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Bêtes de science

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Bêtes de science

POUYDESSEAUX. Grâce à ses grenouilles et sangsues, le centre Rostand accompagne la recherche

C'est un conservatoire de la faune et de la flore. Le Centre Jean-Rostand, niché au coeur d'une forêt récemment clairsemée par Klaus, aux alentours de Pouydesseaux, porte le nom de son fondateur. L'éminent biologiste et historien des sciences français a choisi cet endroit en 1962 avec son unique collaborateur, Pierre Darré. Sa vocation : vulgariser la biologie, éveiller les consciences à l'écologie et mener des recherches en milieu naturel. Quarante-sept ans plus tard, ces dernières ont trouvé plusieurs applications médicales par le biais de deux petites bêtes : la grenouille et la sangsue.

La première assiste les chercheurs de la Pitié-Salpêtrière à Paris, depuis sept ans pour des travaux visant à mieux appréhender les causes de la mort subite du nourrisson ou de l'apnée du sommeil. « La résolution des grands problèmes biologiques est toujours passée par l'étude de la grenouille », explique Pierre Darré, biologiste et directeur du centre Jean-Rostand.

« Il y a quelques années, un médecin de la Pitié-Salpêtrière, Christian Strauss, s'est intéressé, lors d'un voyage au Canada, à des travaux menés sur le chaos respiratoire à partir de grenouilles taureaux. Le batracien est idéal pour ce genre de recherches car il connaît deux vies : l'état de têtard, où il respire grâce à ses branchies. Puis celui de grenouille, où sa respiration devient pulmonaire. » Comme le bébé à naître passe de la respiration in utero à l'air libre. « Le têtard passe ce cap sans problème, poursuit Pierre Darré. Ce qui n'est pas le cas des bébés victimes de mort subite. » Les travaux entendent comprendre comment ce passage s'effectue chez le batracien pour l'améliorer ensuite chez l'humain. « C'est une aventure extraordinaire », s'enthousiasme Pierre Darré.

Contacté par l'hôpital parisien, le centre Jean-Rostand a réalisé des croisements et obtenu une grenouille capable d'engendrer de gros têtards. « Ses pontes sont récoltées, développées en laboratoire avant d'être remises en milieu naturel, puis envoyées par colis à Paris où les têtards sont étudiés. » De la ponte à la livraison, trois mois sont nécessaires.

Trois mâchoires et 120 dents

Du côté de la sangsue, la seconde petite bête, dire qu'elle a fait son cocon au centre est un euphémisme. Le site de Pouydesseaux est la quatrième unité de production de sangsues médicinales dans le monde. « À l'origine, il y a le biologiste montois Jacques Latrille. Un de ses amis, chirurgien de la main, lui avait fait part de ses problèmes de rejet de greffe. Latrille a pensé que la sangsue pourrait peut-être les régler lorsqu'il a lu qu'un médecin russe les utilisait à des fins médicales », se souvient Pierre Darré. Et il avait raison. Avec ses trois mâchoires et 120 dents, l'animal est vorace. Il peut avaler 20 grammes de sang. « Il évite ainsi la formation de caillots. Et en plus, c'est une usine à enzymes. À travers sa bave, il injecte de l'hirudine, une substance qui fluidifie le sang. » Du pain béni pour les opérations de greffes.

Après l'acquisition d'un bien à Audenge, Jacques Latrille et son épouse ont créé une seconde structure de production de sangsues. Celle de Pouydesseaux. Aujourd'hui, le centre approvisionne le monde entier, du Japon au Canada en passant par les États-Unis. Et du fond de sa forêt landaise, apporte sa petite pierre à l'édifice de la recherche scientifique.

À cause de la tempête, le centre Jean-Rostand a dû rester fermé à Pâques. Il rouvrira le 1er mai.

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