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Recherche canadienne sur les truies groupées

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Recherche canadienne sur les truies groupées


Publié dans Le Bulletin des agriculteurs de juin 2009

Un chercheur des Prairies étudie la meilleure façon d'introduire le principe des truies groupées en gestation.
par Marie-Josée Parent, agronome

Alors qu'un nombre croissant d'États américains légifèrent pour interdire les truies gestantes en cage et qu'elles seront interdites dès 2013 dans toute l'Europe, des recherches sont en cours sur le sujet dans l'Ouest canadien. Le chercheur Harold Gonyou, expert du comportement des porcs au Prairie Swine Center, en Saskatchewan, nous informe des progrès des recherches qu'il mène depuis neuf ans sur les solutions de rechange au logement en cage pour les truies en gestation.

Le Bulletin des agriculteurs : En quoi consistent vos recherches ?
Harold Gonyou : Nous avons utilisé un système d'alimentation électronique. Toutes les truies mangent au même endroit et sont identifiées électroniquement. Les informations sont contenues dans un ordinateur. Nous avons eu du succès avec ce système. Il a démontré des performances équivalentes à ce que nous voyons dans le système en cages de gestation.

Cependant, certaines personnes n'aiment pas travailler avec un ordinateur. L'an dernier, nous avons donc installé un deuxième groupe de truies en gestation, mais cette fois, les truies peuvent entrer dans les stalles d'alimentation à tout moment dans la journée. Elles peuvent s'y coucher ou y aller pour être nourries. Il y a autant de stalles que de truies. L'inconvénient de ce système, c'est qu'il est un peu plus cher à construire parce qu'il nécessite plus d'espace par truie.

LBDA : Quel était le but de vos essais avec le nouveau système ?
HG : Nous voulions savoir si les truies utilisent davantage l'aspect groupe ou l'aspect stalle. Une semaine après la formation des groupes, les truies quittent leur stalle une première fois. Par la suite, elles quittent leur stalle au moins une fois par jour. Le temps qu'elles passent à l'extérieur de la stalle varie de 10 minutes à plusieurs heures, selon la truie.

Nous remarquons que c'est plus facile pour la nutrition. Nous expérimentons un système que nous appelons la cafétéria. Nous gardons les truies en groupe tout le temps, sauf quand nous les alimentons.

Nous cherchons maintenant à savoir quel espace donner aux truies à l'extérieur des stalles. Nous gardons les truies en quatre différents niveaux d'espace : de 16 pi2 (1,49 m2) jusqu'à environ 30 pi2 (2,79 m2) par truie. Nous évaluons le nombre d'agressions entre les truies. Nous regardons la durée, les blessures, la douleur... Nous observons les truies durant la première semaine suivant la formation des groupes. Puis, nous les observons de nouveau quelques semaines plus tard.

LBDA : Quel est l'espace nécessaire pour chaque truie ?
HG : Les recommandations actuelles sont de 24 pi2 (2,23 m2) par truie. Mais en utilisant le système électronique que nous utilisions il y a un an, vous pourriez probablement diminuer à 20 pi2 (1,86 m2). Avec les stalles d'alimentation que nous utilisons maintenant, ça pourrait monter à 28 (2,6). Nous cherchons à diminuer cet espace.

LBDA : Que faites-vous à propos de la faim, qui est une des raisons des agressions ?
HG : Parce qu'elles sont nourries dans une stalle, les truies ne peuvent pas être en compétition pour la nourriture. Nous pouvons donc décider à quelle quantité de nourriture elles ont droit. Elles peuvent toujours se battre pour entrer dans une stalle ou lors de la formation d'un groupe, mais nous ne voyons pas de bataille pour la nourriture.

LBDA : Leur donnez-vous du foin ou de la paille ?
HG : Non, mais j'aimerais travailler avez ça un jour. Le foin ou la paille apporte de la fibre qui donne une sensation de satiété, mais c'est aussi un risque d'introduction de maladies.

LBDA : Y a-t-il des gens qui s'intéressent à vos systèmes ?
HG : Le système que nous utilisons actuellement est un des deux systèmes les plus populaires en Europe. Beaucoup de Nord-Américains voudraient utiliser un système moins cher. Ceux qui utilisent les systèmes les moins chers en Europe voient des baisses de production. L'atout le plus important des deux systèmes que nous avons utilisés, c'est que nous pouvons contrôler la quantité de nourriture, puisqu'il n'y a pas de compétition entre les truies pour manger.

