Néphélie-titmousefairycottage 0 Posté(e) le 15 avril 2008 De tous les animaux de compagnie, pourquoi en choisir un plutôt qu'un autre ? Tout simplement parce qu'on va chercher celui qui nous ressemble le plus. Notre animal est l'image parfaite que l'on veut donner et recevoir de soi, un miroir autant qu'un faire-valoir. Enquête.L'animal de compagnie : un "délégué narcissique""Pourquoi j'ai une passion pour les insectes ? Autant me demander pourquoi je suis ce que je suis. J'ai tellement voulu comprendre la raison de cet amour si violent qui me pousse vers eux. Et puis, j'ai fini par admettre un trait de mon caractère : l'attrait pour le bizarre, l'étrange et le mystère ; c'est peut-être cette attirance particulière qui m'a orienté vers les insectes, eux-mêmes créatures bizarres, étranges et mystérieuses". Rémy Chauvin, auteur d'Une étrange passion (éd. Pré aux clercs), n'a pas choisi les insectes par hasard. Ceux-ci lui ont toujours semblé "familiers", à tel point qu'il pense leur ressembler. C'est dire si l'attrait vers un type d'animal et plus encore la décision de posséder tel ou tel compagnon est un acte singulier et révélateur de notre personnalité. La fameuse scène des 101 Dalmatiens où chaque propriétaire est la copie conforme de son chien n'est pas totalement fictive. Loin de là. Selon Marc Traverson, vétérinaire, l'observation attentive des assemblages homme-chien démontre que le choix d'une race ou d'un type de canidé permet au maître de se distinguer. Il dresse l'inventaire des grandes tendances du moment qu'il classe en familles au nom compliqués : le baba-cool "rusticanin" a un sympathique corniaud qui le suit partout ; le "pseudo-rusticanin" habite la ville rêve de grands espaces et possède un husky ou un samoyède ; le "compétiteur canin" participe à tous les concours de beauté et d'aptitude avec son chien de race d'un excellent pédigree ; le "dompteur" est un macho qui récupère les "délinquants canins" (pitt, rott, dogue ou doberman) pour les reprendre en main, etc. Difficile de ne pas se sentir visé à un moment ou à un autre.Une vitrine politiqueBoris Cyrulnik, neuropsychiatre, voit lui aussi dans le chien ce qu'il nomme un "délégué narcissique". Son choix parle du propriétaire. Pour lui, "l'animal de compagnie est un faire-valoir, faire-valoir pour soi, bien sûr, mais aussi et surtout, faire-valoir aux yeux des autres". Le fait que 51% des Français considèrent le labrador comme le compagnon idéal est à ce titre très révélateur. Fidèle, intelligent, élégant, bon, doux et tendre, on peut comprendre que beaucoup rêvent d'être associés à son image. Il est à tel point consensuel qu'il est devenu l'emblème de l'ancien Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, qui a inauguré la mode avec son labrador noir, Jugurtha, et la chienne baltique est devenue une vedette nationale lors des funérailles de son maître, François Mitterrand. D'étiquette sociale, l'animal de compagnie est même devenu une vitrine politique. Très forts ces politiciens...Des animaux dits "féminins" ou "masculins"Lorsqu'ils s'occupent d'animaux familiers, les hommes adoptent volontiers une attitude "autoritaire" et les femmes une posture "affective". De fait, certains animaux sont plutôt "féminins", d'autres plutôt "masculins". D'après Boris Cyrulnik, "les animaux que préfèrent les femmes sont ceux dont il faut s'occuper, qu'il faut rendre dépendants". Certains chiens - les caniches ou les yorkshires - sont ainsi plébiscités par les femmes et les plus de 65 ans car ils ne "demandent" qu'à être maternés. Le chat aussi est apparenté aux femmes, ou du moins aux personnes les plus calmes, sensibles ou indépendantes, qui apprécient chez lui des caractéristiques qui leur ressemblent. Le Dr Marc Traverson distingue trois types de propriétaires félins : la femme fatale et son persan blanc, l'écrivain pour qui l'élégance naturelle et la discrétion des chats incitent à la réflexion voire au recueillement, enfin