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Max|mum-leterrarium

Quand la taille du père détermine le sexe de la progéniture

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Quand la taille du père détermine le sexe de la progéniture


Des chercheurs américains ont montré que certaines femelles lézards ont plus de filles ou de garçons selon si elles s’accouplent avec des petits ou des grands mâles
Nous sommes tous des hybrides de notre mère et de notre père. Avec des traits hérités d’une femme et des traits hérités d’un homme. Mais il arrive que, au sein d’une seule et même espèce, les caractéristiques qui avantagent les mâles soient différentes de celles qui avantagent les femelles. «On parle alors de sélection antagoniste ou de «conflit sexuel», précise Michel Chapuisat, du Département d’écologie et d’évolution de l’Université de Lausanne. C’est un dilemme évolutif puisque la sélection naturelle tire dans deux directions différentes des individus liés par un ADN en grande partie partagé, et qui se remélange à chaque génération.
Des chercheurs américains présentent dans la revue Science du 5 mars l’exemple d’un lézard des Caraïbes, l’anolis marron, qui a résolu ce problème. Une grande taille ne profite qu’aux mâles? Qu’à cela ne tienne, les femelles qui s’accouplent avec de grands spécimens auront plus de rejetons mâles. Et si le père est petit, elles auront plus de femelles. «Cette espèce a trouvé un moyen intelligent de passer à chaque sexe les gènes qui lui sont plus avantageux», souligne un des chercheurs, Robert Cox, du Département de biologie de l’Université de Hanover, au New Hampshire (Etats-Unis).Publicité



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Il existe plusieurs autres exemples d’allocation différenciée des ressources génétiques selon le sexe de la progéniture. Chez certains oiseaux, plus le mâle est attractif, plus il aura de descendants mâles. La tache sur le front du gobe-mouches à collier, par exemple, augmente davantage le succès reproducteur des mâles que celui des femelles. Une étude a montré que plus la tache du père est grande, plus il y a de mâles dans la couvée.
«Chez le cerf, où il y a beaucoup de compétition entre mâles, la taille joue pour eux un rôle plus important que pour la biche», poursuit Michel Chapuisat. La femelle qui a les capacités de faire un gros bébé aura meilleur temps d’avoir un fils, puisqu’il aura un bon succès reproducteur et reprendra donc mieux les gènes de sa mère. «Tandis que si elle a moins de ressources, ajoute le biologiste lausannois, mieux vaudra pour elle avoir une fille qu’un mâle fluet.» Des observations similaires ont été faites chez plusieurs ongulés.

Dans d’autres espèces, d’insectes par exemple, une grande taille est au contraire parfois plus avantageuse pour les femelles, notamment au niveau de la fertilité. Tandis qu’elle peut handicaper les mâles, en entravant leur mobilité.

«Ce qui est particulièrement intéressant dans l’étude sur les lézards, note Michel Chapuisat, c’est que ses auteurs n’ont pas seulement montré que les femelles ont plus de descendants mâles quand elles sont appariées avec un grand mâle. Ils ont aussi pu mesurer que la survie des descendants mâles était d’autant plus importante que leur père était corpulent.» Cela prouve que la stratégie des parents est payante: «Elle leur permet de maximaliser la survie de leurs descendants et de minimiser les conséquences de la sélection antagonistes.»

Oui, mais comment ces parents influencent-ils le sexe de leurs rejetons? «C’est la grande question, répond Robert Cox. Il y a plusieurs systèmes différents de détermination du sexe chez les lézards. Nous tentons actuellement de définir celui de l’anolis marron.»Publicité



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Le sexe d’un individu peut être déterminé par ses chromosomes, comme c’est le cas chez les êtres humains; les femmes possèdent deux chromosomes X, les hommes un X et un Y. La méiose, le processus de division des cellules qui génère les cellules reproductives, est a priori une «loterie équitable». Les enfants ont donc à ce stade autant de chances d’hériter du chromosome X ou Y de leur père, et donc d’être un garçon ou une fille. Il semble toutefois que la condition hormonale ait une influence. «Statistiquement, l’écart de temps entre la période d’ovulation et l’accouplement peut jouer un rôle, relève Michel Chapuisat. Les spermatozoïdes porteurs du chromosome Y seraient en effet plus rapides que les X, tandis que ces derniers seraient plus résistants.» Si l’ovule est prêt, le premier qui arrive le féconde. Mais s’il faut attendre, les spermatozoïdes plus robustes ont plus de chances.

Le sexe ne dépend toutefois pas toujours des chromosomes. Parfois, «il est aussi déterminé par des gènes qui sont exprimés différemment en fonction de divers facteurs, comme la température d’incubation des œufs, chez beaucoup de tortues et de crocodiles par exemple», observe le biologiste. Les parents disposent dans ce cas d’un moyen simple d’agir sur le sexe de leur progéniture. Le contrôle est potentiellement encore plus direct dans des espèces comme les hyménoptères sociaux (abeilles, guêpes, fourmis), où les œufs fécondés donnent des femelles et les œufs non fécondés des mâles.

Pour Robert Cox, la détermination chromosomique est toutefois la plus probable dans le cas de l’anolis marron, avec un mécanisme physiologique qui augmente la proportion de mâles ou de femelles. «Mais on ne peut pas non plus exclure que ce biais reflète une mortalité des embryons différenciée entre fils et filles, en fonction de la taille de leur père.»

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