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Grenouilles et sangsues du centre Jean-Rostand sont bien utiles à la médecine

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Grenouilles et sangsues du centre Jean-Rostand sont bien utiles à la médecine

Les sangsues hirudines sont désormais utilisées en chirurgie réparatrice. photo archives philippe taris

Un paradis pour la recherche ou des recherches au paradis. C'est comme on veut mais c'est au centre Jean-Rostand, à Pouydesseaux.
Depuis 1962, Pierre Darré, 77 ans cette année, travaille là. Un conservatoire de la faune et de la flore, quelque part entre Roquefort et Mont-de-Marsan. 11 espèces protégées y cohabitent dans un havre de paix. Au milieu des aulnes et des fougères royales s'ébattent crapauds et martins-pêcheurs, tritons marbrés et hérons cendrés, et puis surtout grenouilles vertes et sangsues hirudines.

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Outre leur statut protégé, ces deux dernières espèces sont de précieux auxiliaires de recherche.

Petit retour dans le temps. Pierre Darré a été le collaborateur de Jean Rostand jusqu'à la mort du biologiste en 1977. C'est avec lui qu'il a créé à Pouydesseaux le premier laboratoire de biologie d'eau douce en France et en Europe. Un choix dicté par ses origines landaises mais aussi en raison de conditions climatiques plus propices qu'ailleurs.

Les deux scientifiques, qui travaillent sur les grenouilles, trouvent là un milieu où les batraciens se reproduisent aisément, où ils peuvent mettre en place des techniques expérimentales en milieu naturel.

Pour être précis, c'est la grenouille verte qui les intéresse. Le cerveau de ces têtards sécrète une enzyme spécifique au moment de la transformation en grenouille, étape fondamentale où le batracien passe d'une respiration branchiale à une respiration pulmonaire. « C'est le K-O respiratoire », explique le scientifique. Le même K-O respiratoire qui affecte le sommeil de quantité d'humains sous le nom d'apnée du sommeil. On en connaît les conséquences : ronflements, sommeil absolument pas réparateur.

Avec les grenouilles de Pierre Darré et cette fameuse enzyme, les médecins de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière sont en train de mettre au point un traitement contre l'apnée du sommeil.

Le boulot de l'homme de Pouydesseaux est de faire éclore ces têtards dans les meilleures conditions, de favoriser leur croissance et, dix jours avant leur métamorphose, de les expédier à Paris.

« Je suis le premier maillon de la chaîne, si je me trompe sur leur état de croissance, tout est par terre. »

Le deuxième volet de ses activités scientifiques porte sur les sangsues. Des sangsues bien de chez nous qui avaient pratiquement disparu et dont il a retrouvé la trace à Audenge, en Gironde.

« Les sangsues sont utilisées depuis l'Antiquité. Jusqu'en 1970, on s'en est servi et leur pêche a été si intensive que des 50 millions qui existaient il y a un siècle, on était tombé à presque rien. »

Les Romains et les Grecs les utilisaient pour traiter les rhumatismes, l'hypertension ou les hémorroïdes. Celles de Pierre Darré servent aux greffes en chirurgie faciale et chirurgie des mains. Elles évitent les rejets.
« C'est Jacques Latrille, grand professeur bordelais originaire de Mont-de-Marsan, qui en a eu l'idée. Les sangsues sont appliquées sur la partie abîmée. Elles la nettoient et sécrètent un anticoagulant, l'hirudine, qui favorise la circulation du sang avec la partie greffée. »

Tous les hôpitaux du monde les demandent sauf, allez comprendre, les hôpitaux français.

Le centre Jean-Rostand est ouvert jusqu'à la fin octobre. C'est fermé le samedi sauf en juillet et août. Horaires : de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. Tarifs : 4 euros (adultes), 2 euros (étudiants et lycéens) ; gratuit pour les moins de 12 ans. Billet valable pour toute la saison. Contact au 05 58 93 92 43.

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