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Max|mum-leterrarium

Sur les traces de la plus grosse vipère du monde

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Sur les traces de la plus grosse vipère du monde

Dans la forêt, seule la lumière diffuse de ma lampe torche perce l'obscurité. Des bruits inconnus agitent la canopée alors que nous cherchons la terrible Bitis gabonica.

La veille au soir dans un village perdu du nord ouest du Togo, le Chef Arouna, dont je suis l'invité, m'offre un morceau de viande cuite sur la braise. Je saisis le mets alors que de la graisse fondue s'en échappe et tombe au sol. La viande est blanche. Je mords dedans avec suspicion, pourtant à ma grande surprise, le goût est excellent !

Mes hôtes sont hilares et c'est avec appréhension que je les interroge sur la nature de cette viande. On m'apporte alors une tête tranchée de reptile, je reconnais aussitôt une vipère, mais pas n'importe laquelle, la plus grosse, la plus grande et la plus lourde : la vipère du Gabon.

Le chef m'explique qu'elles sont nombreuses dans la forêt toute proche et qu'à l'occasion de certaines fêtes ou cérémonies, on en tue une pour la consommer. Il me demande facétieux et moqueur, si je veux aller capturer moi-même une terrible Gabonica. Il ignore que les serpents font partie de ma vie professionnelle. J'accepte avec empressement son offre. Tel est pris qui croyait prendre !

C'est à la tombée de la nuit que nous nous mettons en marche, les vipères du Gabon vivent dans les forêts tropicales et se déplacent nuitamment à la recherche de leurs proies. Ce serpent est celui de tous les superlatifs. C'est la plus grande des vipères (1,70 m ), c'est la plus lourde des vipères (15 kg) et c'est celle qui a les plus longs crochets au monde ( 5 cm ).

Nous marchons prudemment, éclairant le sol de nos lampes. Sous nos pas, des milliers de petits insectes s'enfuient, regagnant des cachettes mystérieuses. Parfois c'est un scorpion qui nous fait face, menaçant. Par jeu, j'en capture un en le prenant par l'arrière de sa queue au niveau du dard. Ainsi, il ne peut plus piquer. Je le pose sur ma main, il en fait le tour rapidement cherchant à se cacher. Je le dépose doucement au sol avant de reprendre notre marche.

Avec un bâton, mon accompagnateur fouille les feuilles et les buissons. Le temps passe lentement, agréablement dans la moiteur de la jungle africaine. Soudain un soufflement puissant et agressif se fait entendre. Le chasseur vient de débusquer une vipère. Je m'approche avec prudence, pas question de faire le clown comme avec le scorpion. Avec mon bâton, j'écarte des feuilles mortes au sol et là apparaît une vipère du Gabon.

Le reptile est gros mais pas exceptionnel, il doit peser dans les huit kilos. Malgré ma lampe qui l'éclaire, j'ai du mal à voir les contours de son corps qui se confondent avec l'environnement. Les plus grosses vipères Gabonica peuvent peser 15 kg et mesurer 1m70. Leur diamètre est de 45 cm , soit l'équivalent d'une jambe humaine.

Bien que peu agressive, notre vipère était certainement en embuscade pour chasser et apprécie peu notre intrusion. Elle souffle de plus en plus fort et se ramasse sur elle même en position d'attaque. On pense souvent que la vipère du Gabon est indolente, que c'est un animal que l'on peut manipuler comme un serpent ordinaire, mais c'est oublier trop vite qu'elle est rapide comme l'éclair et frappe sans prévenir, inoculant un venin terriblement toxique et mortel. Un mélange d'hematoxines qui empoisonnent le sang et de neurotoxines qui agissent sur le sytème nerveux et paralysent la victime.

La vipère du Gabon est ovovivipare, c'est à dire qu'elle "fabrique" des oeufs qui incubent et éclosent dans son corps et elle donne naissance à une soixantaine de jeunes serpenteaux autonomes et possédant déjà un venin actif. Les naissances interviennent généralement vers le mois d'avril.

Au petit jour, nous regagnons le village après avoir débusqué au total quatre vipères, ce qui est tout à fait exceptionnel. Ce reptile est très commun, mais la réduction de son habitat et les changements climatiques ont un impact sur leur population dans certains pays d'Afrique. Cependant, au Togo, elles ont encore de beaux jours devant elles et compte tenu de l'importance des naissances, il y a fort à parier qu'il y aura encore de la vipère au menu des cérémonies du vieux chef Arouna.

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