Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Animal

Cobayes. Le cri d'alarme de Bardot

Messages recommandés

http://www.ladepeche.fr/article/2009/09/13/671856-Trente-millions-de-cobayes.html

Publié le 13/09/2009

Cobayes. Le cri d'alarme de Bardot


Ouf ! on va mieux respirer ! Plus de 90 % des substances chimiques en
circulation depuis avant 1981 doivent subir dans les dix années à venir des
tests pourdéterminer leur toxicité. Pour l'homme et pour l'environnement.
C'est l'application du programme européen « Reach » (« Enregistrement,
évaluation, autorisation et restriction »). Le problème, c'est que ces tests
commandés par les industriels doivent obligatoirement être menés sur des
animaux. L'enjeu est de mesurer la toxicité et l'écotoxicité de tous ces
produits, la première pour ses effets sur l'homme, la deuxième pour ses
effets sur tous les organismes de l'environnement.
Alors que la recherche utilise déjà chaque année plus de 12 millions de
rongeurs et autres animaux dans les universités, les hôpitaux, les
laboratoires, les écoles vétérinaires, dont plus de 2,3 millions seulement
pour la France, la mise en application de Reach va grandement augmenter le
recours à cette expérimentation. Le sacrifice pourrait dépasser les 50
millions d'animaux de laboratoire, d'après Thomas Hartung, un toxicologue
dont les prévisions parues fin août dans la revue scientifique « Nature »
alertent les militants de la cause animale.
« 54 millions ? ! Mais 10 millions d'animaux pour le programme Reach, ce
serait déjà 10 de trop ! » déplore-t-on à la fondation Brigitte Bardot (lire
son interview ci-dessous). « Il y a une alternative, c'est la culture de
cellules humaines », propose un des porte-parole de l'ancienne actrice pour
qui les «années d'insouciance» (thème de l'exposition qui lui est consacrée
cet automne à Boulogne-Billancourt) ont fait place aux années de combat.
Pour Eric Thybaud, à l'établissement public Inéris, on ne peut prévoir le
nombre d'animaux utilisés pour Reach, mais la recherche travaille «pour une
moindre utilisation des animaux», dont on ne peut néanmoins pas se passer.
26 établissements en haute-garonne
Par son ampleur, ce programme réactive le débat sur l'utilisation des
animaux. A l'école vétérinaire de Toulouse, Pierre-Louis Toutain approche le
sujet prudemment, « C'est un sujet très sensible, prévient-il, mais je pense
qu'on ne peut pas se passer des expérimentations. Ce qui est sûr, c'est
qu'elles sont aujourd'hui très encadrées, et que nous respectons une éthique
: dans nos protocoles menés avec les chats par exemple, ils sont rendus et
adoptés par des familles en partenariat avec une association ».
L'expérimentation ne laisse plus la place aux trafics qui ont marqué la fin
des années 80 dans notre région. Les directions des services vétérinaires
délivrent les autorisations et veillent au bien-être animal. « Les locaux
sont conçus et aménagés comme des 4 étoiles », a constaté Michel Toulze,
chef de la protection des animaux pour la Haute-Garonne, département où 26
établissements publics ou privés mènent des expériences.
Le programme Reach fera encore parler de lui au chapitre économique
puisqu'il pourrait approcher les 10 milliards d'E supportés par l'industrie.
Mais il suscite d'ores et déjà une autre question. Qui testait jusqu'alors
tous les produits chimiques mis en ouvre dans les produits d'entretien,
industriels ou agricoles avant 1981 ? Personne, ou plutôt tout le monde :
animaux et humains, tous cobayes.
----
Des souris, des lapins...
Actuellement en France, l'expérimentation animale est obligatoire pour
déterminer la toxicité des substances chimiques, des pesticides, des
médicaments humains et vétérinaires.
Pour tester les substances chimiques et pesticides, les animaux le plus
souvent utilisés sont les rongeurs, les rats, souris, cobayes; puis les
lapins, poissons et/ou oiseaux. Pour les médicaments humains, les primates
sont aussi utilisés, ainsi que les chiens (beagles en particulier;vivant en
meute, on évite ainsi de les sociabiliser avec les hommes); pour les
médicaments vétérinaires, en priorité les chiens, les primates, les chats,
ces derniers en particulier pour la neurologie. A 90%, ce sont les rongeurs
qui sont utilisés pour l'expérimentation. En cosmétologie, le recours à
l'expérimentation est dorénavant interdit sur l'ensemble du territoire
européen, toutefois...mais cela n'interdit pas d'expérimenter des substances
sur la peau ( en dermatologie ). Les Anglais furent les premiers à ne plus
utiliser les animaux pour les produits cosmétiques, la marque Body Shop
avait fait de cette éthique un argument publicitaire.
----
100000 substances chimiques
Dans notre vie quotidienne, nous sommes entourés par plus de 100000
susbstances chimiques qui peuvent émettre des composants dangereux dans
l'atmosphère. UFC-Que choisir a mené des études montrant que des produits
courants comme des désodorisants, nettoyants, tapis synthétiques, meubles,
vernis, et plus récemment colles de moquette, émettent des composés
organiques volatils nocifs.
----
Au cancéropôle aussi
Premier département de la région en matière de recherche, et donc
d'expérimentation, la Haute-Garonne compte 26 établissements autorisés par
l'Etat (direction départementale des services vétérinaires) à pratiquer des
expériences «sur animaux vertébrés vivants». La liste n'est pas rendue
publique, pour éviter les actions des militants de la cause animale. Y
figurent notamment l'école vétérinaire, les universités, des laboratoires,
le cancéropôle en cours d'achèvement.
Les expériences ne concernent pas toujours les médicaments. «Dans certains
cas, il s'agit seulement de faire ingérer des compléments nutritionnels et
mesurer l'incidence sur la prise de poids», indique M.Toulze à la DDSV, qui
remarque que la plupart des chercheurs «prennent en compte le facteur
souffrance animale et mettent en ouvre des techniques pour la diminuer,
voire la supprimer.»
----
«Je préfère sauver un enfant qu'une souris»
Eric Thybaut, responsable « Danger et impact sur le vivant » à l'Institut
national de l'environnement industriel et des risques, l'Inéris.

