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Max|mum-leterrarium

La grenouille arboricole chante au crépuscule

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La grenouille arboricole chante au crépuscule

Arrivée incognito de Guyane, la grenouille arboricole a prospéré pendant dix ans à l'abri des visites, au Jardin des plantes. Telle une fraîche salonarde, la rainette reçoit maintenant sur rendez-vous.
Grande comme l'ongle, elle chante comme un colibri dans les hauteurs de la serre tropicale du jardin des Plantes. Une batterie de radiateurs cacochymes y maintient une atmosphère de forêt tropicale humide.

Par les frimas les plus perçants, la grenouille fait cependant les frileuses. Moins exubérante que de coutume, mais bien chez elle, elle pousse son chant étrange : difficile d'appeler coassement cette modulation aérienne, ce tui-tui qui tombe du plus haut des feuillages. Là où naissent, vivent et dorment les batraciens volants.

Le monde à l'envers

Car les serres du Jardin des Plantes, c'est un peu le monde à l'envers : ici, les plantes poussent d'abord et envoient ensuite leurs racines vers le sol, à toute vitesse. Telle autre gonfle ses racines de sorte qu'elles se transforment en fourmilière, qui lui servira de garde-manger.

Ne parlons pas de cette plante qui se donne l'air d'avoir été déjà mâchée par un bovin, pour être épargnée.

Là, cette fougère qui pousse dans un pot bizarre se l'est fabriquée elle-même, c'est plus sûr.

Tiens donc, les racines de cette orchidée montent au lieu de descendre ? C'est pour mieux vous empaler, mes chères petites feuilles mortes.

Cette orchidée avec de gros bulbes ? Ce sont ses réserves d'eau, dans lesquelles se nourrissent ses racines.

Et là, cette plante qui ressemble à s'y méprendre à une plante verte, en cinq fois plus grosse ? C'est une plante verte, en effet. Pas rétrécie par la vie d'appartement, mais prenant ses aises dans l'atmosphère qui lui convient. La vie, la vraie, quoi.

On comprend qu'avec tout ça, la grenouille arboricole ne touche plus terre.

Il y a dix ans

« Elles sont arrivées il y a dix ans, explique Romaric Perrocheau, directeur du Jardin des Plantes. Personne n'y a d'abord fait attention. On pense qu'elles sont entrées ici sous forme d'oeuf, à l'intérieur de plantes en provenance de Guyane. »

À l'époque, les visites publiques nocturnes ne se pratiquaient guère. Les petites rainettes ont prospéré à l'aise, se reproduisant tranquillement dans l'hygrométrie élevée (80°) des serres centenaires.

Dix ans qu'elles chantent et se multiplient dans un milieu pas si éloigné de leur forêt humide et chaude. Dix ans d'art lyrique sans contrainte, ça vous monte à la tête. Elles se promènent dans les grosses fleurs rouges qui poussent sur les troncs d'arbres, vrais ou reconstitués (avec de la tourbe).

Invisibles, elles coassent quand ça leur chante, à la tombée de la nuit. Heureux visiteur qui peut en apercevoir, verte, minuscule. Même ne pas les voir, c'est quelque chose à vivre.

Le rêve de Romaric Perrocheau : « En acclimater de nouvelles, très colorées. »

Rêve pervers, renseignement pris : ces grenouilles aux couleurs acides, métalliques, sont appelées poison dart frog. La grenouille-flèche empoisonnée. Du curare sur pattes, en quelque sorte. Des rainettes comme vous aimerez en présenter à votre cousine un soir, juste pour la surprendre.

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