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Les saumons sauvages en danger

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Les saumons sauvages
en danger

Yves Miserey
24/12/2007

Un élevage de saumons dans l'état de Washington (nord-ouest des États-Unis). La concentration d'un grand nombre de poissons enfermés dans des cages le long des côtes favorise la prolifération de poux de mer.

Crédits photo : ASSOCIATED PRESS


Sur la côte ouest du Canada, les poux qui prolifèrent autour des cages de poissons dans la mer infestent les jeunes saumons sauvages et les déciment.

Les grandes revues scientifiques suivent-elles aussi l'actualité festive, à leur manière ? Ainsi la revue Science du 14 décembre 2007 révèle qu'en Colombie-Britannique, sur la côte ouest du Canada, l'élevage des saumons menace la survie des saumons sauvages.

La concentration d'un grand nombre de poissons enfermés dans des cages le long des côtes favorise, en effet, la prolifération de poux de mer. Ces crustacés peu sympathiques se fixent sur les très jeunes saumons sauvages lorsque ces derniers descendent les rivières et peuvent ainsi provoquer d'importantes mortalités. Les poux de mer rongent la peau et pompent le sang de leurs jeunes victimes.

Selon l'étude dirigée par Martin Krkosek, de l'université d'Alberta (Canada), les saumons sauvages qui migrent régulièrement dans les dizaines de cours d'eau bordant l'archipel Brougthon, ont diminué de près de 80 % depuis l'installation de l'aquaculture, au début des années 2000. En revanche, elles sont restées stables dans les rivières éloignées des fermes aquacoles. Les chercheurs affirment que si des mesures ne sont pas prises, les saumons sauvages pourraient disparaître de cette zone d'ici quatre générations.

Martin Krkosek avait déjà montré dans des études récentes que, dans l'archipel Broughton, l'aquaculture industrielle est à l'origine de la prolifération des poux de mer et de l'infestation des jeunes saumons sauvages. Cette fois, c'est en analysant les statistiques collectées depuis les années 1970 par le département des pêches canadien qu'il a mis en évidence un effondrement des populations de saumons sauvages dans les zones où sont installées les fermes aquacoles et une stabilité dans les zones éloignées.

Les firmes aquacoles et les experts institutionnels de la côte ouest canadienne contestent depuis le début, le bien fondé des travaux de Krkosek, expliquant notamment que les poux de mer sont naturellement présents dans l'eau de mer et qu'ils parasitent les saumons adultes. Il semble toutefois que les juvéniles résistent beaucoup moins bien que leurs aînés et qu'ils s'infestent en grand nombre juste après avoir dévalé les rivières de leur naissance.

En Norvège, premier pays producteur de saumon d'élevage, la problématique a sérieusement été prise en considération car, là aussi, il y a des saumons sauvages et de la pêche sportive qui génère un gros chiffre d'affaires. Dans les fjords, au moment de la reproduction, la réglementation oblige les aquaculteurs à compter, une fois tous les quinze jours, les poux dans les cages. «S'il y a plus d'un pou pour deux poissons, des traitements sont entrepris et les cages sont isolées, explique Johan Kvalheim, représentant à Paris du Centre des produits de la mer de Norvège. En 2006, nous avons utilisé seulement 347 kg d'antibiotiques alors que nous avons produit 600 000 tonnes de saumons d'élevage.»


L'aquaculture, une activité sous haute surveillance

«Le problème est maîtrisé dans les autres régions aquacoles», assure également Guillaume Blanc, de l'école vétérinaire de Nantes. Comme d'autres experts canadiens, il estime que l'effondrement des populations de saumons sauvages en Colombie-Britannique peut être dû à d'autres causes, comme la surpêche, les pluies acides, les pollutions ou l'augmentation de la température de l'eau. Ce n'est pas l'avis de l'océanographe des pêches Daniel Pauly, de l'université de Colombie-Britannique : «On veut nous faire croire que l'aquaculture est viable, mais on sait que son impact sur les poissons sauvages est considérable.» Les élevages de poissons carnivores, comme le saumon, consomment en effet, de grosses quantités de farines de poissons issus de la pêche.

L'aquaculture reste néanmoins une activité sous haute surveillance. Le long des côtes du Chili, deuxième producteur mondial de saumons d'élevage derrière la Norvège, une épidémie d'anémie infectieuse du saumon a été signalée le mois dernier dans deux fermes aquacoles (Intrafish, décembre 2007). Fatale aux poissons d'élevage, elle peut être transmise à certaines espèces sauvages.

http://www.lefigaro.fr

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