Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 1 décembre 2009 CHIENS ET SERPENTS DANS LES ASSIETTES A YOP ET ABOBO La viande de serpent et de chien est de plus en plus consommée dans certains maquis abidjanais (lieu de restauration où l’on propose des recettes locales). Avec une dominance pour le serpent. Tel est le constat fait sur le terrain. Pour comprendre les motivations de ces consommateurs, connaitre les particularités de la saveur des reptiles et des canidés, nous avons suivi leurs traces. Il est environ 10 heures ce samedi 7 novembre à Yopougon. Précisément au quartier Maroc (Lièvre rouge extension). Devant un maquis situé à l’extrémité d’une rue non bitumée, on peut lire sur une enseigne lumineuse «Le Zoo chez Félix». A l’intérieur, le décor est tout de nature fait. Quelques manguiers et autres bananiers, qui composent la végétation de ce "Zoo"…gastronomique étalent leur ombrage tant apprécié des clients. Surtout les jours d’immense chaleur. Ce qui n’est pas le cas ce samedi. De la cuisine, «Docteur» -à l’état civil Kouman- peut donc…opérer. Kouman qui tient son sobriquet de son habilité à nettoyer, vider et dépecer tous les animaux qui entrent au… Zoo, le bien nommé maquis, s’active à racler des écailles d’un long corps massif; dont la couleur sombre mate laisse voir qu’il ne s’agit pas d’un poisson ; mais bel est bien d’un serpent. Une jeune vipère, si l’on s’en tient à la taille et à la grosseur du reptile livré tôt ce matin». Si l’on en croit Boni N’Guessan Albéric, gérant du maquis, c’est chaque matin que les fournisseurs leur livre les animaux (déjà tués) en provenance des régions d’Agboville, d’Adzopé, de Tabou, d’Anyama. Selon toujours Albéric, «le prix d’acquisition du serpent varie en fonction du poids. Un python moyen peut coûter entre 30 et 40 000 f CFA. On peut trouver des reptiles de 2 à 7 mètres de longueur. Déjà à cette heure la journée, les premiers clients sont attablés. L’un d’eux déguste un plat de hérisson commandé 15 minutes plus tôt, tandis que l’autre, impatient attend. Mais, pas pour longtemps, puisque que quelques minutes après, il sera servi. Un kédjénou de vipère, c’est-à-dire, de la chaire de vipère cuite à l’étouffée, accompagné d’un plat de riz fumant. Pour le prix moyen de 3 000 Frs CFA le plat, de nombreux clients du "Zoo" peuvent s’offrir trois morceaux de vipère ou de python. Pour un plat dans un maquis, il faut avouer que ce n’est pas donné. Mais, la viande de serpent étant très appréciée, les clients n’hésitent pas mettre la main à la poche. Rien que pour se faire plaisir. Au "Zoo", en dehors de la recette kédjénou, le serpent est proposé en braisé. Deux recettes dont le temps de cuisson est en général de 45 minutes. Certainement pour que la chaire soit cuite à point. Pour les curieux qui se demandent ce que devient le venin, Albéric se veut rassurant. «Le venin se trouve dans une cavité rigide de couleur blanchâtre logée dans la tête du serpent. Et, les fournisseurs prennent soin de l’extraire avant livraison». A en croire le gérant du "Zoo", les consommateurs se recrutent dans toutes les classes sociales. «Au nombre de nos clients, qui viennent ici pour consommer de la chair de serpent, on compte de nombreuses personnalités. Nos frères de la diaspora de passage à Abidjan sont également friands de vipère ou de python. Ils en achètent, parfois à l’état frais, pour la faire fumer, sécher pour repartir chez eux en Europe avec», dit-il fièrement. Pour ce qui est de la viande de chien, peu importe son apparence, son origine. Même si les consommateurs affirment préférer les chiens errants à ceux qui partagent la vie de certaines familles en ville ou au village. Les maquis où on trouve de la chair de chien sont généralement situés dans la commune d’Abobo. Vu la rareté, les difficultés d’approvisionnement, le plat est proposé au client sur commande. Deux méthodes sont utilisées pour tuer le chien. La première consiste à l’assommer à l’aide d’un pilon. Et, l’autre à l’étouffer dans un sac. Les adeptes de cette chair affirment que le chien tué de cette manière est plus succulent. En la matière les plus indexés sont les Lobi (Sud-Ouest), les Dagari (région de Bouna) et les Burkinabés. D’où vient donc cette inclination pour la viande de chien et de serpent, deux espèces, l’un considérées comme le compagnon de l’homme et l’autre comment une grande terreur ? Boni N’Guessan Albéric, le gérant du "Zoo" croit savoir qu’au départ, il y a de la curiosité. Puis, une fois la curiosité satisfaite, la qualité de la chair du serpent ou du chien fait le reste. «Le serpent est une chair blanche», fait observer un consommateur assidu. La qualité gustative de la chair blanche est donc à la base du succès de la chair de reptile. Cette chair est dite très succulente. La vipère s’apparente au poisson mais est plus agréable. Quand le python a un goût plus intéressant que le poulet. C’est ce qui ressort des témoignages de personnes interrogées. « Je mange le serpent comme les asiatiques pour avoir une vie plus longue», témoigne Cissé Paul, informaticien. Mme Koné Henriette, cadre dans une entreprise de la place, raconte, elle, qu’elle n’aurait jamais imaginé manger du serpent. « Mais un jour, mon mari, très friand de la viande de serpent, m’en a fait manger chez Félix». Elle affirme que depuis ce jour, elle est devenue friande cette chair, au point d’en manger au moins une fois par semaine. Pour ce qui est du chien, les consommateurs évoquent les vertus aphrodisiaques et autres considérations mystiques (longévité) liées à cet animal. Ouattara Yédié Brice, grand consommateur de viande de chien devant l’Eternel, avoue sa préférence pour cette chair pour ses prétendues propriétés mystiques. «Je mange de la viande de chien, parce que quand tu en consommes, tu es à l’abri de toute attaque satanique : empoisonnement, mauvais sort, etc. », assure-t-il. Même son de cloche chez Cyrille Ouédraogo, qui fait savoir que la viande de chien est plus tendre et agréable que celle de tout autre gibier à quatre pattes. Rosemonde KOUADIO Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites