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Bon repos, marins!

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Ah la la ! Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Rolling Eyes


Bon repos, marins!



Jean Lemire

La Presse

Bon repos, marins! Il y a des jours où la vie nous apparaît plus sombre qu'à l'habitude. Il y a des jours où la vie s'exprime pour nous rappeler que nous sommes tout petits devant la force des éléments. Il y a des jours, et des nuits, où le deuil vient assombrir nos vies de façon injuste, inexpliquée.

La semaine dernière, la mer et la glace sont venues chercher des marins d'expérience, au large de la Nouvelle-Écosse. Ils ont été happés par la vie, engloutis par une mer qui, parfois, devient intraitable et sans pitié. Une mer qu'ils avaient pourtant appris à aimer et à respecter. Les marins disparus étaient Madelinots. Fiers et attachants, ils vivaient par et pour la mer. Ils aimaient leur métier. Ils étaient de vrais marins, comme tous les Madelinots. Il y a ceux et celles qui prennent la mer pour en vivre, mais il y a aussi tous les autres, les marins d'âme, qui attendent au quai, qui aiment et aident les autres, comme une famille aux liens tissés aussi serrés que les mailles d'un filet. Eux aussi, aujourd'hui, vivent le deuil, car tous les Madelinots sont marins.

Famille adoptive

Cette communauté, je la connais bien. Famille adoptive du Sedna IV, les Madelinots m'ont accueilli, et je les ai choisis pour leur sens communautaire extraordinaire, pour les valeurs profondes de ces insulaires, pour cette eau salée qui coule encore et toujours dans leurs veines.

Si vous avez connu les Madelinots, vous savez de quoi je parle. Quand le deuil frappe quelques familles, ce sont tous les Madelinots qui ressentent la douleur. Sur les quais, dans les chaumières aux couleurs vives comme le printemps ou dans les écoles, ils sont tous des victimes de la tragédie. Pas besoin d'être un proche pour ressentir la douleur.

Les Madelinots sont des marins d'âme et, aujourd'hui, l'âme des Madelinots souffre à faire jaillir les flots. Des flots d'eau salée comme la mer, que les paupières gonflées par l'épreuve n'arrivent plus à retenir.



Respect



Le jour de la tragédie, tous les bateaux ont décidé de rentrer aux Îles. La grande famille venait de perdre des fils. Le combat pour la défense de leurs droits était terminé. La chasse aux phoques allait devoir attendre.

Dans cette épreuve, j'espère que les médias et les groupes antichasse sauront respecter le deuil. Qu'ils rentreront eux aussi, que le combat médiatique pour la défense des valeurs des clans sera mis de côté. Pas besoin d'en rajouter. Pas cette année. The game is over. Inutile de profiter de la situation pour essayer de faire valoir ses arguments ou d'obtenir des gains sur ses positions. Des marins sont morts. Des marins fiers de ce qu'ils étaient, des pêcheurs et des chasseurs de phoques. Leurs convictions n'ont pas à être remises en question. Pas aujourd'hui, pas maintenant. Des hommes sont tombés au combat. zut Un combat qu'ils défendent, une lutte à laquelle ils croient. L'heure n'est pas à la discussion de leurs choix, de leurs valeurs ou de leurs croyances. L'heure est au respect et au recueillement pour toute une communauté endeuillée par la vie.

Il faut avoir vécu le printemps aux Îles-de-la-Madeleine pour comprendre leur attachement à la mer. En mars, on prépare enfin les bateaux, on sort d'une dormance hivernale imposée pour reprendre goût à la vie. L'iode de la mer embaume les villages, et ça sent le bonheur sur les quais. Le printemps, aux Îles, marque le retour du sourire des marins.

Pourtant, chaque année, nombre de pêcheurs des Îles acceptent de partir à la guerre. Sur la banquise et dans les médias, les marins défendent leur droit de chasser le phoque. Ritournelle de printemps, les clans s'opposent à force inégale. D'un côté, les chasseurs, des hommes de la mer et leur franc-parler. De l'autre, les opposants à la chasse, avec leur arsenal médiatique bien rodé, leurs vedettes internationales, leurs hélicoptères et des moyens financiers démesurés.


Trêve



Cette année, il ne s'agit plus de savoir qui a tort ou qui a raison. Cette année, un drapeau blanc flotte sur la banquise. Pas parce que les convictions des uns ou des autres ont changé, mais plutôt parce que la nature est venue s'interposer dans l'annuel combat des idées. Par respect, une trêve est nécessaire. Au nom des familles de ces marins disparus, je vous le demande: opposants à la chasse aux phoques, rentrez chez vous! Il y a d'autres façons d'exprimer votre point de vue, de combattre ce que vous croyez être une noble cause. Malgré une mécanique bien huilée et des investissements importants dans votre campagne annuelle de lutte pour le droit des animaux, respectez le deuil, en silence, et pliez bagage.

J'ai une peur bleue de la mer quand elle se fâche. Je deviens blanc de peur quand la glace menace notre voilier. Dans plusieurs de nos expéditions, j'ai ressenti la peur. Combien de situations imprévues, de hasards et de circonstances qui sont venus transformer une navigation agréable en aventures périlleuses. En mer, il en faut peu pour menacer la vie: une pièce d'équipement défectueuse, un morceau de glace en dérive, une fausse manoeuvre ou une négligence. Il n'y a pas de bons ou de mauvais marins. Éric Tabarly, un des grands marins de tous les temps, a perdu pied une nuit, au large. Personne ne l'a plus revu. Combien de fois ai-je vu la mort nous frôler? Tous les marins ont vu la mort filer la coque de leur bateau, un jour, une nuit, quelque part. Il y a ceux qui ont de la chance et qui s'en tirent. Et il y a ceux qui, injustement, s'endorment à tout jamais dans les flots d'une mer qu'ils ont appris à aimer. Dans ces conditions, mourir dans les bras de celle que l'on aime n'est qu'une bien mince compensation, mais la vie est ainsi faite: de hasards, d'injustices et de sacrifices. Le temps et le courage de ces fiers insulaires sauront panser les plaies, profondes, mais nous ne vous oublierons pas. Bon repos, marins!

http://www.cyberpresse.ca/article/20080406/CPENVIRONNEMENT/804060328/6108/CPENVIRONNEMENT

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Depuis des années un drapeau rouge sang flotte sur la banquise en mémoire des phoques massacrés!

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Oh! ! Capitaine ! Ils sont en train d'en faire des héros de la Nation !
Oh ! On charie un peu fort là, Jean Lemire ! Certes, une trêve est nécessaire, celle d'arrêter de débiter vos conneries !

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