Néphélie-titmousefairycottage 0 Posté(e) le 28 octobre 2008 Info du 28/10/2008Canada - Les vétérinaires dans la rue Des étudiants en médecine vétérinaire dispensent une fois par mois des soins gratuits aux animaux des jeunes de la rueSi mignon et si sage, Bidule n’a pu s’empêcher de pousser des miaulements à fendre l’âme lorsqu’une étudiante en médecine vétérinaire a inséré une aiguille dans son petit cou duveteux. À côté, vêtu d’un blouson et d’un jean ample, perçage au sourcil, Francis-André Desrosiers s’est bouché les oreilles pour ne rien entendre des gémissements de son chaton, qui recevait son premier vaccin. «Je vais toujours m’en occuper», a-t-il lancé en regardant tendrement sa Bidule, âgée de trois mois. «Mon chien, je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose. S’il meurt, c’est une partie de moi qui va mourir», insiste pour sa part Karl, propriétaire de Vader, «le plus beau chien bâtard de la ville» qui porte le nom de son groupe de métal préféré. «Sérieux, c’est comme si c’était mon enfant!»Ce n’est pas parce qu’ils sont dans la rue que les jeunes de Chez Pops ne prennent pas soin de leurs toutous et minous. Et c’est justement parce qu’ils ont réclamé plus de soins pour leurs animaux de compagnie qu’a été mise sur pied, il y a huit ans, la clinique de médecine vétérinaire pour les animaux des jeunes de la rue. Une fois par mois, une quinzaine d’étudiants de troisième année en médecine vétérinaire de l’UdeM et en techniques de santé animale du Cégep de Saint-Hyacinthe, supervisés par sept vétérinaires diplômés, s’installent dans les locaux de Chez Pops, rue Ontario, pour offrir des consultations gratuites. «On se rend compte qu’on peut aller chercher les jeunes à travers leurs animaux et en même temps enseigner à nos étudiants. On a une situation gagnante sur toute la ligne», croit Diane Blais, l’administratrice du projet.Une idée généreuseL’idée d’une telle clinique de rue a atterri un peu par hasard il y a presque 10 ans sur le bureau de Mme Blais. Travaillant à la réforme du programme de la Faculté de médecine vétérinaire, elle était alors vice-doyenne aux affaires étudiantes et responsable des stages précliniques de la Faculté. Une maladie virale avait fauché la vie de plusieurs chiots au grand désespoir de certains jeunes de la rue et le père Emmett Johns, dit «Pops», avait demandé à un bénévole de téléphoner au refuge pour animaux abandonnés dont la Dre Blais était justement la «grand-mère». «Le projet était de faire de ces consultations une activité d’enseignement pour nos étudiants en même temps que de rendre service aux jeunes de la rue», explique Diane Blais.Enthousiaste, le vice-doyen a été facile à convaincre. Des compagnies comme Pfizer, qui fournit notamment les vermifuges, les vaccins et de quoi rémunérer en partie les vétérinaires qui acceptent de superviser l’activité, et Mondou pour les animaux, qui donne de la nourriture et des cages de transport, se sont également associés au projet. D’autres joueurs, qui ne voyaient pas d’un très bon œil la «concurrence déloyale» que constituaient ces séances gratuites d’examen par les étudiants de la Faculté, sont par contre venus tirer dans les pattes des organisateurs. L’activité est à but non lucratif, supervisée et réalisée dans le cadre d’un cours, a poliment tranché Diane Blais. Et fait d’ailleurs drôlement plaisir aux jeunes de la rue, comme l’a laissé entendre sans équivoque Karl, à la journaliste de Forum. «Il y a du monde fin sur la planète! Ils viennent nous donner du vétérinaire gratuit, c’est cool!»Une consultation plus humaineLe soir du 15 octobre, jour de la visite de Forum, les locaux exigus de Chez Pops – pour cause de rénovation – ressemblaient à une animalerie. Au milieu d’un tumulte de jappements, de miaulements et d’éclats de rire, les étudiants s’affairaient, concentrés, à examiner leurs patients à fourrure du museau à la queue. C’était l’occasion pour eux de mettre en pratique ce qu’ils apprennent. «La relation avec le client est extrêmement importante: comment expliquer les choses, comment écouter et bien répondre aux questions sur la stérilisation, l’alimentation, les vaccins, mentionne la Dre Blais. Ces jeunes-là ne vivent pas comme tout le monde. Il faut s’adapter.»Il y a en effet plus d’engelures à soigner l’hiver et de coussinets surchauffés en été: avec des maitres qui passent la majeure partie de leur temps dehors, les petits bobos des animaux diffèrent légèrement. «C’est une clientèle formidable, soutient pour sa part Claudine Savard, ancienne stagiaire devenue vétérinaire-conseil dans le projet. Les jeunes passent tellement de temps avec leurs animaux qu’ils savent tout d’eux. Jusqu’au nombre de fois que leur chien s’est gratté l’oreille droite dans une journée.»Ici, pas d’interventions techniques comme la stérilisation ni de chirurgie exigeant une anesthésie générale. L’expérience est axée sur la prévention et le côté humain. «On ne fait pas juste donner un vaccin, on soigne une relation entre un individu et son animal, fait remarquer l’étudiante de quatrième année et responsable de la clinique Julie-Anne Gervais. Et, en gardant les animaux en santé, on préserve aussi celle des êtres humains.»Lisa-Marie Gervais Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites