Animal 0 Posté(e) le 5 janvier 2008 Le samedi 05 janvier 2008 Chasse aux bélugas: les Inuits souhaitent une hausse des quotas Lors de la dernière saison de chasse, 249 bélugas ont été récoltés au Nunavik, soit 45 de plus que le quota permis. Photothèque Le Soleil Ian Bussières Le Soleil Collaboration spéciale Québec Les Inuits du Nunavik souhaitent voir augmenter de 204 à au moins 300 prises par année les quotas fixés par Pêches et Océans Canada pour la chasse au béluga sur les côtes du Grand Nord québécois. «Ça fait plusieurs années que le débat dure. Nous ne sommes pas d’accord avec les analyses gouvernementales qui disent que le béluga est une espèce menacée dans le secteur», indique M. Pita Aatami, président de la société Makivik, qui veille aux intérêts des Inuits et à la défense de leur mode de vie. Makivik a récemment investi quelques milliers de dollars afin d’acheter des caméras qui seront installées dans six localités côtières du Nunavik afin de filmer les grandes populations de bélugas observées dans le secteur. Preuves «Nous voulons prouver au gouvernement ce que les chasseurs d’ici nous rapportent, soit qu’ils n’ont jamais vu autant de bélugas dans leur vie! Les gens de Pêches et Océans Canada prétendent que plusieurs bélugas ne sont qu’en migration en région alors qu’ils sont ici à l’année», explique M. Aatami. Lors de la dernière saison de chasse, 249 bélugas ont été récoltés au Nunavik, soit 45 de plus que le quota permis. «Nous croyons que les quotas sont exagérément bas», poursuit-il. Les Inuits chassent le béluga au harpon et à la carabine non pas pour en faire le commerce, mais pour s’en nourrir. Chacun de ces mammifères marins de plus d’une tonne produit 400 livres de viande, sans oublier les pièces de peau et de graisse avec lesquelles les Inuits préparent un plat traditionnel appelé maktak. Étant donné les besoins en nourriture des Inuits et la rareté des autres espèces animales, M. Aatami estime qu’un quota annuel de 300 bélugas serait acceptable. «Avec les quotas actuels, on voit de plus en plus de chasseurs qui cachent leur prise et ne la partagent qu’avec les membres de leur famille plutôt qu’avec toute la communauté comme c’était le cas auparavant», souligne-t-il. Éliminer les quotas Paulusi Novalinga, président de l’association de chasseurs et trappeurs Anguvigaq, va encore plus loin : il souhaite l’abolition complète des quotas de chasse au béluga, estimant que l’espèce n’est plus menacée au Nunavik. «Il y a suffisamment de bélugas pour éliminer les quotas. En fait, nous estimons qu’il y a plus de bélugas au large du Nunavik qu’ailleurs au Canada. Au Nunavut, il n’y a aucune restriction et les chasseurs de là-bas traquent les mêmes populations de bélugas que nous, à seulement trois heures de bateau des endroits où nous chassons», explique-t-il. M. Novalinga craint de voir les quotas de chasse diminuer à nouveau en 2008 en raison de la surchasse de 2007. «Dans un tel cas, nous ne respecterons tout simplement pas les quotas si Pêches et Océans Canada est incapable de comprendre le bon sens», conclut-il. Huit communautés délinquantes Huit des quinze communautés inuites du Nunavik ont dépassé leur quota de chasse au béluga en 2007, une situation qualifiée de très problématique par Pêches et Océans Canada. «C’est dans le détroit d’Hudson que la situation est la plus préoccupante puisqu’on estime qu’un béluga sur cinq qui y est chassé provient de l’Est de la Baie d’Hudson, où la population de bélugas est évaluée à moins de 4 000 comparativement aux quelque 70 000 spécimens répertoriés dans l’Ouest de la Baie d’Hudson», explique M. Patrick Vincent, directeur de la gestion ressource et des pêches autochtones à Pêches et Océans Canada. Trois des huit villages délinquants, Salluit, Kuujjuaq et Puvurnituq, ont dépassé leur quota de plus de 50 %. «Ces villages ont plus de difficulté à contrôler leurs chasseurs. Généralement, les villages de l’Est de la Baie d’Hudson et de l’Ungava sont plus compréhensifs», poursuit M. Vincent. Nourriture rare Ce dernier est conscient que la nourriture se fait plus rare pour les communautés autochtones situées près du détroit d’Hudson, qui ont moins accès aux autres espèces, comme le caribou, et comptent sur le béluga et le phoque pour leur nourriture. «Nous avons fait certains compromis lors de la dernière saison de chasse en permettant un quota de neuf bélugas pour la baie d’Ungava et de 23 pour l’Est de la Baie d’Hudson, deux territoires qui étaient fermés à la chasse depuis deux ou trois ans», explique Patrick Vincent. De 170 qu’il était en 2006, le quota de chasse au béluga a été augmenté à 204 pour l’ensemble du Nunavik avec une baisse de 125 à 120 pour le détroit d’Hudson. Le comité de gestion de Pêches et Océans Canada se réunira avec les Inuits les 29 et 30 janvier afin d’établir le plan de gestion de 2008. Ouverts «Nous sommes ouverts à la discussion et les caméras installées par les gens de Makivik devraient nous aider à obtenir des données supplémentaires, mais il faudra régler le problème de la surchasse», poursuit M. Vincent en indiquant que les analyses d’ADN, les données télémétriques et les observations aériennes établissaient que le béluga était menacé dans plusieurs secteurs du Grand Nord. «Les chasseurs du détroit d’Hudson croient qu’il y a plus de bélugas qu’il n’y en a vraiment dans leur secteur, car ils voient ceux de l’Ouest de la Baie d’Hudson qui passent par là durant leur migration», indique Patrick Vincent. «Si on réussissait à déterminer une période où la migration des bélugas de l’Est de la Baie d’Hudson est terminée et durant laquelle il ne reste que ceux de l’Ouest dans le détroit d’Hudson, on pourrait augmenter les quotas, peut-être même jusqu’au niveau de 300 souhaité par Makivik», conclut-il en soulignant qu’une abolition complète des quotas telle que demandée par certains chasseurs serait irréaliste dans le contexte de la loi sur les espèces en péril. http://www.cyberpresse.ca/article/20080105/CPSOLEIL/80104196/6787/CPSOLEIL Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites