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Caro18

Hermann Nitsch : les portes de l’interdit

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10 avril 2008
Hermann Nitsch : les portes de l’interdit Mad


Équarrissages d’animaux, éviscérations, “communion” des officiants à l’aide des onctions sanglantes, piétinements, manipulations de viscères, de cervelle ou encore d’excréments … Hermann Nitsch et son “Théâtre des orgies et des mystères” nous invite à une descente crépusculaire pour une renaissance, “une aurore nouvelle”… Fondateur de l’Actionnisme viennois dans les années soixante, il n’a eu de cesse -malgré ses détracteurs et son emprisonnement pour outrage à la pudeur- d’”aller au bout”, de révéler au travers d’expériences cathartiques, la part maudite de l’homme. Dans le paysage vallonné de la Basse-Autriche, à l’entrée du village de Prinzendorf, un long mur de pierres contient le secret : le Château médiéval de Nitsch. Sous les combles sont exposées ses séries de tableaux où se mêlent le sang et la peinture. A l’étage, l’atelier de “l’ogre” (il ressemble à Barbe Bleu) où une paire de sabots couverts de peinture et de sang mêlés vous accueillent. C’est dans ce lieu imposant que Nitsch réalise depuis 1971 ses “cérémonies”. Il a installé, dans la chapelle du Château, un autel blanc dévolu à ses dieux de sang et de chair, sur lequel reposent des linges ensanglantés, des ciboires, des calices, des crucifix, mais aussi tout un matériel pharmaceutique, de la gaze à la seringue : les icônes d’une violence fondatrice.

L’art contemporain ne devient-il pas de plus en plus violent ?
Hermann Nitsch : La violence a toujours été au coeur de l’art. La Bible, l’Ancien et le Nouveau Testaments, la Passion de Jésus, Homère, les tragédies grecques … Il n’y a pas de tragédie sans violence et sans cruauté. La violence fait partie de la vie. Elle est dans la nature. Elle est nécessaire.

Votre démarche ne relève-t-elle pas d’une forme de sadisme ?
Hermann Nitsch : Mon Théâtre permet le réveil des nerfs, sollicite tous les sens du système nerveux. L’action poussée à bout, voilà ce qui définit mon théâtre. Il ne s’agit pas de pratiques sadiques. Ces mises en scènes convulsives et brutales ont pour but de raviver l’entendement. Le corps et l’âme sont indissolublement liés, la connaissance de l’un se fait par l’autre. Exorcisme et spectacle total. Pour se libérer de l’aliénation, une catharsis, une libération des énergies et des forces est nécessaire.

Un sentiment d’inquiétude domine…
Hermann Nitsch : Précisément, ce sont des tentatives inquiétantes, au sens étymologique, c’est-à-dire “pourvoyeuse d’interrogations”. Il s’agit de produire des formes, de structurer un chaos, d’exprimer une force en actes. Ces mises en scène visent au surgissement d’une volonté de jouissance. Le monde nocturne avec lequel je joue appelle des aurores qui n’ont pas encore lui.

Comment est né le”Théâtre des orgies et des mystères” ?
Hermann Nitsch : Quand j’ai commencé aux États Unis mes actions, j’ai eu un grand succès. La critique faisait référence à Antonin Artaud et son “théâtre de la cruauté”. A l’époque, je n’avais jamais lu Artaud. C’est aujourd’hui un frère pour moi. Nos origines sont toutefois différentes. Lui est imprégné des surréalistes, du Marquis de Sade, de Baudelaire et Rimbaud. Moi je viens de Nietzsche, de Freud, de Jung. Le théâtre, mélange de faux et de vrai, est le lieu privilégié pour l’avènement de l’énergie - une énergie qui vient du subconscient et, plus profondément encore, une énergie de la terre, de la nature - qui doit présider à une renaissance. J’aime les corps, j’aime les sens. Je ne crois pas à la séparation du corps et de l’esprit comme nous l’enseigne le christianisme. Dans la nature, tout se reproduit, tout se mêle. Il n’y a pas de matériel détaché du spirituel. C’est une même énergie, phénoménale. Mon travail est une grande fête de joie : la joie d’être là. Mon travail aime et célèbre la vie. Il respecte la mort car elle appartient à la vie. Mon travail n’est pas seulement caractérisé par la violence. Il y a une dimension esthétique. Une beauté comme dans la tragédie ou la musique de Bach. La douleur et la cruauté peuvent être très belles. Madaffraid

Poursuivre la lecture:
http://virginieluc.blog.lemonde.fr/2008/04/10/hermann-nitsch-les-portes-de-linterdit/

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