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Ami d'enfance

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Ami d'enfance

SANG FROID. De plus en plus d'adolescents voire d'enfants vivent avec un lézard, un boa ou un iguane. Les lapins, les perruches et même les rats semblent trop gentils.


Laureline Duvillard
Mercredi 10 septembre 2008



Ils mangent des grillons, des souris ou des crickets. Leurs écailles n'ont plus rien à voir avec la fourrure du cochon d'Inde, celui dont la douceur rappelait la peau câline de Nounours. De toute façon, les caresses, ils n'aiment pas. Et pourtant. Lézards et serpents, iguanes et insectes sont les nouveaux compagnons animaliers des adolescents. Et l'intérêt pour ces reptiles commence de plus en plus jeune. «Récemment, un petit garçon d'une dizaine d'années est venu pour acheter un cochon d'Inde. Et puis, il a vu les couleuvres. Il en a touché une, il a trouvé ça mieux. Une semaine après, il revenait pour en acheter une», remarque Karene Vuarnoz vendeuse à l'Animalerie du Gibloux, à Vuisternens-en-Ogoz. «Les jeunes sont passionnés par les reptiles, parce que cela ressemble à des dinosaures», note Marie-Laure Leone, vendeuse à l'animalerie du Garden Centre à Assens. Sûr, un pogona à l'allure préhistorique chassant son grillon, c'est plus intrigant et plus valorisant qu'une souris neurasthénique dans sa grande roue.

La tendance s'observe partout. A Peseux où Anne-Marie Weber, coresponsable d'Aquamail raconte: «Nous avons commencé avec les reptiles il y a cinq ans. Il y a de plus en plus de demande de la part des jeunes, surtout pour les lézards.» Et Ludovic Roulin, d'Animag à Yverdon, de confirmer.

«La plupart des mes copains ont un reptile à la maison, pour la majorité un lézard ou un serpent», souligne Sélim, 14 ans. Sélim élève des reptiles dont il connaît les noms latins, depuis l'âge de neuf ans. Désormais, le python royal ou le pogona, classés comme le lapin ou le hamster sous le terme de NAC (nouveaux animaux de compagnie) sont des bêtes familières. Même si le contact avec les humains n'est pas ce qu'ils préfèrent. «Les reptiles sont craintifs, ils n'apprécient pas les caresses, et ils ne vont pas s'habituer à des personnes mais à des gestes», remarque Cédric Poschung, responsable du Vivarium de Lausanne. Sélim le note aussi: «On peut manipuler certaines espèces, mais ce n'est pas fait pour jouer avec». Ainsi, pour leur bien-être, pas question d'un long voyage hors du terrarium. Sauf pour un tour au soleil sous haute surveillance à l'intérieur du jardin, ou pour une balade dans la chambre où, d'ailleurs, «tout est en hauteur» pour retrouver plus rapidement la bête en cas de tentative d'évasion. D'ailleurs, à la question de savoir si ses reptiles portent un prénom, Sélim répond, amusé: «Mais, on ne donne pas de noms à ses reptiles!» C'est vrai, qu'un serpent qui se nomme elaphe guttata n'a pas besoin d'être rebaptisé Rex ou Croquette.

On l'aura compris, un boa constrictor ne se manipule pas comme un chaton. Et ces amis d'enfance pas comme les autres réclament des conditions de détention exigeantes. «Par exemple, pour un pogona, il faut un terrarium assez haut, avec une longueur d'environ 1m20 et une profondeur de 60centimètres, ce qui constitue un gros investissement», explique Marie-Laure Leone. A l'aspect financier viennent se greffer les contraintes de temps. «J'ai du vendre mes serpents, mes geckos et mes lézards. Avec mon apprentissage, je n'avais plus le temps de m'en occuper comme j'aurais dû», note Christopher, 22 ans, passionné par les reptiles depuis un face-à-face fortuit avec une couleuvre. «Vers 8-10 ans, j'ai trouvé un serpent dans la nature, j'étais fasciné, je l'ai ramené à la maison. Ma mère m'a dit que sa place n'était pas là, mais que si je le relâchais, elle m'en achèterait un. Je suis allé le relâcher et la semaine d'après, j'avais une couleuvre d'Amérique.»

Un cadeau dont Christopher a pleinement endossé la responsabilité, enrichissant ses connaissances au gré de livres spécialisés. Car, en matière de reptiles, connaître l'espèce et ses besoins est indispensable. Non seulement pour préparer à l'animal un espace adéquat, mais aussi pour effectuer les gestes adaptés. «Il y a des cas où des gens offrent un serpent à un enfant. Ils arrivent alors avec l'animal, mais ils ne savent même pas de quelle espèce il s'agit et le terrarium n'a pas été préparé», remarque Cédric Poschung. Ainsi le responsable du Vivarium de Lausanne tente-t-il de freiner un peu cette mode des reptiles, en mettant en garde contre un achat impulsif.

Car au milieu des jeunes passionnés par les reptiles se trouvent également des ados pour lesquels un python est synonyme de frime dans la cour de récré. «Des fois, malheureusement, les gens prennent un animal exotique à la maison pour épater la galerie», note Sylvie Clerc, responsable de Reptilishop à Orbe. Posséder un reptile, surtout un serpent, se transforme alors en faire-valoir identitaire. C'est en partie l'analyse de Vincent Quartier, maître-assistant en psychologie de l'enfant et de l'adolescent à l'Université de Lausanne: «Derrière l'effet de mode, le fait de posséder un serpent n'est sans doute pas anodin. Cet animal est le vecteur d'une image qui n'est pas neutre du point de vue des représentations. L'enfant ou l'adolescent pourrait par exemple s'identifier à la représentation de puissance ou de dangerosité que représente le reptile. Peut-être est-ce pour lui une façon de compenser une fragilité narcissique ou de se sentir protégé?»

«Aie confiaaaance», comme dit Kaa, le python du Livre de la jungle.

Pour voir l'article, cliquer ici.

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