protection animale) agissent dans la discrétion,
directement auprès des ministère de l'Intérieur et de l'Agriculture, pour
protester contre des conditions d'abattage inacceptables. La PMAF
(Protection mondiale des animaux de ferme), branche française du lobby
animal britannique CIWF (Compassion in World Farming), filme et témoigne
usant d'images sanglantes sur son site Internet de l'intolérable atteinte
aux droits des animaux. Brigitte Bardot mobilise sa fondation (dont les
positions sont souvent plus modérées que celles de l'ancienne actrice),
profitant d'une occasion trop belle pour suggérer une interdiction pure et
simple de tout abattage rituel juif et musulman en France. Le sang et la
souffrance des animaux ne laissent pas indifférents, surtout pendant l'Aïd.
Le reste de l'année, les Français n'y pensent plus et ces associations ont
bien du mal à mobiliser le public autour de la cause des animaux d'abattage.
En France, l'Aïd el Kebir est donc une occasion annuelle de diffuser un
message qui, le reste du temps, ne franchit pas les murs des abattoirs. Pour
ces associations, certaines méthodes d'abattage, en particulier les méthodes
rituelles, augmentent la souffrance animale, car il n'est procédé à aucune
insensibilisation de l'animal avant sa saignée. Elles appuient leur argument
sur des études vétérinaires. Selon les organisations religieuses juives et
musulmanes, qui s'appuient sur d'autres études vétérinaires, et décrivent
leur expérience en abattoir, cette question est discutable : tout dépend de
la méthode d'étourdissement employée. Dans les faits, au regard des cadences
industrielles élevées, les méthodes d'étourdissement ne sont pas toujours
correctement adaptées et appliquées, il y a des «ratages» qui peuvent
accroître significativement la souffrance animale. Organisations de défense
animale et organisations religieuses se placent, donc, sur le terrain de la
cause animale : les unes et les autres la défendent, les unes au nom de la
science, les autres au nom de la religion.
L'Aïd el Kebir et son cortège d'images lugubres de moutons ensanglantés sont
une occasion pour les associations de protection animale de reprendre la
main, d'affirmer la supériorité de leur position sans avoir à la justifier
plus avant. Elles le font, cependant, en entretenant une confusion entre
sacrifice rituel annuel et abattage rituel industriel. Les conditions d
abattage lors du sacrifice annuel de l'Aïd el Adha et celles de l'abattage
halal sont pourtant bien différentes. Lors du sacrifice de l'Aïd, les bêtes
(ovins, bovins, caprins) doivent être abattues par ou au nom du chef de
famille musulman après la prière du premier des trois jours de la fête. A
chaque famille ou groupe de famille, son animal. Ceci implique une
traçabilité de l'animal vivant à la carcasse et donc une organisation
spécifique. La réglementation française oblige les familles à déléguer leur
pouvoir d'abattage à des professionnels dans des zones d'abattage
réglementaire. La concentration des abattages, compte tenu du nombre de
musulmans en France, requiert ainsi une organisation sans faille à tous les
niveaux de la production, de l'élevage à la distribution.. La France n'en
est pas à son coup d'essai. Cela fait bientôt trente ans que les abattages
collectifs de l'Aïd el Kebir existent. Pour être correctement organisés, les
préparatifs devraient commencer plusieurs mois à l'avance entre les
partenaires religieux, commerciaux et publics. Chaque année pourtant, tout
le monde semble pris de court, et feint de découvrir le problème. Les
polémiques entre mosquées et pouvoirs publics rejaillissent rituellement et
les organisations animales retrouvent leur espace de contestation. Mais que
font-elles en dehors de cette période sensible ? Pas grand chose. La
Fondation Bardot a bien obtenu de Dalil Boubaker, président du CFCM et
recteur de la Mosquée de Paris l'assurance qu'il préconiserait l'usage de
moyen d'étourdissement avant abattage rituel. Mais le recteur d'une mosquée
minoritaire au sein du CFCM n'a guère les moyens d'imposer une technique
dont les musulmans, dans leur grande majorité, ne veulent pas. Et pourquoi
les musulmans français ne voudraient-ils pas d'une technique que d'autres
musulmans, en Europe ou dans le monde, ont acceptée ? Les organisations de
protection animale auraient pu se poser la question, depuis au moins vingt
ans. Au lieu de cela, elles surfent sur la peur du sang et de la mort,
utilisant et décontextualisant des images et des mots qui ne leur
appartiennent pas.
Cette année, profitant de cette confusion entre viande halal et sacrifice
rituel, la grande distribution est entrée dans la ronde provoquant, elle
aussi, une polémique, mais celle-ci auprès des autorités religieuses. Le
groupe Carrefour, numéro un de la grande distribution en Europe et numéro
deux mondial, vend des carcasses de moutons abattues selon le rite musulman
avant la prière matinale du premier jour de l'Aïd. Le distributeur appelle
cela le mouton de l'Aïd au grand dam des associations religieuses qui
dénoncent, non sans raison, l'imposture commerciale. La réponse de la grande
distribution est aussi raisonnable : de nombreux clients sont satisfaits de
la formule et achètent leur carcasse ou morceau de carcasse comme les autres
achètent leur dinde de Noël. Et, finalement, n'est-ce pas un bon moyen d
échapper aux polémiques qui, chaque année, viennent ternir la fête ? On
achète son mouton, on rentre chez soi et on fait la fête entre soi, plutôt
que de passer des heures à faire la queue devant les abattoirs. La grande
distribution ferait-elle œuvre citoyenne en participant «incontestablement à
l'appropriation nationale d'une fête musulmane tant décriée» comme on peut
le lire sur le site musulman francophone saphirnews.com ? De la même façon
qu'on ne pourra feindre d'ignorer longtemps l'aspect commercial de la fête
et du marché halal, ou s'offenser de la commercialisation du « rite», on ne
pourra comprendre indéfiniment les motivations religieuses des musulmans de
France et leurs façons diverses d'exprimer leur croyance et leurs sentiments
y compris à travers l'acte de consommation. Les associations de protection
animale ont maintenant contre elles de puissants acteurs économiques qui n
ont guère mis au centre de leur préoccupation les questions de l
étourdissement pré mortem ou celle du bien-être animal. Dans leur bataille
philosophique, les alliés objectifs des associations de protection animale
sont les associations religieuses. En les prenant chaque année, pour ennemis
elles ont entretenu des polémiques vaines qui, aujourd'hui, les rendent
plus impuissantes que jamais. Réciproquement, les organisations religieuses
peuvent bénéficier du positionnement moral des associations de protection
animale pour asseoir et renforcer auprès de l'opinion et des pouvoirs
publics leur rôle de garant du rite religieux. Même dans les sociétés où la
viande est devenue un simple produit commercial, la mort animale, elle, ne l
est jamais.
Florence Bergeaud-Blackler (Sociologue - Université de la Méditerranée

23-12-2007

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