Les tiques

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Les tiques sont des acariens de grande taille dont certaines espèces parasitent le chien. En France, il s'agit essentiellement d'Ixodes ricinus, Rhipicephalus sanguineus et Dermacentor reticulatus. Le corps du male diffère de celui de la femelle, l'abdomen de celle-ci pouvant se dilater fortement. Brun rougeatre, le corps de la tique mesure de 2 à 10 mm. Aplati, il devient globuleux après le repas sanguin que ce parasite prend sur son hote. Les tiques se nourrissent en effet de sang. Présentes sur les végétaux, elles se fixent par leurs pièces buccales sur la peau des chiens qui passent à proximité. Elles inoculent alors une salive qui se solidifie pour former une zone de fixation. L'injection de substances anti-coagulantes et vasodilatatrices permet ensuite aux parasites d'absorber le sang du chien.

Si les larves, les nymphes (formes de vie du parasite précédant l'adulte) et les femelles adultes non fécondées consomment un repas sanguin partiel, les femelles fécondées peuvent absorber plusieurs millilitres de sang en un repas unique. A l'inverse, les males font plusieurs petits repas. A la fin du repas, la tique produit une salive particulière qui dissout la première et libère le parasite qui tombe dans l'environnement. Cette période de vie libre est beaucoup plus longue que la vie parasitaire.

Le role pathogène des tiques est direct et indirect. La pénétration des pièces buccales dans la peau du chien et l'injection de salive provoquent une irritation. Lorsque le parasite se détache, la zone cutanée ou il était fixé est abimé et peut permettre l'entrée de bactéries à l'origine d'infection. Si l'infestation est peu importante, le chien peut ne présenter aucun symptome. La spoliation sanguine due aux repas du parasite est importante lors d'infestation massive et peut provoquer une anémie. Dans certains pays (Australie, Etats-Unis), des espèces de tiques exercent une action toxique, à l'origine de paralysie parfois mortelle.

Des réactions d'hypersensibilité (allergie) sont parfois observées. Les tiques influent en effet sur l'immunité de l'hote. Lorsqu'il est à nouveau parasité par une tique, des symptomes apparaissent au point de fixation (prurit, rougeur), pouvant entrainer une difficulté à se fixer pour la tique. Une "immunité" se développe alors, protégeant le chien des infestations futures. Ceci ne justifie bien sur en aucun cas de laisser les tiques présentes sur un chien car elles peuvent transmettre de graves affections.

La piroplasmose, la plus connue, se traduit par une anémie hémolytique compliquée d'hépato-néphrite causée par un parasite des globules rouges du sang, Babesia canis. Transmis par D. reticulatus et R. sanguineus lors du repas sanguin, ce protozoaire provoque une maladie suraigue, aigue ou chronique. La piroplasmose se caractérise classiquement par de l'abattement, de l'anorexie, de l'hyperthermie, des urines teintées de rouge ou très sombres (contenant de l'hémoglobine), une anémie... Des formes atypiques existent (oculaires, respiratoires, digestives, nerveuses, musculaires), qui expliquent la difficulté du diagnostic dans certains cas. L'examen d'urine et l'examen sanguin permettent au vétérinaire de préciser son diagnostic lors de suspicion de piroplasmose. Le traitement vise alors à détruire le parasite sanguin par des médicaments administrés en injection, à administrer des diurétiques et à protéger la fonction hépatique. Le pronostic de la piroplasmose est toujours réservé en fonction de la gravité des séquelles hépatiques et rénales. Un vaccin existe, mais la meilleure prévention est la lutte contre les tiques.

L'hépatozoonose est une infection due à l'absorption par le chien d'un sporozoaire, Hepatozoon canis, présent dans la tique R. sanguineus. La maladie est souvent latente, le diagnostic clinique est impossible car les symptomes sont une fièvre régulière, une anémie et un amaigrissement progressif, une augmentation du volume de la rate, une paraplégie, puis la mort en 4 à 8 semaines. Le pronostic est particulièrement mauvais car aucun traitement efficace n'existe.

L'ehrlichiose est provoquée par la rickettsie (agent infectieux) Ehrlichia canis, transmise par R. sanguineus. Ce parasite des cellules sanguines sévit surtout dans les régions chaudes, notamment le bassin méditérranéen. La maladie se traduit par de la fièvre, de l'abattement, de l'anorexie, des écoulements oculaires et nasaux, une anémie, une leucopénie (baisse du nombre de globules blancs), des hémorragies nasales... Un passage à la chronicité est possible, provoquant la mort dans un tiers des cas. Le diagnostic fait appel à des examens sanguins. Dans tous les cas, il est recommandé de détruire les tiques du chien en l'inspectant au retours de promenade, et en le traitant préventivement contre ces parasites avec des produits efficaces et sans danger pour lui, ses maitres et l'environnement...


Source : Revue Chien 2000, hors-série n°9