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Max|mum-leterrarium

Les migrations des tortues marines pistées par satellite

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Les migrations des tortues marines pistées par satellite

L’Ifremer Réunion et Kélonia, riches de plus de 25 ans de données sur les tortues marines de l’océan Indien, viennent de lancer une nouvelle étude sur leurs migrations. Objectif ? Enrichir la connaissance afin de fournir du solide aux décideurs en passe de bâtir un plan de conservation de ces espèces menacées.


En pleine année de la biodiversité, force est de constatée que la France traîne des pieds à l’heure de lancer des plans de gestion ou une véritable stratégie visant à stopper la perte de biodiversité. En cause bien souvent des lacunes béantes dans la biologie des espèces faute de financements dédiés. Le cas des tortues marines dans l’océan Indien est un peu atypique en la matière. La connaissance de ces reptiles est plutôt poussée. L’Ifremer et Kélonia disposent de plus de 25 années de données chiffrées notamment sur les tortues vertes (chelonia mydas). Il subsiste pourtant des coins d’ombre. Leurs migrations entre les sites de pontes et ceux d’alimentation restent un mystère à élucider. “Les tortues marines sont de grands migrateurs, qui, à une vitesse moyenne de 5 km/h, parcourent des centaines de kilomètres pour se nourrir. Même si un herbier jouxte la plage de ponte… ” souligne Jérôme Bourjea, ingénieur de recherche à l’Ifremer Réunion. Or, l’identification des sites d’alimentation et des corridors migratoires utilisés par ces reptiles marins est indispensable pour déterminer les zones et les trajectoires les plus fréquentées et les protéger. Les tortues marines sont inscrites à la fois sur la liste rouge de l’IUCN et sur l’annexe 1 de la convention de Washington. La France s’est d’ailleurs engagée en 2003 à bâtir un plan de gestion et de conservation des tortues marines dans la zone (*). Si la convention n’est pas contraignante, la date de 2012 est avancée pour la mise en route d’une gouvernance durable. D’ici là, le programme baptisé “Dymitile”, doit lever le voile sur les inconnues. Pour ce faire, 130 tortues, essentiellement des femelles, doivent être équipées de balises Argos. De Mayotte à Europa en passant par les tortues pêchées accidentellement par les palangriers réunionnais et les thoniers senneurs, le quota fixé de spécimens sera atteint d’ici un an et demi. Pour Jérôme Bourjea, c’est sans conteste “le programme le plus important de suivi des tortues marines jamais entrepris dans le monde”. Les dix premières tortues participant à l’étude viennent d’être coiffées de leurs “mouchards” à Tromelin. Mayeul Dalleau, thésard de l’Ifremer/Kélonia/Crégur et CNRS, est rentré d’une mission de cinq semaines à Tromelin consacrée en partie à cette tâche. “On travaillait la nuit après les montées en repérant celles qui avaient déjà pondu entre trois et cinq fois. L’objectif étant d’éviter qu’elles n’arrachent leur balise lorsqu’elles creusent pour déposer leurs œufs”.



“Le programme le plus important au monde”



Les premières trajectoires collectées par satellite sont déjà entre les mains des scientifiques. Jérôme Bourjea note : “Les premiers trajets s’effectuent autour de Zanzibar ou un peu plus au nord mais aussi sur les côtes malgaches”. Au final, l’étude devra identifier les hot spots des tortues marines dans la zone, l’existence éventuelle de voies migratoires préférentielles entre les aires d’alimentation et les sites de reproduction ainsi que des zones à risques où il y a interaction avec les activités de pêche hauturière. Autant de données étoffées par les résultats des balises posées aux Comores, Maurice, Mozambique et Madagascar (20 par pays). Au final, ces analyses, intégrant également les données courantologiques, celles des températures, des effectifs…, fourniront un état des lieux actuel et même “des prédictions à cinq ou dix ans”. Des éléments à méditer pour les décideurs (Taaf, Diren et Daf de Mayotte) en charge de bâtir le fameux plan de conservation français. Un plan qui devra devenir régional en concertation avec les autres pays de la zone. “C’est impératif pour son efficacité”, martèle Jérôme Bourjea.

Bruno Graignic



(*) Pour la gestion et la conservation des tortues marines et de leurs habitats de l’océan Indien et du Sud-Est asiatique.



Cinq des sept espèces dans la zone Le Sud-Ouest de l’océan Indien abrite cinq des sept espèces de tortues marines : la tortue verte (Chelonia mydas), l’imbriquée (Eretmochelys imbricata), l’olivâtre (Lepidochelys olivacea), la caouanne (Caretta caretta L.) et la luth (Dermochelys coriacea).



Des sites de pontes exceptionnels



Les territoires français de l’océan Indien abritent des sites de pontes d’une importance capitale notamment pour les tortues vertes. Les Éparses, gérées par les Taaf, comptent notamment l’île d’Europa qui, à elle seule, pèse 10 000 spécimens. C’est le site le plus important de la zone. Tromelin compte 1 500 tortues vertes et Glorieuses 3 000. À Mayotte, on recense 4 000 tortues vertes. Les Comores en comptent 5 000. La Réunion, elle, n’a pas connu de ponte depuis trois ans. Les tortues vertes, mais aussi les autres espèces marines, sont menacées par l’urbanisation côtière qui limite leurs sites de pontes, les pollutions et la pêche. Pour cette dernière, si on recense quelques captures accessoires sur les palangriers, le danger vient davantage des chalutiers et des filets utilisés sur les côtes d’Afrique de l’Est.

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