Caro18 0 Posté(e) le 6 juillet 2008 Chine et Russie : un marché porteur pour la fourrure sauvage du Canada Les temps évoluent. Si pendant près de 400 ans, l'Europe a été le premier acheteur mondial de fourrures sauvages canadiennes, aujourd'hui les trappeurs vendent davantage les produits de leurs chasses en Chine et en Russie, des économies en plein essor. Ne faut-il pas y voir également un effet secondaire du changement climatique ? Car il faut bien le dire, les rigueurs de l’hiver se font plus rares dans les zones dites tempérées, réduisant ainsi les occasions "offertes" aux dames pour se parer de tels atours. "Notre marché le plus important est sans l'ombre d'un doute la Russie et le deuxième la Chine", selon James Gibb, porte-parole de la "Fur Harvesters Auction" (FHA), une entreprise de North Bay, en Ontario, spécialisée dans les enchères de fourrure. La Russie - avec les Etats-Unis, le Canada et la Scandinavie - est l'un des principaux producteurs mondiaux de fourrures sauvages. Toutefois, l'offre ne suffit plus pour répondre à la demande en raison de la croissance vertigineuse de l'économie et des goûts de luxe des nouveaux riches. D'où l'intérêt de se tourner vers le Canada, réputé pour la qualité de ses peaux de castor, lynx, martre, loutre, ours et autres. Les trappeurs canadiens vendent leurs prises à des agents qui viennent récolter sur place la fourrure ou envoient directement les peaux à des entreprises comme la FHA ou la NAFA (North American Fur Auctions) qui organisent des ventes aux enchères attirant des acheteurs du monde entier, mais de plus en plus en provenance de Russie. Le raton laveur a été le clou des ventes du mois de janvier pour la NAFA. La Chine, de même que l’Europe, la Grèce en particulier, se sont livrées une vive concurrence pour l’offre de 100 000 peaux de raton. Si l’on compare janvier 2007 à janvier 2008, on s’aperçoit que, dans bien des cas, les prix des peaux de plus grandes tailles et de plus belles couleurs ont augmenté de 40%. L’activité accrue de la Chine pour cet article témoigne de la demande des détaillants en raton laveur nord-américain plutôt qu’en raton laveur chinois. Cela n’aurait été possible sans le vaste travail accompli par NAFA en vue d’introduire cet article sur le marché chinois depuis plusieurs années. La totalité des peaux de castor a été vendue, ce qui est encourageant et ce, à des prix satisfaisants pour toutes les peaux à poil long et de plus grandes tailles utilisées pour les bordures. En ce concerne le coyote, 40% des fruits de la nouvelle chasse ont été vendus, les peaux plus denses à des prix de 10 à 15 % inférieurs aux niveaux de janvier 2007, les chiffres d’affaire ayant régressé de 30%. Les prix des peaux de rat musqué, qui se sont vendues à des niveaux exceptionnellement élevés en janvier 2007, ont diminué de 50%. Cet article, dont la demande a diminué au cours de la saison de vente 2007, a connu des problèmes surtout après qu’une maison de vente aux enchères ait déchargé une quantité de ses peaux de rat musqué à plusieurs spéculateurs et ce à des prix très bas. Une quantité limitée de lynx roux s’est très bien vendue à prix élevés, ce qui témoigne du vif intérêt de l’industrie de la mode. Cet article sert principalement aux bordures de vêtements en vison. Les membres de la direction de la NAFA se rendront dans les marchés de la Chine, de Hong Kong, de la Corée, de Russie, de la Grèce, de la Turquie et de Dubaï au cours des quatre prochaines semaines. L'industrie de la fourrure sauvage fonctionne selon le principe suivant : les peaux brutes sauvages sont achetées en Amérique du Nord, puis envoyées en Chine pour en faire des manteaux. Ces manteaux sont ensuite réexportés en partie en Amérique du Nord, mais surtout en Russie. Car si au Canada, plusieurs entreprises ou artisans confectionnent des manteaux de fourrure sauvage, les coûts de la main d'oeuvre y sont plus élevés qu'en Chine. "La Chine est un grand acheteur de fourrures brutes du Canada (...) mais elle est aussi un grand compétiteur de point de vue de la fabrication des manteaux", précise ainsi Alan Herscovici, président du Conseil canadien de la fourrure. Le marché de la fourrure sauvage ne progresse plus depuis la fin des années 80 en Occident en raison notamment des campagnes des défenseurs des animaux, mais l'Europe continue à jouir d'un prestige particulier grâce à ses maisons de haute couture. Bien que l'on associe souvent les créations en poils aux animaux sauvages, près de 85 % de la fourrure est issue de l'élevage et notamment des fermes européennes qui comptaient en 2006 pour 70 % de la production internationale de visons et 63 % de l'élevage de renards. La fourrure sauvage représentait à cette date seulement 15 % de la production mondiale. En la matière, la législation nationale et internationale se concentre sur deux objectifs : l'homogénéisation des normes de piégeages et la protection des espèces en danger. Premier texte de référence : l'accord sur les normes internationales de piégeages sans cruauté (ANIPSC) liant le Canada, l'Union Européenne et la Russie, puis les Etats-Unis. Dès 1997, ce texte s'attache à définir les conditions de piégeages des animaux, gageant les participants à tester la conformité de leurs pièges aux normes ISO, garantes de souffrances minimales des animaux. Dès son entrée en vigueur, l'accord est appliqué aux 19 espèces les plus communément exploitées pour leur fourrure à l'image du coyote, du loup, du lynx, du rat musqué, du raton laveur, etc. "Les centres de la mode en Europe, comme Paris et Milan, dictent les tendances de la mode et utilisent encore de la fourrure. S'ils ne le faisaient pas, la fourrure ne serait pas aussi prisée dans le reste du monde", estime Robert Cahill, président de l'Institut canadien de la fourrure. Pour contrer l'influence des défenseurs des animaux et reconquérir le marché occidental, l'industrie canadienne de la fourrure sauvage vient de lancer une importante campagne de publicité sur "l'éco-fourrure". "La fourrure sauvage a toujours été écologique (...) Si on veut réduire les gaz à effet de serre c'est une bonne idée d'acheter moins de fourrure synthétique (fabriquée à partir du pétrole) comme le proposent certains animalistes et d'acheter de la vraie fourrure", fait valoir M. Herscovici. Ah l’écologie, que ne dirait-on pas en son nom ! Sources : AFP, NAFA, www.leblogluxe.com Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites