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Max|mum-leterrarium

La voiture, serial killer de salamandres

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La voiture, serial killer de salamandres



Ce sont surtout les femelles qui, entre les mois de mars et mai,
sur le chemin qui les mène au ruisseau où elles déposent leurs larves, sont
victimes par milliers des voitures. Nous nous sommes rendus à Paudex, dans le
canton de Vaud, pour constater l'étendue des dégâts, en compagnie du spécialiste
et photographe Jean-Marc Fivat

Frédéric Rein - le 28 mars 2009, 19h47
Le Matin Dimanche
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Le drame s'est passé un soir de mars, il y a quelques jours. La nuit était
tombée sur ce chemin goudronné d'un quartier résidentiel de Paudex, dans le
canton de Vaud. Une femelle salamandre - amphibien noir d'une vingtaine de
centimètres, dont le dos est orné de deux bandes longitudinales jaunes
discontinues - traversait ce mince ruban d'asphalte pour se rendre à la rivière
située de l'autre côté quand elle fut happée par une voiture. Bilan: une
trentaine de morts! Car, comme chaque printemps depuis ses 3 ans, cette
salamandre prenait le chemin du ruisseau pour y déposer la trentaine de larves
qui avaient grandi dans son ventre. Car les oeufs de la Salamandra salamandra
terrestris - espèce tachetée à bandes, présenteen Suisse romande - éclosent dans
son abdomen et croissent jusqu'à atteindre de 2,5 à 3 centimètres de long.
Sans ce tragique accident, les larves aquatiques brunâtres - que l'on
différencie de celles des tritons alpestres grâce aux taches jaunes ornant leurs
pattes - seraient restées dans l'eau pendant trois à cinq mois, suivant la
température. Ensuite, elles auraient vu leurs branchies externes remplacées par
des organes internes adaptés à la vie terrestre. Trois ans plus tard,
généralement entre juillet et septembre, les femelles se seraient accouplées sur
la terre ferme. Au terme d'un enlacement langoureux, madame aurait saisi un
petit paquet de semence - le spermatophore - déposé par le mâle. Après
l'hibernation (d'octobre à février ou mars), elle serait sortie de sa cavité
humide à l'abri du gel pour revenir à la rivière, un soir de pluie, y déposer à
son tour ses larves.
Imprimées sur le bitume
Mais ce cycle de vie a été brisé en cette
soirée de mars 2009. Un cas parmi des milliers, bien qu'il n'existe pas de
statistiques routières en la matière. «Entre mars et mai, quand les salamandres
migrent habituellement vers leur lieu de reproduction [cette migration est
relativement mal connue des spécialistes, qui s'accordent toutefois à dire que
les femelles peuvent parcourir 500 mètres, voire plus, ndlr], on assiste à un
vrai carnage! Leur espérance de vie de 20 ans chute alors drastiquement»,
déplore Jean-Marc Fivat, photographe naturaliste et membre du Karch, le Centre
de coordination pour la protection des amphibiens et des reptiles de Suisse. Et
le spécialiste ne peut se résoudre à les voir imprimées sur le bitume comme
autant de traces de leurs pérégrinations nocturnes: «Il suffirait que les
automobilistes fassent attention à ces batraciens de vingt centimètres pour
parvenir à les éviter, d'autant qu'ils ne bougent pas face aux feux des
voitures, contrairement aux grenouilles. Dans les nouvelles zones d'habitations
à l'étude sur la Riviera lémanique, nous essayons d'ailleurs d'influer pour
faire en sorte que la route ne soit pas adjacente à la rivière.»
Vous en avez également assez de voir ces «mini-passages pour piétons jaune et
noir» joncher la route qui passe devant chez vous? Jean-Marc Fivat préconise de
contacter le Karch ou d'en parler directement avec votre conseiller communal en
charge de la voirie.
Une espèce protégée
De plus, les cadavres des salamandres ne
nourriront pas d'autres animaux, trop conscients de leur toxicité proclamée par
les deux bandes jaune vif calquées sur ce noir luisant. «Hormis l'homme, avec
ses voitures et les produits chimiques qu'il déverse dans l'eau, les prédateurs
de la salamandre sont extrêmement rares et méconnus des spécialistes. Mais si un
chien, un chat ou un renard en touche une avec son museau, il se mettra à
saliver fortement, et on ne l'y reprendra plus. Quant à l'homme, il peut la
prendre dans ses mains sans qu'il y ait de conséquence. Mais s'il y a un contact
avec une blessure ou avec les muqueuses, il ressentira comme une brûlure, qui se
calmera une fois sous l'eau. De toute façon, comme c'est un animal protégé,
personne n'est supposé la toucher», précise Jean-Marc Fivat. Même pas pour
tenter de vérifier la croyance qui veut qu'en la lançant dans le feu, celui-ci
s'éteigne... Car ça, c'est vraiment une légende!
Comment les observer

Quand?
Les nuits des mois de
mars à mai (quand la température excède les 2°C) sont particulièrement propices
à l'observation des salamandres, puisque les femelles viennent déposer leurs
larves dans le ruisseau. Comme ce batracien apprécie l'humidité, il est
conseillé d'y aller de nuit, alors que le ciel est couvert ou qu'il pleut.

Où aller?
Le long des ruisseaux, à moins de 700 mètres d'altitude,
dont le courant est faible et qui sont dénués de poissons, amateurs des larves.
Ces ruisseaux doivent aussi disposer d'abris (pierres, amas d'algues) où les
larves peuvent se cacher. La salamandre étant avant tout une hôte des forêts,
les ruisseaux forestiers lui sont très favorables. Cependant, s'il y a des
caches (terriers de très petits mammifères, fissures, bouches d'égouts) et un
cours d'eau, elle arrive également à se maintenir en permanence dans les zones
habitées, même à plus d'un kilomètre d'une forêt.

Que prendre avec
soi?

Une lampe de poche, et des bottes si l'endroit est boueux.


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