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Le phoque du Groenland n'est pas menacé

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Opinion

Le phoque du Groenland n'est pas menacé

Michel Bélanger, Président de Nature Québec Thumb down

Édition du jeudi 12 mars 2009


Nature Québec, un organisme québécois voué à la conservation et au développement durable affilié à l'Union mondiale pour la nature (IUCN), incite les membres du Parlement européen à bien évaluer les conséquences que pourrait avoir un vote positif en faveur d'une interdiction des importations des produits dérivés de la chasse aux phoques qui se tient sur la côte atlantique canadienne. Un vote favorable pourrait avoir des conséquences graves pour les collectivités qui bénéficient de cette activité aussi bien que pour l'équilibre écologique du golfe Saint-Laurent. Il faut souligner ici le fait que les collectivités locales des îles de la Madeleine et de Terre-Neuve pratiquent cette activité traditionnelle de chasse depuis plus de 350 ans et qu'à ce titre, elle acquiert un statut semblable à celui que l'on attribue volontiers aux activités traditionnelles des groupes autochtones.

La conservation du phoque du Groenland n'est en aucune façon menacée par le niveau de prélèvement actuel. Le phoque du Groenland est le pinnipède le plus abondant dans l'Atlantique Nord-Ouest, sa population ayant été estimée en 2006 à 5,5 millions de têtes. Depuis 2003, le prélèvement commercial de phoques du Groenland par le Canada a été géré suivant une démarche de gestion des pêches par objectifs (GPO) fondée sur le principe de l'approche de précaution. Selon cette démarche, on relève des points de référence prudents qui sont associés à des mesures de gestion préétablies à prendre impérativement si l'on estime que la population menace de décliner. L'objectif de gestion est de fixer les prélèvements à un taux qui garantira, avec une probabilité de 80 %, le maintien de la population au-dessus du point de référence prudent, établi à 4,1 millions d'individus.

Par ailleurs, l'impact de l'alimentation des phoques sur les populations de ses proies devient davantage préoccupant à mesure que les informations scientifiques s'accumulent. Selon une récente intervention publique d'un scientifique de l'Institut des sciences de la mer de Rimouski, la survie de la population de morue de l'Atlantique du sud du golfe serait compromise par le taux élevé de prédation occasionné par le phoque.

Ce constat s'accorde avec l'hypothèse qui reconnaît que le rétablissement des stocks de morue, dont l'effondrement est la conséquence d'une surpêche, est inhibé par la forte prédation des phoques gris et des phoques du Groenland. Au niveau actuel de population, les phoques du Groenland qui vivent le long de la côte est du Canada consomment environ six millions de tonnes de poisson par année, dont environ 60 000 tonnes de morue, soit dans la même région où les débarquements de poissons commerciaux atteignent 0,9 million de tonnes par année.

Un revenu crucial

Du point de vue économique, il faut souligner le fait que, pour certains chasseurs, cette activité représente entre 25 et 35 % du revenu qu'ils réalisent au cours d'une année. Ce revenu est crucial dans les régions des principaux ports d'attache des chasseurs, où le taux de chômage est de plus de 30 % supérieur à la moyenne nationale. Certaines ressources du golfe Saint-Laurent ont été exploitées d'une manière excessive dans le passé, de sorte qu'on doit maintenant suppléer aux revenus de leur exploitation devenus insuffisants. Dans ce contexte, les revenus provenant de la chasse constituent un apport crucial. Les marchés des peaux de phoque sont sujets à d'importantes variations d'une année à l'autre, mais la chasse peut rapporter certaines années plus de 30 millions de dollars.

Les méthodes d'abattage n'offrent pas un spectacle pour les coeurs faibles, nous en convenons, mais elles n'en constituent pas moins la solution la plus acceptable. En 2005, préoccupé par les questions de bien-être des animaux, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a chargé un groupe de neuf vétérinaires indépendants de se pencher sur le cas des phoques du Groenland. Dans leur rapport daté d'août 2005, les spécialistes internationaux sont formels: la méthode n'est pas cruelle. Un coup de hakapik sur le crâne d'un phoque semble brutal, mais le groupe de spécialistes le considère sans cruauté s'il est porté rapidement et si l'animal demeure inconscient jusqu'à sa mort. La majorité des phoques étudiés lors de la chasse au Canada, soit 98 %, ont été abattus de façon non cruelle. Ce taux se compare favorablement aux résultats d'études menées dans les abattoirs d'Amérique du Nord en 2007. Les méthodes actuelles peuvent certainement être améliorées, en particulier en encourageant les chasseurs à respecter les étapes de vérification de la mort de l'animal avant de prélever sa peau. Selon les recommandations du groupe de vétérinaires, nous encourageons Pêches et Océans Canada à légiférer sur la question et à établir un code de pratiques de l'industrie.

En tant qu'organisme de conservation préoccupé par le maintien de la biodiversité et les impacts des activités humaines, Nature Québec se porte à la défense de la chasse aux phoques telle que pratiquée, et vous encourage à vous rallier aux arguments rationnels évoqués plus haut. À notre avis, la campagne internationale de lutte menée contre cette activité ne possède aucun fondement scientifique et n'est pas liée à la nature véritable du traitement à l'égard des animaux.
http://www.ledevoir.com/2009/03/12/238669.html

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