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C'est un drame, pas un accident ...

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http://www.liberation.fr/societe/2014/01/17/c-est-un-drame-pas-un-accident_973710

«C’est un drame, pas un accident» Par Didier Arnaud

Les parents de Nicolas, 12 ans, regrettent que le chasseur qui a tué leur fils n’ait écopé que du sursis.


C’est l’histoire terrible et absurde d’un adolescent mort à cause de la chasse. Avec son père David, ce 22 janvier 2012, Nicolas, 12 ans (1), faisait du quad comme chaque dimanche sur les sentiers de Seine-Maritime, près de Bosc-Bérenger, dans le bois de la Gâte. Ils se sont approchés du chasseur qui leur a demandé : «Vous n’avez pas vu les pancartes ?» Ils ont répondu qu’il n’y en avait pas à l’entrée du chemin. La suite, c’est David Guilbert qui la raconte, pour la première fois : «Au moment où j’allais mettre en route, j’ai entendu le coup de feu. J’ai senti Nicolas s’écrouler sur mon dos. Le chasseur disait : "merde, merde, j’ai fait le con !" J’ai vu le petit la tête pleine de sang, les chasseurs ont essayé de faire les premiers soins. C’était trop tard. J’ai dit [à propos du chasseur qui avait tiré ndlr] : "je le tuerai". Mais c’était sous le coup de la colère.» L’accident qui a coûté la vie à Nicolas Guilbert est l’un des 21 mortels qui ont eu lieu en France durant la saison 2012-2013, marquée par 179 accidents contre 143 l’année précédente, en hausse de 25%. Sandrine, l’épouse de David, raconte comment, à son arrivée sur les lieux, elle aperçoit tous les quadeurs alignés, et son fils à terre. L’expertise balistique dira que le fusil était très vieux, que son cran de sécurité ne fonctionnait pas, que le chasseur n’avait pas cassé son fusil et extrait les cartouches comme il aurait dû le faire en présence d’un tiers. Depuis l’accident qui a coûté la vie à Nicolas, c’est obligatoire dans le département.

Nicolas avait 12 ans. Il était bon élève, faisait du roller, jouait gardien de but depuis ses 6 ans. Il avait une moto et faisait du quad avec son père. Ses meilleurs amis avaient des parents chasseurs, comme les 10 000 pratiquants du département. Au début, raconte Sandrine, «ils en ont voulu à leurs pères». Une plaque a été installée au stade de la Varenne, à Saint-Saëns. Une stèle devrait être bientôt posée dans le bois de la Gâte, là où le coup de fusil l’a emporté. Il devrait y être écrit : «En mémoire de notre enfant chéri, mort le 22 janvier, victime d’une négligence d’un chasseur.» A la place de «mort», les parents auraient préféré «tué». Mais le conseil municipal en a décidé autrement.

Depuis la mort de son fils, David a racheté un quad, mais il n’a plus le cœur à ce loisir. Il ne s’en sert que pour porter ses bouteilles au conteneur du tri sélectif. «Ça ne me dit rien, je pense à Nicolas quand je suis dessus», dit-il. Sandrine est suivie par un psychologue, tandis que son mari n’en éprouve pas l’utilité. «Il a enfoui cela au plus profond de lui», dit-elle. Tous deux attendaient beaucoup du jugement. «On ne lui pardonnera jamais de nous avoir pris notre fils, et qu’on ne vivra plus jamais de la même façon», raconte Sandrine qui souhaitait que le chasseur «prenne de la prison ferme».

Elle a consacré beaucoup de son temps à rechercher sur Internet d’autres accidents et a fini par en dénicher un où un chasseur avait écopé de cinq mois ferme en mars en Lozère pour avoir tué un jeune cueilleur de champignons qu’il avait pris pour un sanglier. Sandrine souhaiterait que la mort de son fils «serve d’exemple», que les chasseurs se montrent prudents et que la justice «soit sévère pour faire peur aux gens». «Quand quelqu’un qui a bu tue avec sa voiture, il va en prison. Le chasseur, il va en garde à vue et puis il sort», regrette Sandrine. En 2012, elle s’est rendue à une réunion de chasseurs où elle a lu une lettre dans laquelle elle leur a demandé de respecter les «consignes de sécurité». Elle a dit ressentir de la «haine» envers celui qui avait tué son fils. Elle a entendu un grand silence, puis certains sont venus lui dire qu’ils la comprenaient.

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