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Caro18

Quand on a du panache

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Quand on a du panache

Serge Côté
Journal de Québec
Dimanche, 21 octobre 2007

En fin de semaine dernière, nous sommes allés fermer le chalet pour l'hiver. Incroyable comme le paysage d'automne en haute Mauricie est de toute beauté. Les rouges, verts, jaunes et orangés enflamment les montagnes. Et lorsque le temps est calme et que tout cela se dédouble dans l'eau, c'est tout simplement divin.

Et puis vint la vision d'horreur : une tête d'orignal sur la cabine d'un pick-up, d'un gros pick-up.

Vous auriez dû voir ça au poste d'essence. Des camions de toutes sortes. Des gars en "habits de bois", la barbe pas faite. Certains avaient déjà plusieurs bières dans le corps. Évidemment, il y avait aussi des chasseurs sobres, au comportement correct qui ne hurlaient pas dans le dépanneur.

Mais les autres... Fous comme de la merde, rêvant d'un panache. Une fin de semaine de "gars", avec des sandwiches et de la bière en masse. Certains de mettrons même pas les pieds hors du camp de chasse. Au moins ils ne feront pas de dégats!

Je me suis demandé ce qui pouvait pousser quelqu'un à vouloir tuer une telle bête. Il y a des dizaines d'années, des pères de famille devaient chasser et pêcher pour assurer à leur famille une bouffe abondante, parce que leur salaire ne le permettait pas s'ils voulaient assumer les autres responsabilités.

Les familles encruchonnaient le lièvre, l'orignal, la perdrix et la truite. On mangeait ces prises sous toutes les formes imaginables, à un point tel qu'aujourd'hui, plusieurs enfants de cette époque ne peuvent plus manger de nourriture sauvage. Ils en sont saturés.

Au moins, les buts étaient généralement nobles. Sauf dans le cas des Américains fortunés qui venaient chasser sur leurs clubs dans le nord du Québec, simplement pour le plaisir. Ils avaient des guides qui s'occupaient de tous les besoins de ces petits messieurs. Il y avait des servantes qui faisaient la bouffe et assuraient l'entretien ménager. Il arrivait même que les guides allaient chasser et ramenaient une proie. L'Américain pouvait repartir avec le panache, qu'il accrocherait bien en vue, semant l'étonnement et l'admiration.

Aujourd'hui, on mange peut-être l'orignal et le chevreuil par goût, mais certes pas par besoin. Alors qu'est-ce qui motive les chasseurs?

Le fait de passer une fin de semaine de "gars" n'est pas étranger au goût de chasser. Préparer tout le stock, vérifier et vérifier encore s'il ne manquerait pas quelque chose, faire l'épicerie et aller à la Société des alcools... Embarquer le tout dans la boite du camion avec le VTT, après avoir vérifié une autre fois si tout y était. Aller chercher un ou des copains. Se compter des pipes pendant le voyage. Tout "ranger" dans le chalet (pas question de ranger comme on le fait à la maison parce que la conjointe chiâle...). Préparer un repas (sandwich au beurre de peanut et gin) en prenant quelques petites bières. Quelle vraie vie!

Mais tout ça n'explique pas que ce besoin des chasseurs s'exprime bien souvent seulement pendant la période de chasse. Pourquoi ne pas faire tout cela (sauf chasser) en d'autres moments?

Et c'est là qu'on met le doigt sur la véritable motivation du chasseur : tuer!

Faire plier l'échine aux animaux est un bon moyen de se revaloriser, de se prouver qu'on est un "mâle" tout ce qu'il y a de plus mâle. Pas grave si on peut tirer avec précision à des distances faramineuses et que l'animal n'aura aucune chance. Une fois qu'il est par terre, agonisant ou déjà mort, on peut admirer son oeuvre.

Quelques heures plus tard, la bête sera dans la boite du pick-up, mais la tête sera sur le capot ou la cabine. "Regardez, je suis un vrai gars"...pour une fin de semaine!


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Chasse et tolérance
Réponse à l'article de Serge Côté paru dans le Journal de Québec du dimanche, 21 octobre 2007.
Je n'arrive pas à décider si votre chronique, M. Côté, est un billet d'humeur où vous étalez vos états d'âmes ou un texte humoristique auquel on ne saurait accorder aucune crédibilité. Le fait est que vos derniers propos, parus dans l'édition de dimanche, sont offensants pour les chasseurs qui ne demandent qu'à pratiquer leur activité sans être ridiculisés. Il ne m'a pas échappé que, le temps d'une ligne, vous constatez qu'il existe des chasseurs au comportement plus qu’acceptable. Néanmoins, après avoir exprimé votre dégoût personnel à l'endroit de quelques fêtards et de leur trophée, vous étendez votre suspicion aux motivations de tous les chasseurs. Vous en profitez pour lancer quelques âneries, comme celle voulant que des personnes soient dégoutées de la viande de chasse "pour en avoir trop mangé", alors qu'on sait bien qu'il ne s'agit là que d'un menu saisonnier qui n'a pas servi d'alimentation de base depuis plus d'un siècle. Si vous vous étiez interrogé sur le goût que les chasseurs ont pour la viande sauvage et pour le défi de ramener soi-même son gibier, vous auriez pu, M. Côté, faire des découvertes. Vous rendre compte que la chasse est de plus en plus une activité familiale. Que le quart du recrutement des chasseurs se fait auprès des femmes. Que la chasse est un outil de gestion nécessaire pour contrôler les accidents routiers et les dommages agricoles et forestiers causés par la faune, en plus d’être un apport économique important pour les régions. Que le défi y est toujours présent, puisque loin de ne laisser aucune chance à l'animal, et en dépit des moyens modernes, trois chasseurs sur cinq reviennent bredouille d'une chasse au gros gibier (ce que confirment les statistiques). En cette époque qui prône la tolérance et la compréhension, vous auriez pu interroger des chasseurs sur leurs motivations et découvrir une façon d'apprécier la nature qui vous est étrangère. Vous avez préféré ressasser de vieux clichés anti-chasse du haut de votre tribune avec l'assurance de celui qui sait. Vous jugez ainsi les centaines de milliers de chasseurs de gros gibier au Québec. J'ai pourtant cherché, M. Côté, un point d'ironie, un geste d'humour, dans votre chronique. Votre fausse indignation, comme celle de tous les mangeurs de viande qui méprisent la chasse, est à pleurer.

Testostéronement vôtre,

Geneviève Clavet
Responsable des relations publiques
Fédération québécoise de la faune
http://www.fqf.qc.ca/nouvelles.php?id=396

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Bravo à Monsieur Côté et BOU à la femme aux testostérones ! bad

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