la petite grand-mère qui consacre toute son énergie à ses quinze chats.Le pitt pour les caïdsSi les animaux expriment ce que nous sommes, ils répondent aussi à nos besoins. Peu étonnant donc que les pitbulls, amstaffs et autres molosses - symboles masculins - soient devenus les emblèmes de ceux qui veulent se donner des airs de gros durs. L'idée (fausse) que le pitbull est la "racaille" du monde canin est largement répandue. De là à l'assimiler aux "trublions" du genre humain, il n'y a qu'un pas. Ces chiens, particulièrement appréciés des garçons de 15 à 24 ans, répondent à un désir pressant de s'affirmer. Puissants et trapus, les chiens molosses tiennent les plus effrontés à distance et imposent le respect aux autres. Les jeunes caïds se régalent en donnant à autrui le spectacle de la domination qu'ils exercent (ou croient exercer) sur un être fougueux, puissant ou réputé dangereux.Les rats pour les révoltésLe rat, dans un autre genre, est lui-aussi le porte-voix des rebelles de la société. Etroitement associé aux punks dans les années 80, ce petit rongeur est aujourd'hui encore le faire-valoir de certains révoltés. Réputé tenace, téméraire, rusé, souple, intelligent, méfiant et stratège, il dérange. C'est dire si un rat gris juché sur un perfecto bardé de chaînes et d'inscriptions vengeresses représente encore un signe de révolte caractérisée. Le Dr Marc Traverson précise d'ailleurs : "Le rat gris, dans les animaleries, est vendu plus cher que le rat blanc. Car c'est un vrai de vrai, "un méchant", semblable à ceux qui mordent les mollets des égoutiers".Animaux décalés pour maîtres dérangés ?Que penser alors des possesseurs d'iguanes, de chauves-souris ou d'araignées ? Le vétérinaire situe ces propriétaires dans la catégorie des "décalés" : "Rien de péjoratif, précise-t-il, ils s'inscrivent tout simplement en marge du gros de la troupe de leurs contemporains qui se contentent généralement d'un épagneul ou d'un canari". Il est vrai que posséder un serpent peut-être troublant tant l'animal occupe une place à part. "Depuis son flagrant manque de pot au premier casting, le serpent traîne au bout de sa queue une kyrielle de casseroles symboliques", précise Marc Traverson. Certains propriétaires (tel l'adolescent assidu de Stephen King, fanatique de films gores et de hard-rock ésotérique) se régalent du côté morbide du froid reptile : un oeil vitreux, du sang "froid", un venin qui tue ...Un petit bout de jungleGageons que l'entourage familial de cet amoureux des bêtes vit dans la crainte. Il n'ose plus s'introduire dans la chambre et regarder sous le lit : "En acquérant des araignées ou des serpents, la plupart des gens expriment un malaise, un besoin de s'affirmer", confie le Dr Firmin, vétérinaire et spécialiste des "Nouveaux animaux de compagnie" (NAC). Il distingue en fait deux types de propriétaires de reptiles : "Les idiots qui achètent pour faire impression, et les vrais passionnés qui achètent par ... passion". A classer dans cette seconde catégorie, les "aventuriers", pour qui ces animaux expriment un désir de s'évader, une envie d'exotisme. Même dans un appartement parisien de 30 m2, ces voyageurs dans l'âme ont à domicile un "petit bout de jungle" auquel se raccrocher. Aïbo, le chien-robotSi chacun va chercher l'animal le mieux adapté à l'image qu'il veut recevoir et donner de lui, que dire des nouvelles modes qui nous viennent de l'étranger ? Les Américains, depuis le succès du film Babe, ont fait du cochon un animal de compagnie et les Japonais exhibent dans leur salon des méduses en aquarium. Plus fort encore, Sony a sorti il y a quelques années déjà Aïbo, son premier chien-robot qui préfigurait, selon la firme japonaise, "l'animal de compagnie du XXIème siècle". Depuis, Aïbo a fait beaucoup de petits. Le chien-robot va-t-il engendrer des maîtres "technoïdes" qui s'identifieront à... une machine ?Source : psychonet.fr Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites