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La fourrure décomplexée

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par sandrine merle dans "Les Echos" http://www.lesechos.fr/luxe/mode/0201737933640-la-fourrure-decomplexee-247465.php

Les froides températures de l'hiver dernier ont donné une nouvelle impulsion à la fourrure. C'en est fini de son association systématique à des signes extérieurs de richesse, à la panoplie de la femme chic des années 50 ou encore à la bimbo russe des années 2000. Terminée aussi la polémique à son sujet : hormis quelques militants résistants à la sortie des défilés, plus personne pour s'offusquer de son retour sur les podiums. Porter de la fourrure n'est plus un crime : le temps où Naomi Campbell et autres top models posaient nues pour protester contre son utilisation est bien loin. « Tout le monde sait aujourd'hui que 95 % des fourrures proviennent de l'élevage », explique Yves Salomon, le fourreur attitré des grandes maisons.

Décomplexés, couturiers et créateurs entérinent deux tendances amorcées l'hiver dernier. La veste en peau lainée ou shearling reste un best-seller avec, toutefois, une petite variante : elle adopte des poils frisés comme celle de Fendi. Et le manteau de yeti chez Chanel l'an passé, en fourrure fantaisie, a inspiré cette saison, chez Ann Demeulemeester, Isabel Marant et Sonia Rykiel, des pièces en poils de chè-vre, longs et très fins, parfois teintés en couleur vive.

La fourrure traitée en patchs fait aussi fureur. Renard, vison, marmotte et autres poils précieux sont travaillés comme des empiècements géométriques camel, gris, noir, blanc. Bel exemple avec le vison sur le manteau Céline. Les fur blocks -carrés, triangles ou rectangles plus ou moins longs -forment des ganses en bas d'un manteau en cuir Jean Paul Gaultier ou les manches d'un manteau en cachemire Dries Van Noten. Le vison recouvre, lui, le corps de veste chez Marni. Ces patchs se retrouvent surtout sur les cols et les capuches : ils enveloppent le visage, s'enroulent autour du cou, couvrent les oreilles, remontent jusqu'aux yeux. Le renard est particulièrement approprié pour hiératiser l'allure chez Prada et Gucci.

Ces empiècements confèrent un volume non-con-formiste aux vêtements, soulignent leur architecture couture. Sarah Burton, chez Alexander McQueen, utilise le renard en finition délicate pour faire over pointer une épaule de veste et adoucir les découpes corset. Elle les fait filer le long de la boutonnière d'un manteau pour allonger la silhouette. Chevrons, torsades ou maxi-godrons chez Burberry : les jeux de découpes de la fourrure créent des motifs plus ou moins animés selon la longueur des poils qui frémissent au rythme de celle qui les porte.

Avant, la matière induisait la forme : la fourrure était forcément traitée en manteau, en écharpe ou en chapka. C'est fini. Le vison, icône du luxe, trouve une nouvelle modernité sur une marinière chez Yves Salomon. La fourrure s'empare même des lunettes chez Alexander Wang. Elle recouvre entièrement les boots de Moschino dont la forme disparaît sous une drôle de touffe de poils. La fourrure devient une matière comme une autre. Seule la créatrice bio-addict, Stella McCartney, lui résiste encore.

SANDRINE MERLE









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