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Néphélie-titmousefairycottage

La dominance : à tout prix ?

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Dominance, autorité, obéissance, sanctions et punitions… le cycle de la violence !



C’est autour de l’idée principale que le chien doit être dominé par l’homme que s’orientent les discours et les pratiques de nombreux professionnels. Les propriétaires de chien s’en inspirent pour orienter leurs propres conduites envers leur compagnon à quatre pattes.


Se sentant investis d’une mission, celle de dominer, il font appel aux moyens qui leur semblent les plus évidents.
L’objectif est de faire autorité sur l’animal, en particulier sur ses comportements. Cette autorité est alors dans un premier temps convoitée en contraignant le chien dans quelques situations définies à l’avance.


Interdit pour lui de franchir une porte le premier, de monter sur la canapé, de dormir dans la chambre, et il doit en permanence être renvoyé vers son panier ou son endroit de repos, voire être repoussé fermement lorsqu’il ose placer une patte sur la cuisse de son maître.

Malgré les quelques réponses favorables mais bien éphémères que produit le chien, la plupart des maîtres continuent, pour ne pas défaillir devant leur mission de dominance, et lui répètent sans cesse les directives qu’ils croient être comprises ou tout au moins efficaces. (puisqu’elles leur ont été conseillées par un professionnel)

Rapidement, devant le constat de ces premières difficultés à atteindre l’objectif fixé, vient se greffer la nécessité de l’obéissance. Il faut dominer le chien et il faut donc le faire obéir ! Entendez-là il faut qu’il apprenne à être dominé en obéissant.

Pourtant pour obéir, il est nécessaire de comprendre.

Nous sommes donc là dans un rapport de force avec le chien, qui a beaucoup de mal à s’y accorder.

« Assis, couché, pas bouger » viennent ponctuer cette nécessité d’autorité. A chaque action non souhaitée, non attendue, ou à la moindre sollicitation du brave toutou, ce sont cris, ordres et positions qui sont au rendez-vous.

Que de difficultés, et d’énergie déployée pour faire entendre raison à cet animal qui n’arrive pas à se maîtriser une fois pour toutes. Comment faire ?

Bien sûr le chien obtempère de temps à autre, mais c’est loin d’être parfait.

Toujours dans la croyance d’une dominance sur l’animal, et qui vient d’être renforcée par les quelques réponses favorables du chien à l’obéissance, les propriétaires sont convaincus qu’il ne reste plus qu’à « traiter » les situations où leur compagnon à quatre pattes ne s’exécute pas.

Il convient de progresser encore, alors sanctions et punitions pour le désobéissant apparaissent !

Frappé (avec la main, le journal roulé, la laisse, le martinet, etc.), secoué par la peau du cou, retourné sur le dos (liste bien loin d’être exhaustive), le chien se terre encore un peu plus ( ou se rebiffe… légitimement, et menaces ou agressions voient le jour).

Il est inquiet, méfiant, mais son maître est tellement satisfait d’avoir rempli sa mission de dominance qu’il est totalement incapable de percevoir la détresse de son animal favori.

Avec les sujets plus récalcitrants, l’utilisation d’une muselière, d’un collier électrique, d’une cage s’impose pour cet éternel rebelle qui n’aura jamais accepté de se soumettre… quand ce n’est pas sa mise à mort qui est proposée.

Ce parcours peu banal, est pourtant plus fréquent que l’on ne l’imagine, c’est celui de « la dominance à tout prix ».

On comprend mieux pourquoi brutalités et violences peuvent être proposées aux maîtres et comment ils y succombent. On voit mieux aussi avec quelle facilité et quelle rapidité, les propriétaires, bien malgré eux, détériorent les relations avec leur chien sous des prétextes d’amélioration.

Il est incontestable que l’objectif de dominer son chien, comme il est présenté depuis bien longtemps, doit être revisité.

En effet, il s’agit surtout de procurer les meilleures conditions de relation, en tenant compte de la particularité du chien intégré à la famille et des difficultés de celui-ci à s’adapter à cette situation.

Cela passe par la compréhension des codes sociaux canins et par l’organisation subtile (cohérence, constance, fiabilité) des relations entre la famille et son toutou.

Cette bonne gestion de la cohabitation aura pour effet d’apaiser le chien qui, confiant en ces bons échanges, se verra mieux réceptif et attentif aux propositions que ses maîtres lui font.

Gérer n’est pas dominer, et proposer n’est pas contraindre. Paradoxalement le chien y répond plus rapidement et beaucoup mieux.

Ici, l’objectif est bien différent de celui de vouloir assurer une dominance sur le chien !

Il s’agit de libérer les tensions et incompréhensions dans la relation, au contraire de les alimenter par des réactions inappropriées.

Enfin, je recommande la plus grande prudence à tous les propriétaires de chien auxquels sont proposées des pratiques brutales, voire barbares, ou auxquels est présentée la nécessité d’une prétendue dominance.

Car ce n’est jamais l’appellation ou le satut de celui chez qui l’on prend conseil qui doit nous assurer de ses compétences, mais bien ce qu’il fait de ses connaissances. Toute guidance vers les brutalités et la violence, comme vers l’utilisation de moyens « mécaniques » (colliers électriques, cage, muselière, martinet…) doit alerter chacun sur la limite atteinte dans les compétences de celui ou celle que l’on consulte.

Il n’est pas interdit de refuser ces maltraitances, car c’est bien de cela qu’il est question, sur son animal !

Rares sont ceux qui réussissent seuls, à cause des nombreuses idées reçues et recettes simplistes qui foisonnent autour du chien familier, dans la tâche de construire une autre relation, et une aide professionnelle axée sur ces rapports entre les propriétaires et leur chien se justifie amplement.


Michel Quertainmont
Comportementaliste

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