Encadré: Cinq États américains ont banni les cages
Le 4 novembre dernier, 63 % des électeurs californiens ont voté pour fournir plus de confort à plusieurs animaux d'élevage, dont les truies en gestation. Dès 2015, les truies devront avoir suffisamment d'espace pour se coucher, se lever, se tourner et étirer leurs membres.

Deux autres États, la Floride et l'Arizona ont passé avec succès l'étape du référendum, alors que dans deux autres États, le Colorado et l'Oregon, les élus ont choisi la voie de la législation. Au Colorado, les producteurs ont pris part au processus parce qu'ils préféraient la législation au référendum.

Le nombre des États américains ayant banni les cages en gestation est maintenant au nombre de cinq. « Nous en verrons de plus en plus, croit Harold Gonyou. Ceci aura un impact énorme sur l'industrie. »

Description des photos
Les photos sont publiées dans le magazine imprimé
1. Dans les recherches sur le bien-être des truies gestantes entreprises au Prairie Swine Center par Harold Gonyou et son équipe, on offre à chaque truie une stalle pour manger, tout en lui permettant de se mouvoir dans un grand parc.


http://www.lebulletin.com/abonnement2/0906/0906e.cfm

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Truies logées à l'européenne

Publié dans Le Bulletin des agriculteurs de juin 2009

Des producteurs de porcs d'ici s'inspirent des nouvelles normes européennes concernant le bien-être animal.
par Marie-Josée Parent, agronome

La section gestation de la Porcherie Ardennes de Mont-Saint-Grégoire surprend le visiteur. Les truies logées en grands groupes ont deux fois et demie plus d'espace qu'en élevage conventionnel. Une allée centrale bétonnée et surélevée est si large qu'elle permet d'y circuler en petit tracteur. Le foin servi aux truies est une autre particularité de cet élevage hors du commun... pour le Québec.

Toutefois, une telle image ne surprendrait pas en Europe où une loi impose que, dès janvier 2013, toutes les truies en gestation ne pourront être gardées en cage pendant la semaine précédant la date prévue de mise bas et durant la mise bas. Mais ni Pascale, ni François Pirson n'avaient en tête le respect des normes européennes. En fait, leur motivation provient plutôt de la volonté de s'éloigner du modèle productiviste nord-américain. Un incendie a fait le reste en les forçant à rebâtir en neuf.

Une crise et un feu
En 2004, une crise du syndrome reproducteur et respiratoire porcin (SRRP) dans le troupeau de Pascale et François Pirson porte un dur coup. Découragé, François Pirson, immigré de Belgique depuis une vingtaine d'années, en parle à son frère agriculteur dans son pays d'origine. Celui-ci le met en contact avec un agronome chercheur breton, Michel Sencier, qui a développé sa propre méthode d'élevage, connue sous le nom de méthode Sencier. Michel Sencier visite les Pirson en 2006.

La technique Sencier, qui repose sur l'alimentation et le respect des besoins de l'animal, séduit les éleveurs naisseurs-finisseurs de 140 truies qui oeuvraient alors dans une porcherie conventionnelle. Bouchère de formation, Pascale Pirson se met à rêver d'une boutique dans laquelle elle pourrait vendre au détail la viande différenciée issue de leur élevage.

Ladite boutique voit le jour le 27 avril 2007. Le 9 juillet suivant, la maternité est rasée par le feu. Décourageante sur le coup, l'épreuve permet aux Pirson d'aller jusqu'au bout de leur projet. « Il n'y a pas de grand mal sans qu'il y ait de petits biens », dit François Pirson à propos du feu.

Les Pirson consultent Michel Sencier pour concevoir leur nouvelle maternité. Les premières truies entrent le 9 février 2008 et cinq jours plus tard, les premières truies mettent bas. À la fin février, Pascale et François Pirson profitent du fait que la maternité ne fonctionne pas encore à son maximum et que l'engraissement soit vide pour aller suivre une formation avec Michel Sencier en Bretagne.

