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Max|mum-leterrarium

Nos espèces menacées le sont-elles vraiment?

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Nos espèces menacées le sont-elles vraiment?


(Québec) Officiellement, on compte 18 espèces animales vulnérables ou menacées sur le territoire du Québec, ainsi que 59 espèces de plantes. À vue de nez, cela peut sembler beaucoup, d'autant plus qu'il y en a des centaines qui sont «susceptibles» de s'y ajouter. Mais voilà, seulement le quart de ces espèces est l'objet de réelles préoccupations à l'échelle internationale, et certains biologistes commencent à remettre en question l'approche de protection «à la pièce» retenue par nos gouvernements.
Selon l'Atlas de la biodiversité du Québec, il y a 13 espèces présentes chez nous (une animale, 12 végétales) qui sont considérées comme vraiment menacées ou vulnérables d'un point de vue global. Si les 64 autres risquent de disparaître du territoire québécois, c'est dans bien des cas simplement parce qu'elles vivent plus au sud et que leur aire de distribution se termine proche de la frontière américaine. C'est le cas, par exemple, de la tortue-molle à épines et du fameux ail des bois, qu'on ne rencontre que dans l'extrême sud de la province, mais qui sont abondants ailleurs.

En cette Année internationale de la biodiversité, la question se pose donc : s'y prend-on de la bonne façon? Ne gaspille-t-on pas des ressources à protéger des espèces qui ne sont pas vraiment menacées, ressources qu'il serait plus utile de consacrer à des espèces vraiment en danger, comme le fameux chevalier cuivré? Après tout, sur les huit «plans de conservation» adoptés par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) pour protéger les plantes «menacées» au Québec, plus de la moitié (cinq) concernent des espèces dont la survie n'inquiète personne à l'échelle de l'Amérique du Nord! Leur «cote» globale de priorité est en effet G5, qui désigne les populations «à large répartition, abondantes et dont la stabilité est démontrée».
En outre, fait remarquer le biologiste Pierre Brunel, président de l'Institut québécois de la biodiversité, «plus je vois la manière de protéger l'environnement qui passe par des espèces individuelles, et plus je vois s'introduire là-dedans les outils génétiques modernes, qui fait qu'on fragmente de plus en plus en espèces des sous-populations locales [...] et plus je pense qu'on s'en va dans un cul-de-sac».

Approche écosystémique
D'une part, dit-il, à partir d'un certain seuil, l'intérêt de préserver un sous-groupe local peut devenir très discutable, surtout si l'espèce peut être facilement réintroduite au même endroit. Et d'autre part, il serait plus logique et plus efficace d'adopter une nouvelle approche centrée sur la protection d'écosystèmes entiers, mais les gouvernements trouveraient généralement plus facile de procéder «à la pièce». Ce changement de philosophie est d'autant plus urgent, plaide M. Brunel, que la méthode actuelle mène à préserver les espèces les plus faciles à voir, soit les vertébrés et les plantes vasculaires, alors que le gros de la biodiversité est ailleurs. En ce moment, par manque de connaissance, les champignons (voir l'autre texte) sont complètement exclus de l'équation, de même que la faune d'invertébrés qui tapisse le fond des eaux, bien qu'ils forment d'immenses pans de la biodiversité québécoise.

Bref, la stratégie reviendrait à tenter de sauver un iceberg en ne travaillant que sur la pointe émergée...

Même son de cloche du côté de la biologiste de l'Université de Sherbrooke Maria del Rosario Ortiz-Quijano. «Il faut briser la perception populaire qui veut que la biodiversité se résume aux espèces menacées, aux ours polaires et aux pandas. Ce n'est pas seulement quelques espèces, ce sont des écosystèmes qu'il faut préserver» de façon à protéger du même coup la diversité des espèces et des gènes (à l'intérieur d'une même espèce).
Mais si tous les biologistes interviewés par Le Soleil sont en faveur d'une protection accrue des écosystèmes, tous ne croient pas que la protection d'espèces individuelles mène à une impasse, ni que la protection d'espèces abondantes chez nos voisins soit un gaspillage.

«Se dire : "il y en a ailleurs, donc nous n'avons pas à intervenir", c'est la recette parfaite pour se rendre compte en bout de ligne qu'on a perdu tous les morceaux», plaide le prof de l'Université Laval Louis Bernatchez, titulaire de la chaire du Canada en génomique et en conservation des ressources aquatiques. «Et de toute façon, à part mettre le nom de l'espèce sur la liste, il n'y a pas grand-chose qui se fait...»

