Animal 0 Posté(e) le 26 janvier 2009 Avions et oiseaux : 800 incidents par an en France Marielle Court 22/01/2009 En France, comme dans la plupart des grands pays occidentaux, les aéroports sont dotés d'équipes dont le travail consiste à faire fuirles volatiles aux abords des avions au moyen de tirs de fusée détonante, de torche laser ou d'imitation de cris de détresse. Crédits photo : AFP La Direction de l'aviation civile lance une grande étude sur trois ans pour embarquer des systèmes d'effarouchement à bord des avions. L'expression est lourde de sens : lorsque le monde de l'aviation évoque les oiseaux, il parle de péril aviaire. Les chiffres sont impressionnants : tous les ans il y cinq à six mille incidents avec des volatiles dans l'aviation civile dont près de huit cents en France. «À peu près 15 % d'entre eux sont jugés sérieux», explique-t-on à la DGAC (Direction générale de l'aviation civile). Et à cela, il faut encore en ajouter quatre cents pour les seuls avions militaires. L'extraordinaire amerrissage de l'Airbus A 320 dans la baie de l'Hudson, à New York, est une violente piqûre de rappel tant on a frôlé la catastrophe. Il y a plusieurs années, les premiers rapports qui ont été écrits sur le danger de collision avec les oiseaux évoquaient déjà la possibilité que deux moteurs soient détruits en même temps. «La probabilité que les deux réacteurs soient touchés par des gros oiseaux était de une sur un milliard de vols», assure Jean-Luc Briot, ornithologue à la DGAC. C'est arrivé cette année. Il y a une trentaine d'années «on nous demandait comment modifier les trajectoires des oiseaux migrateurs», ironise un chercheur du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris. Aujourd'hui, les choses ont considérablement évolué. En France, comme dans la plupart des grands pays occidentaux, les aéroports sont dotés d'équipes dédiées au péril aviaire. «Ils sont quinze à Roissy et onze à Orly. Leur travail consiste exclusivement à faire fuir les oiseaux aux abords des pistes, entre le premier avion du matin et le dernier du soir», explique un responsable d'Aéroports de Paris. Tirs de fusée détonante, effarouchements ponctuels, torche laser, imitation de cris de détresse… Tout est bon pour écarter les volatiles. Avec un risque : que les oiseaux s'habituent. «J'ai pris en photo un oiseau tranquillement perché sur un des haut-parleurs installés au bord des pistes», s'amuse Gérard Feldzer, le directeur du Musée de l'air du Bourget. Du coup, des tirs à balles réelles sont effectués quand tout le reste a échoué. Un gros travail est également fait dans l'aménagement des aéroports : pas de mare ni d'arbres propices à servir de perchoirs aux volatiles, pas de fleurs ou d'herbes hautes où ils pourraient être tentés de faire leurs nids… D'un autre côté, les constructeurs sont soumis à une réglementation de plus en plus sévère. Les réacteurs ou les pare-brise subissent des tests toujours plus stricts de «tir de poulets». «La structure des avions doit résister à des impacts d'oiseaux de 1,85 kilo en vitesse de croisière», précise ainsi la DGAC. Mais il y a toujours des imprévus. «Le réacteur d'un A 320 doit supporter la pression de sept goélands de un kilo et continuer de produire au moins 75 % de la poussée de décollage pendant une vingtaine de minutes, le temps de se reposer», raconte Jean-Luc Briot. Seulement voilà, il y a peu, à Nice, deux de ces volatiles ont suffi à détruire un des moteurs et à mettre l'avion en danger : «par malchance ils sont tombés sur la même pale», précise encore l'ornithologue. Anticiper le parcours des oiseaux migrateurs est un autre problème. Surtout pour les avions militaires qui se trouvent souvent à la même altitude qu'eux. «Dans les pays d'Europe du Nord, il existe des systèmes de prévisions. Quand les oiseaux sont trop nombreux, les sorties militaires sont interrompues», explique Jean-Luc Briot qui ajoute : «en Israël, ils ont perdu plus d'avions militaires à cause des oiseaux qu'en raison des conflits». En France, où l'armée perd quasiment un avion de chasse tous les quatre ans, les vols ne sont pas suspendus. Il est vrai que lorsqu'ils passent au-dessus de l'Hexagone, les migrateurs s'éparpillent. «Le couloir pour les grues cendrées s'étale sur près de 300 kilomètres de large», poursuit l'ornithologue. «On ne vole pas sans la nature, on vole avec» Aujourd'hui, la DGAC lance une étude de grande envergure sur trois ans afin de mettre au point un système embarqué dans les avions destiné à effaroucher les oiseaux. Malgré les améliorations - à Air France le nombre d'incidents sérieux a été divisé par trois en dix ans - il est très important de continuer à progresser. Il y a quelque 8 000 avions de ligne qui circulent aujourd'hui dans le ciel et le trafic «double à peu près tous les dix ans», rappelle Gérard Feldzer. Les risques de collision vont donc aller en s'accroissant . Or, «on ne vole pas sans la nature, on vole avec», rappelle le spécialiste soucieux de protéger la biodiversité. Cela n'a pas empêché le personnel de l'aéroport de Nantes de se frotter les mains lorsque, le 24 décembre, ils ont ramassé sur les pistes de l'aéroport des oies assommées en plein vol quasiment prêtes à être enfournées ! » TEMOIGNAGES - «Je suis entré dans un nuage de mouettes, il y avait du sang partout» http://www.lefigaro.fr/sciences/2009/01/22/01008-20090122ARTFIG00009-avions-et-oiseaux-incidents-par-an-en-france-.php Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites