Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 27 juin 2010 Ces espèces qui vont disparaîtreL’UICN présentera officiellement sa “liste rouge” des espèces menacées de la Réunion dans quelques jours. Devant servir à la réalisation d’une liste nationale, elle classe localement 14 espèces (présentées ci-dessous) en “danger critique d’extinction”. Au total, ce sont 36 espèces qui sont considérées menacées et 17 comme “quasi menacées”. La preuve de l’exceptionnelle richesse faunistique de l’île... et de sa fragilité. Parmi les espèces menacées, 12 n’existent qu’ici dans le monde. Le fruit d’un travail scientifique rigoureux qui a permis de réunir sous une même bannière tous les spécialistes locaux afin de mieux orienter les actions de conservation. Une surprise : si le gecko vert fait son entrée, le bichique, lui, rétrograde en quelques mois de la catégorie “menacée” à “quasi menacée”... Ce n’est pas la même chose. Le gecko vert de ManapanyL’un des derniers reptiles terrestres endémiques de la Réunion. Le gecko vert de Manapany ne se rencontre plus que dans le sud-est de l’île, sur une bande littorale longue de 10 km à moins de 200 m d’altitude, entre Saint-Joseph et Grande Anse. Fortement affecté par la destruction de son habitat, il est aujourd’hui en situation critique. Au cours des dix dernières années, plusieurs de ses populations ont disparu et d’autres ont vu leurs effectifs diminuer dramatiquement. L’expansion d’espèces végétales introduites, comme le choca vert et le faux-poivrier, représente une première cause de disparition de son habitat, ainsi que le développement urbain et la construction d’infrastructures routières. Dernière menace : l’apparition du gecko vert de Madagascar à Manapany (notre édition du 21 juin). Un plan de conservation est attendu pour protéger et développer les connaissances sur l’espèce (UICN). Le pétrel noir de BourbonL’un des oiseaux marins les plus rares et énigmatique au monde. Endémique de la Réunion, le pétrel noir niche sur les massifs montagneux en altitude. Mais, la localisation de la colonie reste inconnue malgré de nombreuses recherches. Estimée à moins de 50 couples, la population semble décliner inexorablement. Les “contacts sonores” diminuent d’année en année. Les animaux introduits, comme les chats et les rats, s’attaquent en particulier aux œufs et aux jeunes dans les terriers. Le pétrel Noir est également sensible aux éclairages lors de son, envol vers la mer. Les oiseaux ne survivent généralement pas à ces échouages. Un réseau de sauvetage a été mis en place par la SEOR. En parallèle, une campagne de sensibilisation est menée pour inciter les communes à réduire leurs éclairages nocturnes, ainsi que des campagnes de capture des chats errants. Un plan de conservation est en cours de rédaction. L’espèce est menacée d’extinction sous dix ans.Le Renard volant de Maurice, ou Roussette noireEspèce endémique des Mascareignes, la Pteropus niger (Roussette noire) a disparu entre 1772 et 1801 de la Réunion (chasse, déforestation...) pour survivre uniquement à Maurice. En tout cas jusqu’en 2007, date du retour d’une toute petite population dans l’Est de la Réunion. La colonie reste cependant très fragile compte tenu de ses faibles taux de reproduction et de population (un seul petit par an) : onze individus observés au maximum en février 2008, mais seulement quatre depuis décembre 2009 (nos éditions précédentes). Un seul cyclone pourrait en venir à bout. De plus, la Roussette noire reste vulnérable aux dérangements extérieurs. Son principal site-dortoir à La Réunion est situé dans une ravine à proximité d’habitations. Un plan de conservation en cours d’élaboration est attendu pour renforcer à la fois la protection et les connaissances. La question de sa réintroduction devrait faire l’objet d’une étude de faisabilité (UICN).- La tortue caret ou imbriquéeSi cinq espèces de tortues marines sont présentes à la Réunion, seules deux le sont de façon régulière : la tortue verte (ou franche), qui se reproduit à la Réunion et la tortue caret ou imbriquée (Eretmochelys imbicata). Deux espèces présentes sur l’ensemble de la zone intertropicale. Déjà classée comme en danger critique d’extinction (CR) au niveau mondial, elle l’est désormais au niveau local. Aucun adulte n’a pu être observé depuis une trentaine d’années à la Réunion, mais seulement des juvéniles. Aucune ponte n’a cependant été observée localement. À la différence de la tortue verte - classée en danger par l’UICN - la tortue caret n’a pas fait l’objet d’une étude génétique qui avait permis pour la première de mettre en avant un capital génétique différent à la Réunion (possible colonie). La tortue Caret fréquente les pentes externes des récifs coralliens.Le cabot noirLes deux espèces de cabot noir présentes dans l’île sont menacées : “en danger critique” pour l’Eleotris mauritianus, “en danger” pour l’Eleotris fusca. Les deux espèces sont soumises aux mêmes pressions, mais la taille de la population reproductrice est estimée dix fois moins importante chez le premier : 2 393 individus contre 27 657 chez Eleotris fusca, et en diminution (2007). Pour protéger l’un, il faut donc protéger l’autre, très ressemblant, par la mise en place d’actions de sensibilisation et de protection forte principalement contre le braconnage, dans la lignée des pistes envisagées pour les deux anguilles. Les anguilles du Mozambique et bicoloreFréquente dans l’ouest de l’océan Indien, l’anguille du Mozambique a vu sa population d’adultes reproducteurs poursuivre son déclin, ce qui lui vaut un statut de “en danger critique”. Le même statut donné à l’anguille bicolore. Deux des quatre espèces présentes dans l’île sont donc menacées de disparition. La survie de ces espèces dépend de leur libre circulation entre le milieu d’eau douce et le milieu marin. Les deux espèces font également l’objet d’une forte pression de pêche de la part d’abord des braconniers (trois fois plus nombreux que les porteurs d’une carte de pêche). Plusieurs pistes sont à l’étude pour réduire la pression de pêche sans l’interdire : modification des périodes de pêche, du nombre de jours, de la taille des prises... Des mesures insuffisantes si elles ne s’accompagnent pas d’une réglementation dans les embouchures pour permettre la libre circulation des espèces. Le tuit-tuitClassé dès 1994 dans la catégorie “en danger”, l’échenilleur de la Réunion ou tuit-tuit (Coracina newtoni) a basculé en 2008 dans celle de “en danger critique”. Les derniers comptages de la SEOR portent sur une population (2010) de 27 femelles et 54 mâles. Des données prouvant l’extrême fragilité de l’espèce, basée sur un territoire de seulement 12,5 ha (et non 18 ha) à la Roche Ecrite. Un simple feu de forêt ou une tempête suffirait à remettre en question la survie de cette espèce endémique. Les premières actions de conservation menées depuis 2004 ont permis de stabiliser la population au bout de deux ans puis de la faire progresser : en 2007, on estimait le nombre de mâles à 40 individus. En un an, la progression a été de 15%. La chute était catastrophique : en 1990, le nombre de couples était estimé entre 120 et 150 par l’ornithologue Jean-Michel Probst ! Outre la connaissance, l’action de protection porte principalement sur des campagnes de piégeage contre les rongeurs menées par la Séor. La locheLa loche est interdite de pêche depuis janvier 2010. Elle rejoint la chevrette des mascarins (ou écrevisse), elle interdite de pêche depuis 2004 (mais également le cabot bouche-ronde adulte). Le faible nombre d’adultes reproducteurs (38 400 en 2007), associé aux fortes fluctuations de taille que connaît cette population (baisse de 88% des densités moyennes observées sur les stations de veille écologique entre 2000 et 2007) ont motivé son classement. Un fort déclin est observé sur l’ensemble de l’île avec une densité moyenne des adultes en baisse de 91% sur les stations de suivi entre 2000 et 2008. Le Scinque de BoutonPetit lézard très fin (entre 58 et 67 mm), le Scinque de Bouton (Cryptoblepharus butonii), endémique de Maurice et de la Réunion, fut redécouvert en 1999 par Jean-Michel Probst après 130 ans de recherche ! Il n’a malheureusement plus été observé depuis 1999. Il semble désormais isolé dans un seul site marginal de type falaise maritime. Il fréquentait pourtant probablement tout le pourtour de l’île autrefois. Encore bien présent à Maurice, le reptile a vu sa population fortement diminuer à la suite de l’introduction des rats, chats et autres agames, voire d’autres Scinque d’un diamètre plus imposant. Le phasme du Palmiste rougeL’Apterogreffea reunionensis ou Phasme du Palmiste rouge n’a été observée pour la première fois qu’en 2000. C’est une espèce endémique de la Réunion. Sans ailes et strictement nocturne, l’insecte de couleur vert pâle (juvénile) et brun rouge (adulte) est inféodé au Palmiste rouge : il lui sert à la fois de nourriture et d’hôte pour la ponte et la croissance des larves. De par la raréfaction à l’état sauvage du Palmiste, le phasme est classé “en danger critique”. Les cultures de palmistes, si elles permettent de préserver l’espèce, ne sont pas un habitat de substitution favorable pour l’insecte. Seule la restauration du palmiste dans son milieu naturel pourra sauver cette espèce unique au monde... À noter qu’un second phasme, l’Heterophasma multispinosum (endémique), est également classée en “danger critique” par l’UICN. La chevrette des MascarinsEspèce endémique des Mascareignes, la chevrette des Mascarins, ou écrevisse, est déjà interdite de pêche depuis 2004. Des doutes subsistent quant à sa survie sur l’île : aucun individu n’a été observé depuis les années 80. Pour rappel, une absence d’observations pendant cinquante ans est nécessaire avant de déclarer une espèce officiellement disparue.Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites