Invité cewamale Posté(e) le 5 septembre 2005 GÉNÉTIQUE Le séquençage du génome du singe pourrait permettre de mieux comprendre l'évolution de l'homme Après l'homme, la souris et le rat, le chimpanzé est le quatrième mammifère à voir son génome – l'ensemble de ses gènes portés par ses chromosomes – séquencé. L'annonce a été faite hier dans la revue britannique Nature par un groupe de chercheurs, américains pour la plupart, réunis dans le Chimpanzee Sequencing and Analysis Consortium. Leur travail vient confirmer ce que l'on sait depuis une vingtaine d'années : le chimpanzé est l'animal le plus proche de nous génétiquement parlant. Les chercheurs sont parvenus à quantifier précisément cette «ressemblance» : nos gènes ne diffèrent que de 1,23% par rapport à ceux du singe. Et ils ont également montré que ces différences étaient localisées dans des zones bien précises de l'ADN (le support de l'information génétique). Le séquençage du génome du chimpanzé constitue une étape essentielle pour les scientifiques. «C'est un outil puissant, juge Luis Quintana-Murci, chercheur CNRS à l'Institut Pasteur. En comparant plus dans le détail les séquences génétiques de l'homme et du singe, on va pouvoir dire quels gènes ont pu être conservés au cours de l'évolution chez l'une ou chez l'autre des deux espèces.» Les biologistes estiment en effet que l'homme et le chimpanzé seraient devenus deux espèces distinctes voici quelque cinq millions d'années. L'objectif est donc de remonter à leur ancêtre commun et de savoir de quels «gènes ancestraux» ils ont pu hériter l'un et l'autre. Plus précisément, «on cherche à identifier quels sont les gènes qui ont été soumis le plus à l'action de la sélection naturelle et qui ont de cette manière pu faire l'objet de mutations génétiques [des modifications dans la séquence des molécules de l'ADN]», explique Laurent Duret, du laboratoire CNRS de biométrie et de biologie évolutive. Et c'est là la grosse difficulté qui attend les généticiens dans les années à venir. Car «toutes les mutations ne sont pas actives et avec une différence d'un peu plus de 1% entre les deux génomes, cela fait déjà des millions de mu tations à explorer pour savoir si elles jouent réellement un rôle dans la différenciation homme/singe», poursuit le biologiste. D'ores et déjà, les chercheurs américains ont annoncé avoir identifié des zones de l'ADN où la différence entre les deux espèces est importante. Ce sont précisément des régions génétiques impliquées dans des fonctions biologiques soumises à une forte pression sélective qui sont la reproduction, l'immunité et l'odorat. Mais les biologistes mettent également en avant un autre élément. Les modifications du génome elles-mêmes ne suffisent pas à expliquer à elles seules les différences entre l'homme et le singe. Ils invoquent alors ce qu'ils appellent la régulation des gènes. En d'autres termes, bien que nous partagions la majorité de nos gènes avec le chimpanzé, le rôle de ces gènes ou leur degré d'expression a pu changer au cours du temps. Depuis quelques années déjà, les recherches ont mis en avant le fait que nous possédions des gènes qui n'étaient pas associés à une fonction particulière, contrairement au chimpanzé. Les biologistes ont aussi remarqué que le singe était beaucoup moins sensible à des maladies comme le cancer ou la maladie d'Alzheimer. Des travaux tentent même d'expliquer la possibilité d'apparition du langage ou non par l'expression d'un gène particulier. Une question est donc sur toutes les lèvres : parviendra-t-on à comprendre ce qui fait vraiment de nous des hommes en comparant nos gènes à ceux du chimpanzé ? Il ne faut pas se faire d'illusion, le travail pour trouver les différences pertinentes entre les deux codes génétiques est déjà colossal. La réponse sera donc très longue à venir, si elle vient un jour. Jean Weissenbach, directeur du Centre national de séquençage, se demande même «si l'on pourra tirer quoi que ce soit d'utile de cette analyse. Un pour cent de différence, cela semble peu, mais c'est gigantesque.» Pour l'anthropologue Pascal Picq, ces recherches ont un grand mérite. Elles remettent en cause la suprématie de l'homme sur le chimpanzé en montrant que l'apparition des caractères humains ou simiesques n'est pas due à des phénomènes simples. Il convient désormais de s'interroger non seulement sur ce qui fait de nous des hommes, mais aussi sur ce qui fait du chimpanzé ce qu'il est. Les autres espèces de singes ne seront pas de trop dans cet objectif. «Le séquençage du génome du macaque a commencé, explique Laurent Duret. Et nous aurons besoin encore d'autres espèces de singes pour les comparer entre elles et trouver des différences flagrantes.»Source lefigaro.fr Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites