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Caro18

Des phoques, des chiens et un héron

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Des phoques, des chiens et un héron

Enfin un journaliste avec des couilles! thumleft

Pierre Foglia

La Presse

pierre.foglia@lapresse.ca

J'ai lu les textes sur les chasseurs de phoques (dont celui, samedi, de mon collègue Patrick Lagacé), j'ai écouté les commentaires sur la chasse aux phoques, me semble avoir tout compris en particulier combien la chasse aux phoques était indispensable à l'industrie des porte-clés en peau de bébé phoque, je pense avoir tout compris, disais-je, mais je pose la question quand même pour être plus sûr:
Ai-je encore le droit, après la tragédie qui a coûté la vie à quatre chasseurs de phoques d'être contre le débile massacre des bébés phoques sur la banquise? (OK, OK, pas des bébés, quelques semaines de plus).

Le sujet était déjà patriotique avant cet accident, nous voilà maintenant avec des martyrs. Dites-le-moi si vous êtes sur le point de me retirer mon passeport canadien? Je peux parler d'autre chose, ce ne sont pas les bonnes nouvelles qui manquent: le printemps est arrivé; Nathalie Simard est partie; M. Gore aussi, Jean Lemire ne repartira pas (en expédition) tout de suite; les crocus sont sortis, oui, oui, ce matin...

Ma question c'est juste ça: ai-je encore le droit d'être contre la chasse aux phoques?

Avant qu'on m'accuse d'insensibilité, je tiens à dire que cet accident de chasse m'a attristé comme m'attristerait n'importe quel autre accident de chasse. Si j'entends au téléjournal qu'une collision dans le parc de La Vérendrye entre un camion et une voiture à bord de laquelle se trouvaient quatre chasseurs d'orignaux a fait quatre morts, je n'applaudis pas, je ne dis pas: «Youppi, 4-0 pour les orignaux.»

En règle générale, quand quelqu'un se tue dans un accident, je ne me demande pas où il était allé. Je ne réagis pas différemment s'il était allé voir sa vieille mère à l'hôpital ou s'il était allé aux putes. Même chose pour ceux qui meurent à la guerre. Je suis contre l'intervention américaine en Irak. Mais quand quatre soldats américains sautent sur une mine à Bagdad, je trouve ça triste... Tout en restant convaincu de l'inutilité de cette guerre et de quelques autres.

Résumons-nous.

Je trouve triste l'accident qui a coûté la vie à quatre pêcheurs madelinots.

Je continue d'être contre le massacre des bébés phoques sur la banquise. OK, OK, pas des bébés, quelques semaines de plus.

Je ne crois pas que les phoques soient responsables de l'épuisement des bancs de morue. C'est la surpêche des pêcheurs de morue qui a épuisé la ressource, pas les phoques.

Je ne crois pas non plus aux prétextes commerciaux d'une chasse à un animal dont la chair est sinon impropre à la consommation, pas très ragoûtante. Je crois par ailleurs que l'humanité pourrait très bien survivre sans manteau et sans porte-clefs en loup-marin. Bref, je crois que cette chasse (subventionnée) est toute dans le plaisir de l'expédition, de la chasse... et de la subvention. Non, ce n'est pas un crime. Mais qu'on le dise.

Je ne suis pas contre la chasse en général. Je suis contre l'abattage.

Je ne suis pas contre la chasse en général. Je suis contre l'idée d'une chasse patriotique: nous les Canadiens-pas-moumounes contre le reste du monde qui ne comprend rien à la joie d'éclater le crâne d'un phoque sur la banquise. Après tout, calice, c'est notre banquise.

D'AUTRES BÊTES - Vous ne vous souvenez probablement pas de Roseline. Une petite histoire que je vous ai racontée l'été dernier. Roseline était ce bébé wapiti née orpheline d'une mère qui avait trop souffert pour la mettre au monde et l'avait reniée aussitôt née, l'associant à sa douleur. Cela arrive assez couramment chez les vaches (et parfois chez les humains).

Roseline fut donc élevée au biberon et devint familière avec les humains. À l'automne, c'était une magnifique demoiselle aux grandes pattes graciles, elle me faisait la fête quand j'arrêtais pour la saluer, pleine de petits cris et de finesses. Cela se passe à l'élevage Val-Grand-Bois sur un des mes plus beaux parcours de vélo. Je repassais par là pour la première fois samedi, j'arrête pour voir Roseline. Pas de Roseline. J'appelle: «Roseline?»

- Elle est morte, me dit Germain qui sortait de l'enclos.

- Morte?

- Égorgée.

- Des coyotes?

- Non, deux chiens. Ils étaient encore dans l'enclos quand on est arrivés. Ils avaient une médaille, on connaît le proprio. Elle était si innocente, si peu méfiante, qu'elle a dû se précipiter à leur rencontre pour jouer...

Parce que j'en avais parlé dans cette chronique, vous étiez quelques-uns à arrêter à l'enclos de Germain et Francine pour faire une caresse à Roseline. Et Germain a bien peur de passer l'été à raconter à tout un chacun cette histoire qui l'amène chaque fois au bord des larmes. Alors, voilà, si vous arrêtez dans les mois qui viennent à la boutique, évitez de parler de Roseline. Vous pouvez parler de moi à la place: «Comment va M. Foglia? Les chiens ne l'ont pas encore égorgé?»

D'AUTRES CHIENS - Méfiez-vous, me dit le douanier américain en me rendant mon passeport, Si vous tournez vers le lac Carmi, juste avant l'église, à droite, il y a une meute (a bunch) de chiens féroces...

