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Bisphénol A : un nouveau rôle insoupçonné dans le développement embryonnaire

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Bisphénol A : un nouveau rôle insoupçonné dans le développement embryonnaire

Encore une étude accablante pour le bisphénol A. Cette substance, retrouvée dans une grande diversité de plastiques, et déjà accusée d’être un perturbateur endocrinien, serait également responsable du développement anormal de l’oreille interne chez certains Vertébrés, qui plus est par le biais d’un nouveau mode d’action.

Le bisphénol A, qui sera désormais interdit de la composition de tous les biberons européens dès cet été, revient une fois de plus sur le devant de la scène pour de mauvaises raisons. Après ses effets néfastes sur le cœur et sur les intestins, cette fois-ci une nouvelle étude démontre qu’il perturberait le développement embryonnaire de certains animaux.

Rappelons-le, le bisphénol A, tour à tour accablé puis réhabilité suite aux conclusions de beaucoup d’études contradictoires, est présent dans nos produits du quotidien. Les emballages alimentaires plastiques comme les bouteilles ou les cannettes en sont constitués, mais la molécule entre aussi dans la composition des CD et des lunettes. Bref, 2,5 millions de tonnes sont produites chaque année, de quoi perturber un certain nombre de systèmes endocriniens !

Reprotoxique probable, mais pas seulement

Car la structure du bisphénol A ressemble étrangement à des molécules naturelles, si bien que les récepteurs cellulaires s’y trompent. Ainsi, le bisphénol A peut mimer l’action de l’hormone féminine (l’œstrogène) et inhiber l’hormone thyroïdienne T3 en se fixant sur leurs récepteurs dédiés. Bien qu’il agisse avec une efficacité plus faible que ses homologues, le bisphénol A, présent à l’état de traces chez la grande majorité d’entre nous, pourrait donc être à l’origine de processus physiologiques fortuits. Il est par exemple soupçonné d’être impliqué dans l’apparition précoce de la puberté, et est surtout classé comme reprotoxique de catégorie 3 (« préoccupant pour la fertilité de l’espèce humaine », mais dont les effets ne sont pas clairement démontrés).
C’est tout ce que l’on savait de cette molécule, jusqu’à ce qu’une équipe du CNRS, à l'Université de Lyon, ne se penche sur la question en l’abordant par un autre angle. Qu’en est-il des effets du bisphénol A, non pas sur les bébés, mais sur les embryons ? Pour le savoir, les chercheurs ont mis en contact des œufs de poisson-zèbre (le poisson de laboratoire par excellence) et de xénope (un amphibien) avec des quantités croissantes de la molécule (de 1 à 20 milligrammes par litre) et ont publiés leurs résultats dans la revue BMC Developmental Biology.

Au-dessus d’un seuil de 15 milligrammes par litre, tous les embryons ont présenté des anomalies au niveau de l’oreille interne. Plus précisément, ce sont les otolithes qui étaient affectés. Ces petites calcifications (cristaux de carbonate de calcium), retrouvées au niveau d’une structure creuse, le vestibule de l’oreille interne où baigne l’endolymphe, sont nécessaires à la perception de l’équilibre. Lorsque la tête change de position, ces cristaux appuient plus ou moins sur les cellules sensorielles qui envoient au cerveau l’information de la position précise de la tête dans l’espace.

Deux conclusions inquiétantes

Chez les embryons soumis au bisphénol A, ces otolithes étaient absents, plus nombreux ou formaient des agrégats. Mais le plus étonnant reste à suivre ! Les mêmes expériences réalisées en remplaçant simplement le bisphénol A par ses molécules agonistes (β-17-œstradiol) ou au contraire par des molécules antagonistes (ICI 182 780 ou T3), montrent que ni le récepteur des œstrogènes, ni le récepteur de l’hormone thyroïdienne ne sont impliqués dans le processus.

Ces résultats sont inquiétants pour deux raisons. La première est qu’ils démontrent que le bisphénol A (à des taux plus élevés que ceux auxquels nous sommes exposés) peut perturber le développement des embryons de certains Vertébrés, et donc peut-être des Mammifères. La seconde est qu’ils mettent en lumière l’existence d’un nouveau type de récepteur insoupçonné, capable d’interagir avec le bisphénol A, et ouvrent donc la voie à la possible découverte d’autres processus médiés par la molécule, que l’on n’imaginait pas.

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