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En 2050 serons-nous tous végétariens ?

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Une interview de l’anthropologue Annie Hubert, réalisée lors du Plateau du J’Go de décembre 2007


Le Plateau du J’Go de décembre 2007 était consacré au thème "Que mangerons-nous en 2050 ?". Au menu de cette émission sur l’alimentation et la société réalisée chaque mois par la Mission Agrobiosciences et diffusée sur les ondes de Radio mon Païs : revue de presse, revue littéraire, chroniques et entretien avec la célèbre anthropologue Annie Hubert, fine observatrice de l’évolution de la relation que les hommes nourrissent envers leur alimentation. Nous lui avons donc demandé de dresser le portrait de l’omnivore de 2050 : il sera beaucoup plus végétarien, affirme l’anthropologue mais, que l’on se rassure, le métissage culinaire sera d’actualité tout comme le plaisir de manger, faute de quoi notre société serait en danger.
(...)

Il y a aura donc toujours des aliments, mais je crois que vous nous voyez, dans l’avenir, un peu plus végétariens...


Oui, généralement et sans caricaturer, je nous vois même quasiment herbivores. Car lorsqu’on regarde les tendances actuelles en Occident, il y a une nette augmentation de la consommation de végétaux que ce soient les fruits, les légumes ou les céréales. Nous en consommons beaucoup plus que nos arrière-grands-parents paysans en Lozère.


Parce qu’ils sont davantage disponibles sur les marchés ?

Oui, et parce que les prix sont encore à peu près accessibles. Il ne faut pas oublier que c’est l’essor économique qui a permis cette diversification des aliments. Rappelons aussi que ce sont les légumes du potager considérés de basse classe par d’autres générations qui sont aujourd’hui très importants sur nos tables. Certes, on tombe, là, quelque peu dans le diktat du PNNS (2), « il faut manger ci, il faut manger ça ». Ça me fait penser à votre petite fiction : si on a un pouvoir médical qui veut tout doser, on pourrait arriver - j’exagère beaucoup- à ce genre de situation où un menu serait une ordonnance médicale. Mais je n’y crois pas vraiment. Je crois beaucoup plus au fait que nous allons vers une grande consommation de légumes, une moindre consommation de viandes, peut être une moindre consommation de poissons parce qu’il y a quand même sur-pêche. Je ne sais pas si, dans 50 ans, les pêcheurs pourront encore pêcher. Et puis ce qui se développe aussi et qui est très récent qui a commencé dans les pays anglo-saxons dans les années 60, c’est cette préoccupation croissante pour le bien-être animal. On ne veut plus faire souffrir les animaux. Si on les mange, il faut qu’on mange des animaux heureux.


Vous avez justement imaginé, autour de cette idée que nous mangerons plus de végétaux et surtout moins d’animaux, trois scénarios culturellement possibles...

Tout à fait. Dans le premier scénario, j’ai poussé le végétalisme jusqu’à son paroxysme. Nous formerons une société où l’omnivore vivra chez les animaux citoyens. Car dans ce premier modèle, les animaux sont des citoyens et ils ont des droits. Il faudra vérifier leurs codes de naissance, leur donner une identité personnelle, parce qu’un animal est un individu. Il n’y a plus de troupeaux de vaches, mais des Marguerite, Suzanne et Lilas. Et c’est pareil pour les cochons et les agneaux. L’animal sera là pour être heureux, pour gambader dans la nature et dormir en des endroits appropriés... et c’est tout. On n’y touche pas, ce n’est plus possible, mais on s’en occupe beaucoup. Peut-être, pourrons-nous manger les œufs et boire le lait, mais je n’en suis pas sûre. Ainsi, des politiques très totalitaires pourraient également interdire de priver ces animaux de leurs œufs, leur lait, uniquement destinés à leur propre reproduction et allaitement. Nous sommes donc devenus des herbivores et nous sommes les valets des animaux. Rolling Eyes

Le second scénario est plus près de la réalité. Nous acceptons de manger de la viande, car nous avons besoin de protéines animales, mais cela nous gêne de le faire si les animaux sont élevés en batteries et sont maltraités. Nous projetons tellement notre anthropomorphisme sur eux que ça nous fend le cœur de tuer un agneau. Nous allons donc faire en sorte d’avoir des élevages très au point où les animaux sont heureux dans leur propre milieu, ne sont pas attachés, sont nourris naturellement avec des nourritures qui leur sont propres, etc. au bout d’un moment on pourra les consommer, mais avec des méthodes d’abattage absolument sans douleur, sans attente, dans des circonstances quasiment hospitalisées. Alors on pourra manger un peu de ces viandes, de ces chairs d’animaux heureux, sans culpabiliser d’avoir fait souffrir ces animaux. Rolling EyesRolling EyesRolling Eyes Cela dit on mangera beaucoup plus de légumes, car on ne va pas tuer des animaux tous les jours.

(...)


Quel avenir pour l’omnivore de 2050 ? Serons-nous tous végétariens ?
www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=2271

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La pauvre ne peut concevoir qu'il ne se mange plus d'animaux, alors, pour se déculpabiliser un peu d'en manger encore, elle dit qu'ils seront euthanasiés.

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