Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 31 août 2009 Sur la trace des tortues de merHawaii. Petite localité sur la côte pacifique du Guatemala. Une association locale de sauvegarde et de conservation de la nature, Arcas, y tient un centre de protection des tortues marines. Entre juin et novembre, il y a notamment des tortues olivâtres de Ridley qui nichent sur la plage. En tant qu'écovolontaire j'ai l'agréable tâche de patrouiller les plages de sable noir toutes les nuits: 12 km de marche sur 3 heures, entre 21 heures et 4 heures du matin. Je marche. Je marche. Je parle avec mon binôme (on marche toujours à deux pour des questions de sécurité et le planning prévoit un changement de compagnon tous les soirs, histoire de ne pas s'ennuyer). On se raconte notre vie. On évite les vagues de la marée montante. On marche en silence dans la chaleur moite de la nuit tropicale. On scrute le sable pour trouver des traces de tortue. On les marque. Si l'on rencontre une tortue qui pond, on prélève les œufs et on les enterre dans une écloserie protégée. Tout cela parce qu'au Guatemala la loi n'interdit pas de ramasser les œufs de tortue, malgré le fait qu'il s'agisse d'une espèce menacée. Sur un nid (100 œufs environ) la loi prévoit que les parlameros (les braconniers d'œufs de Parlama, appellation locale des tortues olivâtres de Ridley) fassent un don de 20% à une écloserie. Cette donation leur donne droit à une autorisation de commercialisation pour les œufs restants. … Dans la pratique, les parlameros respectent la législation précédente qui prévoyait une donation de 12 œufs par nid. Sur la plage, il y a plus de braconniers que de volontaires. Sur leurs mobylettes ou sur leurs quad, ils ont plus de chance que nous de trouver un nid. Alors, lorsqu'on tombe sur un nid qui a déjà été repéré par un parlamero, on ne peut que prétendre à une donation de 12 œufs. On leur établi un reçu et on part enterrer notre maigre butin. C'est toujours ça de gagné. En effet, les œufs enterrés immédiatement dans la nuit de ponte ont environ 90% de chances d'éclore, alors que pour les œufs remis le lendemain matin par les parlameros, les chances de survie se réduisent à 70%. La marche la nuit est magique. On y devient vite accroc. On marche dans le noir ou au clair de lune. Les derniers jours, j'ai marché le matin aussi. Pour le plaisir ou pour faire le décompte et la signalisation GPS des traces de tortues qui ont visité la plage la nuit. Quel bonheur ! C'est pourquoi, je n'ai pas été déçue par mes 9 jours de volontariat, malgré le fait que je n'ai pas vu une seule tortue pondre. En effet, la saison de ponte commence en juin, mais début août, elle tardait encore à démarrer. Alors, il fallait avoir de la chance : la nature n'est pas un zoo. Il faut beaucoup de patience, de persévérance, de motivation est de constance pour travailler dans la conservation de la faune. C'est la leçon que j'ai apprise. L'observation de la vie sauvage ça se mérite ! J'ai tout de même eu un cadeau avant mon départ. Le premier nid de la saison, enterré autour du 20 juin, a éclos. On l'attendait (il faut compter entre 45 et 50 jours pour que les bébés fassent surface). La petite cage avait été posée sur le nid. Le sable s'était affaissé, indiquant que le nid était en train de bouger. Puis voilà, après le dîner, la cage était pleine de tout petits bébés tortues. De chaque nid, dix bébés sont mesurés pour les statistiques. Puis la trentaine (chaque gros nid est divisé en deux ou trois dans l'écloserie) de mini cryptodires est lâchée sur la plage. Leur instinct les guide jusqu'à l'eau. Nous, on veillait des deux côtés de la tendre procession pour alerter les parlameros et leur demander de faire un détour avec leur quad. Parfois sans succès. Tous les bébés ont fini par y arriver à l'océan. Leur survie n'est pas pour autant assurée : on estime que seulement une tortue sur 1000 arrive à l'âge adulte.Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites