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Nantes : une fourrière à serpents au musée

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Nantes : une fourrière à serpents au musée

Interdites au public, les réserves du muséum d'histoire naturelle abritent des reptiles saisis par les douanes ou abandonnés. Visite guidée.

Quatre à quatre, Hervé Kervran s’enfonce dans les entrailles du muséum d’histoire naturelle de Nantes. Une dernière volée de marches et le voilà face à une porte vitrée, barrée d’une tête de mort : « Entrée interdite. Danger. »

Un tour de clé et le « Monsieur reptile » de l’établissement se glisse à l’intérieur. « Nous voilà dans l’animalerie du musée ». Sol et murs carrelés, paillasse blanche immaculée…

L’endroit a tout du laboratoire. Sauf qu’ici, point de rats en cage mais des serpents dans des box. « Les rongeurs sont dans la salle d’à-côté, dans le garde-manger… »

Arrêt devant le premier vivarium. Enroulé sur lui-même, un mocassin d’eau de Floride se prélasse dans une bassine. Lui est né en captivité, au musée. Une exception. Dans le voisinage, beaucoup de locataires ondulants proviennent de saisies douanières ou judiciaires.

À l’instar d’un crotale originaire de Taïwan. La bête au nez pointu se réchauffe sous une lampe, trois box plus loin. « On l’appelle la vipère des cent pas, comme le temps qui s’écoule avant les effets de son venin », explique le spécialiste.

Elle n’a rien à faire sous nos latitudes, « seulement, avec Internet, des élevages clandestins se développent, déplore Hervé Kervran. Quand leurs propriétaires se font prendre, on sert de fourrière. »

Serpents venimeux dans le courrier postal

L’établissement nantais affiche complet. Sur les 90 serpents des réserves du musée, neuf sur dix sont venimeux. « Les fraudeurs jouent un jeu dangereux. Je pense à un éleveur du nord de la France qui envoyait ses serpents par la Poste. Commerce illégal, mise en danger de la vie d’autrui… il risquait gros. »

D’autres reptiles finissent dans les sous-sols de la rue Voltaire après avoir été découverts sur un trottoir, un palier d’immeuble ou dans un jardin. « On nous a appelés une fois pour récupérer un serpent des blés dans le bac à sable d’une crèche, à Saint-Herblain. Ces animaux sont des fugueurs. Ils se sont échappés de leur vivarium et les propriétaires, rarement en règle, ne les réclament

jamais. »

Ils terminent alors leur vie dans l’animalerie. Servent pour des animations ponctuelles au musée ou entrent dans le cursus de formation des sapeurs-pompiers. « On leur apprend à reconnaître les espèces locales, à les capturer. » Les apprentis vendeurs en animalerie, assistants vétérinaires ou soigneurs de zoo en formation bénéficient également du savoir-faire d’Hervé Kervran. Et du concours de ses secrets pensionnaires.

Rémi Certain

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