Méthode Sencier
La méthode Sencier est une méthode qui apprécie la ferme dans son ensemble. « La première chose qu'on fait, c'est qu'on évalue la capacité de la terre, explique Pascale Pirson. Ensuite, on évalue le troupeau en fonction de la terre. »

En fait, Michel Sencier utilise des principes de bienêtre animal et de biosécurité, semblables à ceux que le spécialiste français François Madec, de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), proposait pour réduire l'influence du syndrome de dépérissement postsevrage (SDPS). Michel Sencier y intègre des concepts d'alimentation qu'il a développés. Deux produits donnés aux animaux, le chlorure de magnésium et le Gabolysat, ont pour rôle de stimuler le système immunitaire.

« La plus grande règle qu'on a appliquée et qu'on n'aurait pas pu mettre en place avant l'incendie, c'est celle de donner du foin, explique Pascale Pirson. En gestation, on donne 2,6 à 2,8 kg d'aliments à la truie et l'on voudrait ensuite qu'elle consomme 10 à 12 kg de moulée en lactation. Le foin lui permet d'augmenter la taille de son estomac. »

Une truie qui a un estomac plus développé consommera jusqu'à 15 kg de moulée durant la lactation et produira plus de lait. « Pour un même âge au sevrage, 26 à 27 jours, les porcelets sont passés de 7 à 9 kg entre l'ancienne maternité et la nouvelle », indique François Pirson. Sa conjointe est convaincue : « M. Sencier dit : “Si on part d'un gros bébé, ça démarre bien.” » Lors d'une récente bande, le nombre de nés totaux a été appréciable : 14,5 par truie.

7 bandes
La gestation est divisée en six groupes de 24 truies. Chacun de ces groupes correspond à une bande. La section mise bas est divisée en deux chambres pouvant contenir chacune une bande. Pour accueillir les truies sevrées, un parc en gestation est vide, ou inversement, une salle de mise bas est vide pour accueillir les truies en fin de gestation. Il y a donc un total de sept bandes. Une nouvelle bande met bas toutes les trois semaines pour respecter le cycle de retour en chaleur des truies. On n'utilise aucune hormone pour stimuler le retour en chaleur.

Chaque parc en gestation est divisé en deux sections. Les stalles bétonnées permettent aux truies de se coucher ou encore de manger. « Mais la plupart d'entre elles préfèrent se coucher sur la litière », précise François Pirson. Il y a autant de stalles qu'il y a de truies, 24. Derrière ces stalles, une vaste aire sur litière permet aux truies de marcher, de se coucher et de se soulager. Le foin est distribué le long de l'allée centrale. Chaque truie dispose de 32 pi2 (3 m2) d'espace, alors que dans le conventionnel, elle en avait 14 (1,3 m2).

Dans la section mise bas, les cages sont plus longues et plus larges d'un pied (30 cm). En longueur, cette modification permet aux truies plus âgées et plus longues d'être à l'aise. L'espace accru en largeur permet d'éloigner de la truie la lampe infrarouge des porcelets. Les truies sont ainsi moins incommodées lors des chaleurs estivales. « M. Sencier dit toujours : “Donnez- leur du confort et de l'alimentation, et les animaux vous le rendront” », répète Pascale Pirson.

Pour certains, ces investissements peuvent paraître farfelus. Pour Pascale et François Pirson, il n'en est rien. Leur porc se retrouve sur les tables de prestigieux restaurants, tels Au Pied de cochon (Montréal) et le Fourquet fourchette (Montréal et Chambly), ou encore dans des épiceries fines. Les clients qui visitent leur boutique apprécient leurs produits.

Pascale et François Pirson font aussi partie des producteurs de porcs qui viennent de lancer ce printemps la certification NaturPorc, un porc produit de façon naturelle, sans antibiotique de la naissance jusqu'à l'abattage. « Dans notre cas, c'est rentable parce qu'on a développé une bonne clientèle », explique François Pirson.

Description des photos
Les photos sont publiées dans le magazine imprimé
1. L'incendie a permis à François et Pascale Pirson de construire la maternité de leurs rêves. Un investissement qui se rentabilise avec leur clientèle de prestige.
2. Les cages de mise bas sont plus larges et plus longues que les cages régulières. Les truies ont ainsi plus d'aisance et sont moins incommodées par la lampe des porcelets.


http://www.lebulletin.com/abonnement2/0906/0906d.cfm

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