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Portrait - Le pirate de l'Antarctique

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31/01/2008 N°1846 Le Point

Portrait - Le pirate de l'Antarctique


Comme chaque hiver, Paul Watson traque les baleiniers japonais dans l'Antarctique pour les éperonner. Depuis trente ans, le patron de Sea Shepherd multiplie les actes de piraterie sur toutes les mers du globe. Et, dès cet été, en Méditerranée.




Frédéric Lewino

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Classez Autrefois, le cruel Barbe-Noire terrorisait les navires de Sa Gracieuse Majesté dans les Caraïbes. Aujourd'hui, le terrible Captain Paul Watson écume les eaux de l'Antarctique pour éperonner les baleiniers japonais. Si le premier ne pensait qu'au butin, le second ne jure que par la protection des cétacés. Mais tous deux sont des pirates de la pire espèce. Même connaissance intime de la mer, même témérité au combat et même absence de scrupules. A 38 ans, Barbe-Noire fut tué sabre à la main sur le pont de son navire ; à 57 ans, Paul Watson poursuit inlassablement sa lutte pour que cesse l'actuel Pearl Harbor des baleines. « J'accepte d'être traité de pirate, mais un pirate de la compassion aux trousses des pirates avides de profits ! répond-il au Point depuis son navire, le "Steve Irwin". Néanmoins, j'agis conformément à la charte des Nations unies pour la nature qui autorise les individus et les groupes à intervenir contre les activités illégales. » Autant dire que son interprétation n'est pas partagée par tous !

Ce Canadien, membre fondateur de Greenpeace puis de Sea Shepherd, pose volontiers en uniforme de capitaine largement galonné. Un brin mégalo, certainement parano, à la fois despote et philosophe, mais aussi violent et poète, ses combats homériques l'ont rendu légendaire. Le biologiste Carlos Perez, de l'association Oceana, qui embarque parfois sous ses ordres, explique pourquoi il fascine : « Le monde a désespérément besoin d'hommes comme lui. Il nous rappelle que les crimes environnementaux se déroulent devant nos yeux et que nous ne pouvons pas juste rester à en parler, attendant que tout soit perdu. Il nous fait nous sentir suffisamment braves pour nous lever et nous opposer aux crimes contre la nature. »

Même s'il arbore désormais une tignasse d'écume et une bedaine de cétacé, Captain Paul Watson, tel Nemo, dirige d'une poigne de fer un équipage de 34 volontaires, hommes et femmes. « Sa stratégie est celle de Ben Hur », confie Mathieu Mauvernay, 33 ans, créateur du bureau français de l'organisation (www.seashepherd.fr). Il a installé un éperon télescopique appelé l'ouvre-boîte, avec lequel il perce les coques ennemies. La voie d'eau oblige les baleiniers à rentrer au port. » Le 9 janvier 2006, Mauvernay était à bord du « Farley Mowat », l'un des trois navires de Paul Watson, quand celui-ci tenta d'éperonner l'« Oriental Bluebird ». Mais l'ouvre-boîte fut endommagé durant la bataille. Plus tard, Watson dut rompre la joute pour partir à la recherche d'un de ses dinghys égaré.

Cet hiver, le capitaine Paul Watson a trouvé son premier baleinier japonais le samedi 12 janvier, après plusieurs semaines de recherche. Branle-bas de combat ! Fini les parties de cartes et les discussions philosophiques. Mais, avant de commander l'abordage, le rusé pirate a l'idée d'envoyer deux émissaires à bord du vaisseau ennemi, pour remettre à son commandant un message dans lequel il lui demande de cesser de violer la loi internationale qui interdit la chasse aux espèces menacées dans un sanctuaire marin. A peine montés à bord, les deux écologistes sont assaillis et enchaînés par les marins japonais. Les idiots ! Watson n'attendait que cela pour envoyer son hélico photographier la scène et dénoncer une prise d'otages illégale.

Quand les baleiniers l'appellent par radio pour l'inviter à récupérer ses hommes, il refuse de les écouter. « Je ne négocie pas avec des terroristes », répond-il avec délectation. Au bout de quarante-huit heures, les Japonais finissent par remettre les deux écologistes aux gardes-côtes australiens. En venant récupérer ses hommes, Watson perd de vue la flotte nippone. Qu'importe, il pense pouvoir compter sur l'« Esperanza », le navire de Greenpeace resté au contact de l'armada ennemie, pour le renseigner. Mais celle-ci refuse de lui fournir sa position. C'est que les deux organisations écologiques entretiennent un lourd contentieux. Greenpeace condamne les méthodes brutales de son ex-fondateur qui ne feraient, selon elle, que braquer les japonais contre les écologistes, les renforçant ainsi dans leur volonté de manger de la baleine. En présence de la flottille nippone, la stratégie de l'« Esperanza » se borne à envoyer des dinghys entre le baleinier et l'animal traqué, et à déployer des banderoles s'adressant à l'opinion japonaise pour la convaincre du mal qu'il y a à tuer et à manger de la baleine. Qui, de Greenpeace ou de Sea Shepherd, a raison ?

En tout cas, la méthode expéditive et efficace du capitaine Paul Watson plaît de plus en plus. « Depuis que nous arborons le pavillon des pirates, du monde entier des mômes nous écrivent pour nous soutenir », écrit-il. A Hollywood, il a séduit Martin Sheen, Pierce Brosnan, Sean Penn et le groupe de rock Red Hot Chili Peppers, qui figurent parmi ses plus ardents supporters et mécènes. Jusqu'au dalaï-lama qui lui a remis un certificat de soutien !

Aussi, le vieux pirate n'a pas l'intention de jeter l'ancre définitivement. En tout cas, pas avant « la création d'une police maritime internationale chargée de faire respecter les lois de conservation en haute mer. Le jour où un tel corps existera, Sea Shepherd se sabordera ». Ce n'est pas demain la veille. Comme Barbe-Noire, le Captain Paul Watson peut s'attendre à mourir les armes à la main. Il en est capable, le bougre !

http://www.lepoint.fr/actualites-sciences-sante/le-pirate-de-l-antarctique/1055/0/221553

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