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Un vrai job, enfin!

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Publié le 16 octobre 2010 à 13h53 | Mis à jour le 16 octobre 2010 à 13h53


Un vrai job, enfin!



Pierre Foglia
La Presse


Six heures du matin. J'ai ficelé mes bottes sur le porte-bagages de mon vieux vélo et j'ai dit au revoir à ma fiancée, qui m'a donné un bec moins distrait que lorsque je m'en vais à La Presse. Un bec un peu comme si je m'en allais à la guerre. J'ai senti qu'elle était fière d'avoir un chum qui avait un vrai job, enfin!
T'as l'air d'un travailleur mexicain, elle a dit, ravie.

Il faut prendre le chemin des Bouleaux, puis celui des Sapins, qui longe la rivière aux Brochets, et soudain le paysage s'ouvre magnifiquement, plein ciel et pleins champs. Au fond, les montagnes du Vermont. Au bout de la pente douce, il y aura le vignoble du Ridge. Juste avant, il y a la ferme des Girardet et les deux gros chiens qui me jappent toujours après quand je passe à vélo.

C'est là que je vais.


Je vous attends à 6h45, m'avait dit la fermière. Elle s'appelle Édith, elle a 26 ans, elle venait de se lever. J'ai vu dans son regard qu'elle regrettait déjà: Oh, boy! Qu'est-ce que je vais faire de lui? J'avais pourtant été clair quand elle m'avait demandé ce que je savais faire: rien, madame.

On est allés donner le biberon aux nouveau-nés. On est dans une ferme laitière. Je vous explique en vitesse comment ça marche: les vaches ne donnent pas de lait parce qu'elles sont fines, elles donnent du lait parce qu'elles ont eu un veau.

La vache est inséminée. Neuf mois après, elle a son veau. Se repose deux mois. Est réinséminée. Un autre veau. Deux mois de repos. Un autre veau. Et un autre, et un autre. Ça vous rappelle votre arrière-grand-mère? C'est pas moi qui l'ai dit. Tout ce temps-là, la vache donne du lait (1).

Quand le veau naît, on le laisse téter sa mère trois ou quatre fois pour le colostrum, et puis on les sépare. Cela ne fait pas de drame ni rien. Sauf exception, les vaches laitières ne sont pas très maternelles. Elles ne cherchent pas leur veau, ne l'appellent pas. Qu'on leur pique leur lait pour l'envoyer chez Provigo plutôt que de le donner à leur veau, ça ne leur fait pas un pli sur le pis.

Les nouveau-nées sont mises dans un enclos. Que des filles. On ne garde pas les mâles, qui sont trop difficiles à traire. Ça va, vous suivez? Je vous le promets, à la fin de ce reportage, vous pourrez démarrer une petite ferme laitière.

Édith me tend deux biberons de deux litres chacun: Arrêtez de prendre des notes, on passe à la pratique.

Huit veaux dans l'enclos, âgées de quelque jours, tout énervées quand elles nous voient arriver avec les biberons. Faut les attacher, sinon, en nourrissant l'une, on aurait les sept autres dans les jambes. On leur donne d'abord un doigt à téter pour lancer la succion, et hop! on glisse la tétine du biberon. C'est long, deux litres, on a le temps de leur chanter une petite chanson. La belle dé Cadix a des yeux dé vélours... Yeux de velours ou pas, combien on parie que je te fais loucher, ma belle?

...
suite:

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