Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 13 septembre 2009 Au secours des tortues de Tikehau Depuis 2006, un programme de conservation des tortues marines est expérimenté à Tikehau. La protection des tortues est confiée à la population de l'île, plus précisément à un "Gardien des Tortues" recruté parmi les pêcheurs locaux. Financé par le Ministère de l'Environnement, ce programme est mené par l'association Te Honu Tea, qui s'appuie sur l'association de protection de l'environnement Tikehau Te Ora et la mairie de Tikehau. À Tikehau, c'est William Harrys, 59 ans, qui veille sur les tortues. Cet ancien chasseur de tortues –jusqu'à une certaine époque, la tortue se vendait librement sur le marché de Papeete – connaît parfaitement les mœurs de Chelonia mydas, la tortue verte, classée "en danger" par l'UICN. Il sait dater un nid, prévoir l'émergence des bébés-tortues et déceler les traces d'une tortue sur n'importe quel type de sol. Voir William décrire sans hésiter la trajectoire de la tortue sur la plage, là où l'on ne perçoit soi-même que des gros fragments de corail indifférenciés, blanchis par le soleil, est une expérience étonnante, et l'on se demande un instant s'il n'est pas un peu magicien. Avec les années, William a pu constater qu'à Tikehau, les tortues venaient moins nombreuses, qu'elles étaient de plus en plus petites et que des plages autrefois connues pour être des sites de ponte importants n'accueillaient plus aucun nid... Aujourd'hui, au sein du programme "Gardiens des Tortues", il recense les nids, les protège jusqu'à l'éclosion, car les crabes, les rats, mais aussi l'homme se régalent des œufs, et veille à ce que les petites tortues trouvent le chemin de la mer. En trois ans, le nombre de nids a augmenté de 300%. Il patrouille aussi régulièrement sur les plages : au cours d'une saison de ponte, les femelles pondent à plusieurs reprises, à quinze jours d'intervalle, et toujours au même endroit. Rien de plus facile pour les braconniers que d'attendre qu'elles remontent : la première année à Tikehau, aucune femelle n'a pu pondre plus d'une fois, la seconde montée ayant été fatale pour toutes. Grâce à l'action du gardien, en 2009, le record a été de sept pontes successives, et en trois ans, le nombre de nids a ainsi augmenté de 300%. Le biologiste de Te Honu Tea, Alexandre, a passé la première saison de ponte à Tikehau avec William, pour le former à l'utilisation d'un GPS et à la collecte des données en général. Depuis 2008, William collecte seul les données scientifiques (taille, poids, nombre d'œufs, …), tandis qu'un membre de l'association vient régulièrement passer quelques jours avec lui pour lui apporter du matériel et vérifier le bon avancement du suivi. En fin de saison, les données de William sont collectées et analysées. La description détaillée de saisons de ponte successives qui en résulte constitue une première en Polynésie. Confier aux habitants de l'île la protection des tortues Le but du programme est bel et bien de confier aux habitants de l'île la protection de leurs tortues. À terme, Te Honu Tea souhaite passer le relais à l'association Tikehau Te Ora, et n'assurer plus qu'un soutien scientifique et technique. L'originalité de cette approche participative et la création d'un emploi local n'a pas échappé aux îles voisines : à l'ouest de Tikehau, Mataiva a demandé à Te Honu Tea de mettre en place un programme comparable. Après deux saisons de prospection à Mataiva, grâce au soutien du Ministère de l'Environnement, l'association a bon espoir qu'un nouveau gardien pourra bientôt veiller sur les tortues de Mataiva. En attendant, ce sont des petits gardiens des tortues qui vont être en première ligne : les enfants des écoles de Tikehau et Mataiva sont invités par Te Honu Tea à la Fête de la Science, qui aura lieu du 16 au 21 novembre 2009, et viendront présenter leur travail et leurs tortues. Pour qu'un jour, peut-être, les tortues reviennent nombreuses pondre dans nos îles… Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites