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Max|mum-leterrarium

Europe : le crapaud capote

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Europe : le crapaud capote


Les amphibiens décroissent. Au point que 23 % sont classés sur
la liste rouge européenne des espèces menacées, alerte une étude révélée lors de
la journée mondiale de la biodiversité.

On n’a jamais vu une grenouille avec des plumes, et c’est bien dommage. Car
si le déclin des espèces volatiles émeut aisément l’opinion, celui des
batraciens, en revanche, la laisse froide comme leur sang. Grenouilles,
crapauds, tritons et salamandres sont pourtant en mauvaise passe sur le Vieux
Continent. Selon une étude réalisée à la demande de la Commission européenne par
l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), un quart des
espèces européennes d’amphibiens - il en existe au total 85 - sont menacées de
disparition et plus de la moitié (59 %) sont en déclin. Les batraciens ne sont
pas seuls à péricliter. Les reptiles - serpents, lézards et tortues - sont eux
aussi sur la sellette, avec 42 % d’espèces déclinantes. Au final, l’UICN classe
23 % des amphibiens et 21 % des reptiles sur la liste rouge des espèces menacées
en Europe.
Les premiers se portent encore plus mal au niveau mondial, où une espèce sur
trois court un danger critique. Les grenouilles arboricoles, singulièrement, ont
la tête sur le billot, victimes des déforestations tropicales et d’une mycose
friande de canicule. Or, le champignon a récemment mis le pied, si l’on peut
dire, sur le continent européen. « Des cas ont été constatés en Espagne, en
altitude et par forte chaleur », explique Alain Pagano, maître de conférences en
écologie à l’université d’Angers et spécialiste du sujet. Encore limitée, cette
apparition inquiète, alors que le monde se prépare au réchauffement
climatique.
Mais pour l’heure, la cause principale du déclin des amphibiens en Europe est
à chercher dans l’action humaine et les bouleversements qu’elle inflige à leurs
habitats. Routes, voies ferrées ou encore lotissements ont peu à peu rogné sur
les zones humides. Quand les constructions ne les ont pas détruites, elles les
ont isolées les unes des autres, freinant le brassage des individus et
favorisant une consanguinité stérile. « Quand on est une grenouille, mieux vaut
courir le gueux que de se cloîtrer avec son concubin », résume Alain Pagano.
L’agriculture intensive est elle aussi en cause, entre autre du fait des
pesticides qui ont contaminé les mares. Idem pour la pollution en général.
L’introduction d’espèces envahissantes, enfin, est pointée du doigt. Exemple
éloquent : celui de la grenouille taureau - elle meugle… -, vraisemblablement
rapportée des États-Unis par un particulier. Trente ans après, elle envahit le
sud de la France, bouffant les ressources des autres espèces.
Résultant de l’action humaine, la disgrâce des batraciens ne pose pas
uniquement un problème éthique. « D’abord, elle est le reflet d’un mal-être plus
profond de la biodiversité », explique Florian Kirchner, chargé du programme
Espèces pour l’UICN-France. Par ailleurs, alors que les amphibiens, amateurs de
moustiques et autres insectes, contribuent à la régulation réciproque des
espèces, leur perte pourrait priver les écosystèmes de ce service, poursuit-il.
D’un point de vue scientifique, enfin, ils sont les porteurs potentiels de
molécules susceptibles d’intéresser l’homme. « En 2000, une grenouille à
incubation gastrique (elle "couvait" dans son estomac - NDLR) a été découverte
en Australie, ce qui ouvre des perspectives de remède contre les ulcères »,
raconte Florian Kirchner. Las, l’espèce a disparu avant qu’on ait le temps
d’exploiter sa capacité à protéger ses oeufs des sucs gastriques.
Que faire pour juguler la décroissance ? Préserver et restaurer les espèces
menacées et créer, à cet effet, des espaces protégés. Prendre en compte, aussi,
les enjeux de la biodiversité dans les politiques sectorielles. En renonçant à
l’agriculture intensive ou en révisant, si nécessaire, le tracé d’une route,
voire en l’aménageant de tunnels afin que les bêtes puissent la traverser. Enfin
il faut pouvoir évaluer l’efficacité des mesures engagées pour les réorienter le
cas échéant. Et là, Alain Pagano est très clair : « La recherche publique n’a
plus aujourd’hui les moyens, ni humains ni financiers, d’effectuer le suivi
indispensable à cette évaluation. »
Marie-Noëlle Bertrand
Repères : 40%
seulement des masses d’eau françaises
étaient considérées en bon état en 2008, estime l’UICM France dans son
évaluation annuelle publiée lundi. « En dépit de ses efforts, la France
n’arrivera pas plus que l’Europe à enrayer la perte de biodiversité d’ici à
2010, comme elle s’y était engagée au début du millénaire », note
l’organisation, qui souligne que près de 14 000 hectares de nature sont
artificialisés chaque année du fait de l’urbanisation
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