Je ne comprenais pas son petit sourire, comme s'il me faisait une blague.

Deux milles plus loin, avant l'église, dans la cour d'une modeste maison, sept chiots âgés de quelques semaines crapahutaient partout. La maman, une bâtarde efflanquée, trônait comme une reine au milieu de la cour. Je me suis arrêté. Une petite fille avec des lunettes est arrivée en courant: «En voulez-vous un?»

J'ai montré celui qu'elle tenait dans ses bras:

- Peut-être celui-là?

- Non, non, celui-là, je le garde.

- Celui-là ou rien.

- Rien d'abord.

- Tant pis.

La montée du lac Carmi et retour vers Franklin par les fermes aux silos bleus, mon chemin secret jusqu'à Highgate, un autre chemin secret qui traverse un marais si inquiétant qu'on dirait un bayou, un héron bleu a décollé presque sous ma roue. Il était encore là le lendemain quand j'ai refait le même parcours, les chiots aussi, et la petite fille avec des lunettes.

Et puis ce matin, dans ma propre cour, sur le talus à Picotte, les premiers crocus. Je vous jure, le printemps.

http://www.cyberpresse.ca/article/20080408/CPOPINIONS05/804080581/6730/CPACTUALITES

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Je lui ai envoyé un mot de sincères remerciements.

N'hésitez pas à faire pareil, question de l'encourager à peut-être récidiver !

Quel article génial, audacieux, qui fait changement, qui fait du bien ! ENFIN !!!!

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Super l'article!

Je viens de lui écrire... enfin un journaliste qui défend la cause thumleft
Ces temps-ci j'en voit pas assez...

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Oui en effet ! Ça fait du bien ! Je lui ai aussi adressé un mot de remerciements

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Est-ce que vous avez recu un mot de Foglia?

Le jeudi 10 avril 2008


Paroles et musique


Pierre Foglia
La Presse

(.....)

Hier soir, en revenant de ma virée à vélo, ma fiancée qui peut parfois être très, mais alors vraiment très très fine, m'a dit: je t'ai acheté un cadeau, devine...

J'ai droit à un indice? Où l'as-tu acheté?

Chez Canadian Tire.

Je me suis aussitôt fendu de mon premier vrai sourire de bonheur depuis vos niaiseries sur les phoques. Je sais mon amour: un ballon de basketball!

Special edition NCAA. Sur le carton il est écrit: Cannelures pour un summun de performance et un toucher supérieur. Fiancée, mon amour, on dirait qu'ils parlent de toi. Il est écrit aussi: Vessie en butyle-caoutchouc. Fiancée, mon amour, on dirait qu'ils parlent de moi.

Mais pourquoi Ferré?

Parce que je suis allé faire des paniers avec mon nouveau ballon et mon iPod. Et que c'est Tze nana qui jouait dans mon iPod, c'est dans la voix et dans le geste...

Et dans les mots qui font floutche.

LES PHOQUES - Je m'étais promis de ne pas y revenir quelle que serait l'énormité de vos clichés (ah le complexe de Bambi!) mais vous avez quand même réussi à me pomper sur un truc, et là vraiment, je ne m'y attendais pas: la leçon de cuisine!

Vous êtes plusieurs à me dire que, bien apprêté, c'est très très bon du phoque. Y'en a même un qui m'a dit que ça goûtait le thon.

Ben tiens! Le phoque goûte le thon à peu près comme la tarte aux fraises goûte la soupe aux poireaux, mais je ne me serais pas obstiné si votre leçon de cuisine ne s'accompagnait pas d'admonestations du genre: que diable. monsieur le chroniqueur, un peu de curiosité, un peu d'audace!

Je vous demande pardon?

J'ai grandi en des temps difficiles où notre quotidien tournait autour de la nourriture, et si finalement on n'en a jamais manqué, c'est bien parce qu'on mangeait tout ce qui pouvait se manger, de la tartine de saindoux, aux petits oiseaux qu'on piégeait dans la cour pour manger avec la polenta. Et des abats, beaucoup d'abats, même du poumon et de la rate, vous avez déjà mangé des tranches de poumon frit?

De cette période, il m'est resté une question qui n'a bien entendu plus rien à voir avec la survie mais avec la curiosité: est-ce que ça se mange? Question presque culturelle chez les Italiens et autres Européens de mon âge: est-ce que ça se mange? Notre première interrogation devant une nouvelle bestiole: est-ce que c'est bon à manger?

Est-ce que c'est bon à manger du phoque? Pas ben ben, m'ont répondu les Madelinots auxquels j'ai posé la question à chacun de mes voyages aux Îles. J'en ai mangé quand même. Au restaurant. Et chez des gens. Ils avaient raison: pas ben ben.

Mais c'est même pas ça. C'est de me faire dire par des Nord-Américains que je manque de curiosité et d'audace culinaires. Je ne le prends pas.

Dites-moi, fait combien de temps que votre matante Germaine mange des rognons, si elle en mange? Du lapin? De la pieuvre? De la raie? De la barbote? Du boudin? Des tripes?

Dans le Québec profond d'aujourd'hui, encore plein de gens ont dédain de l'agneau, pis vous me dites que vous allez mettre du phoque dans leur assiette?

Hé, vous devriez faire le festival de l'humour.
http://www.cyberpresse.ca/article/20080410/CPOPINIONS05/804100621/5026/CPDMINUTE

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