Diversité génétique
De plus, ajoute-t-il, beaucoup d'espèces montrent des variations génétiques notables à la limite nord de leur aire de distribution, et il est important de préserver la diversité génétique à l'intérieur d'une même espèce. «Par exemple, illustre M. Bernatchez, on sait qu'il y a quatre populations très spécifiques de ouananiche au lac Saint-Jean qui ne frayent pas aux mêmes endroits, n'ont pas les mêmes habitudes [l'une d'elle, par exemple, se tient au centre du lac en été, alors que les autres sont plus littorales]. Si on faisait comme si toutes les ouananiches étaient pareilles, il nous manquerait quelque chose.» Sans compter que la survie d'une espèce à des changements importants dépend souvent de sa diversité génétique...

Un peu des deux
L'idéal, selon la biologiste Édith Cadieux de Nature Québec (entre autres), est donc de marier les deux approches. «C'est sûr qu'il faut protéger les habitats, mais il arrive qu'une espèce ait des difficultés même si les écosystèmes sont intacts. Dans un tel cas, il faut des actions plus ciblées.»

Notons qu'au MDDEP, une réflexion a été entamée sur le sujet. Sans remettre en question la protection par espèce, la biologiste et responsable de l'équipe biodiversité du MDDEP, Line Couillard, a confirmé au Soleil que «la recherche en conservation nous oriente beaucoup vers une approche plus écosystémique, alors on y songe. Au lieu de travailler sur une seule espèce, on travaillerait avec des groupes de 10, 20, 30 espèces vivant dans un même habitat. Ça permettrait une planification plus globale».

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En danger au Québec, en sécurité ailleurs...


(Québec) Voici quelques espèces considérées comme vulnérables ou menacées au Québec.


- Arisème dragon (Arisaema dracontium) : plante herbacée très rare au Québec, où elle ne se rencontre que le long du Saint-Laurent, en amont du lac Saint-Pierre (parfois le long du Richelieu). Elle est cependant bien présente dans toute la moitié est des États-Unis.

- Orme liège (Ulmus thomasii) : confiné à l'extrême sud du Québec, ce grand arbre est présent dans 24 États américains, surtout dans le Midwest, et sa situation ne cause aucune inquiétude dans 13 d'entre eux.

- Salamandre sombre des montagnes (Desmognathus ochrophaeus) : présente au Québec uniquement sur le flanc nord de la colline de Covey Hill, près de la frontière américaine, on ne nourrit cependant aucune crainte à l'échelle du continent pour ce petit amphibien de 10 cm de long.


- Tortue molle à épines (Apalone spinifera) : parfois utilisée comme emblème des espèces menacées au Québec, cette tortue est toutefois solidement implantée au sud des Grands Lacs jusqu'en Floride et au Texas.

Quelques espèces véritablement menacées
- Saule à bractée verte (Salix chlorolepis) : petit arbuste adapté à des conditions de toundra, il ne pousse que sur le mont Albert, en Gaspésie, et nulle part ailleurs dans le monde. On n'en compterait en tout et pour tout qu'environ 200 plants, pas tous fertiles.

- Chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi) : présent uniquement dans quelques rivières des basses-terres, entre Montréal et Trois-Rivières, et encore, on n'a pu confirmer la reproduction que d'un seul groupe, celui de la rivière Richelieu. Notons que ce poisson qui se nourrit essentiellement de mollusques pourrait être utile pour lutter contre la moule zébrée, une espèce envahissante.

- Minuartie de la serpentine (Minuartia marcescens) : plante adaptée à la toundra qui ne pousse que sur des terrains de pierre serpentine. À part au Québec, où on ne la trouve que sur deux monts de la Gaspésie, elle n'est présente qu'en une petite poignée d'endroits dispersés à Terre-Neuve-et-Labrador, au Vermont et au New Hampshire.

- Aster du Saint-Laurent (Symphyotrichum laurentianum) : plante annuelle aimant les endroits salins dont les plus importantes populations vivent au Québec... uniquement aux Îles-de-la-Madeleine! Ailleurs, elle pousse seulement au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard, où elle est considérée comme fortement menacée.

Sources : Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs et ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

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