DDD. Pourquoi l'expérimentation animale ?
E.Th. C'est la loi, elle est obligatoire pour déterminer la toxicité des
substances chimiques, des pesticides et des médicaments.

DDD : Qui est concerné par Reach ?
E.Th. Les substances chimiques « existantes », en circulation avant 1981,
soit 90 % du total. Environ 125 000 substances.

DDD : 10 ou 50 millions d'animaux pour mesurer leur toxicité ?
E.Th. On a dix ans devant nous, je suis incapable de prédire l'avenir, mais
tout est fait pour réduire l'utilisation des animaux, de mieux utiliser les
résultats, par d'autres types de calcul, par des cultures in vitro et par
analogie. On mutualisera les résultats par les familles de produits
chimiques. Mais il n'est pas possible aujourd'hui de se passer totalement de
l'expérimentation animale...Et je préfère sauver un enfant qu'une souris.

DDD : On n'utilise plus les animaux en cosmétique ?
E.Th. Sur le territoire européen non, on n'en a plus le droit et les
résultats d'expériences menées ailleurs ne sont pas recevables.

Eric Thybaut
----
Brigitte Bardot est effrayée
La Dépêche du dimanche : « Reach » prévoit une augmentation de
l'expérimentation animale pour tester les produits chimiques commercialisés
avant 1981. Ces tests qui concerneraient de 10 à 50 millions d'animaux.
Quelle est votre réaction ?
Brigitte BARDOT : Je suis effrayée et scandalisée à la fois. C'est un coup
de poignard dans le dos car ma Fondation avait travaillé, avec la Commission
et le Parlement européen, à privilégier le recours aux méthodes
substitutives à l'expérimentation animale dans le cadre du programme Reach.
Or, les 54 millions de victimes estimées sur dix ans s'ajoutent aux plus de
12 millions d'animaux déjà sacrifiés chaque année dans les laboratoires
européens. Comble de l'horreur, la France est le pays européen où le plus
grand nombre d'animaux est sacrifié.

DDD. Les tests sur les animaux ont été réalisés pour mettre au point des
produits cosmétiques, des solutions agricoles, des médicaments. Dans ce
dernier cas, ne sont-ils pas justifiés ?
BB. Non, aucune expérimentation animale ne peut être justifiée. D'un point
de vue éthique, l'homme n'a pas le droit moral d'exploiter et de considérer
les autres espèces animales, l'ensemble des êtres sensibles, comme de
simples outils de recherche ou de consommation. D'autre part, aucune espèce
animale n'est le modèle biologique d'une autre, il est donc totalement
fantaisiste, ridicule, d'expérimenter une substance sur une souris, un chat
ou même un singe puisque chaque espèce réagit différemment...

DDD. Quelle alternative ?
BB. Ma Fondation a cofinancé un test cellulaire, réalisé sur cellules
humaines, qui prédit à 82 % les effets toxiques sur l'espèce humaine, contre
65 % lorsque la souris est prise pour « modèle » et 61 % lorsqu'il s'agit du
rat. Il faut absolument se donner les moyens de développer ces méthodes
alternatives et mettre un terme définitif à l'expérimentation animale qui
symbolise aujourd'hui la préhistoire de la recherche, une science sans
conscience dont nous ne voulons plus.

DDD. A-t-on atteint des sommets en tuant des souris pour le botox ?
BB. Les sommets sont atteints depuis bien longtemps mais l'homme peut
toujours aller plus loin dans l'ignominie. Des milliers de souris sont tuées
par injections de toxine botulique. Tous ces animaux morts, dans des
souffrances ignobles, pour permettre à certains de cacher quelques rides qui
finiront par revenir de toute façon.

DDD. Qu'attendez-vous des citoyens et des pouvoirs publics ?
BB. Les pouvoirs publics doivent remettre en cause le principe de
l'expérimentation animale en soutenant les chercheurs qui travaillent au
développement de nouvelles méthodes. J'attends aussi qu'ils reconnaissent un
droit d'objection de conscience à l'expérimentation animale comme cela
existe dans plusieurs pays européens. Ma Fondation a travaillé à la
rédaction d'une proposition de loi, enregistrée à l'Assemblée Nationale, il
est temps aujourd'hui d'adopter ce texte. Je lance d'ailleurs un appel aux
étudiants pour qu'ils refusent de participer aux expérimentations et même
aux dissections inutiles pratiquées dans les établissements scolaires. Nous
avons mis une pétition en ligne (www.fondationbrigittebardot.fr), il est
important de la signer et de la diffuser.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...