Ils abandonnent deux crocodiles "mangeurs d'hommes" dans leur piscine

[Max|mum-leterrarium 0]

Ils abandonnent deux crocodiles "mangeurs d'hommes" dans leur piscine

Deux grands crocodiles du Nil particulièrement agressifs doivent être capturés et déplacés vers une zone sécurisée, c'est ma mission du week-end.

Un ami restaurateur est affolé, il vient de découvrir dans la piscine abandonnée du restaurant de plage qu'il vient d'acquérir à Lomé (Togo), deux énormes sauriens. Les animaux n'étaient pas visibles car ils évoluaient dans une eau verdâtre recouverte d'immondices. C'est en pompant l'eau pour permettre la destruction de la piscine que les animaux ont été découverts.

Vraisemblablement abandonnés par les anciens propriétaires, les crocodiles sont de belles tailles et bien gras, mais particulièrement agressifs. Les mâchoires claquent dés qu'on s'approche de leur "mare" et ils plongent sous l'eau en causant des remous effrayants.

Je ne suis pas spécialiste des crocodiles, je n'en ai jamais eu dans mes installations car mon travail tourne essentiellement autour des petits reptiles comme les serpents, les varans ou les tortues. Cependant, je connais bien le mode de fonctionnement de ces grands sauriens et je sais comment les capturer de façon très simple malgré leur taille.

C'est à midi pile que j'arrive dans le restaurant de plage. La première surprise c'est que le restaurant est ouvert et rempli de clients. Mon ami a omis de m'informer qu'il avait avancé la date de l'ouverture des lieux. J'aborde avec prudence la piscine en ruine. L'un des crocodiles est bien visible dans l'eau croupie, mais point de second reptile.

Entre le haut de la piscine et le fond ou se trouve le crocodile, il y a presque deux mètres de hauteur ce qui rend la capture difficile. Pire, il reste encore beaucoup d'eau ce qui permet à l'animal de se cacher. Je sors mon attirail qui consiste tout bêtement en une grande corde avec un noeud coulant, plusieurs lanières pour attacher les pattes et la gueule ainsi qu'une longue perche.

Après avoir enroulé le noeud coulant sur la perche, je descends le tout vers l'animal. A cause de l'eau, je n'arrive pas à lui passer la corde autour du cou. Je demande donc à un de mes employés de piquer avec une seconde perche le cou du crocodile. La réaction ne se fait pas attendre et la bête lève aussitôt la tête en claquant des mâchoires.

C'est raté car la corde s'est coincée entre les dents de l'animal. Nous recommençons la manoeuvre plusieurs fois avant qu'enfin le noeud passe autour du cou et l'enserre. C'est un déluge d'eau et de fureur qui suit cette victoire. Le crocodile est ivre de colère, il se sait pris au piège et roule sur lui même nous éclaboussant d'eau et de déchets. Nous sommes trois à tenir la corde et pourtant nous manquons de plonger au fond de l'eau avec le reptile.

Finalement, nous tirons le saurien vers les escaliers de la piscine et nous le ramenons lentement vers le haut. Il se débat avec toujours autant de hargne et le bruit de ses mâchoires nous incite à redoubler de prudence. Il est désormais presque sur la terre ferme. C'est le moment critique car il risque de nous charger. Comme il est légèrement suspendu entre deux hauteurs de marches, je décide de profiter de cette situation inconfortable pour l'animal.

Tel qu'il se présente, il ne peut plus se déplacer et nous attaquer. Lentement avec une lanière, je m'approche de lui pour attraper sa gueule. La particularité des crocodiles c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de force au niveau de l'ouverture des mâchoires. Même pour un gros spécimen, si on lui maintient la gueule fermée, il ne peut plus l'ouvrir.

Pour le moment le crocodile à la gueule ouverte et il n'est pas question de l'approcher. J'avance un gros bâton vers ses mâchoires. Aussitôt elles se referment faisant éclater le bois. J'en profite pour lui saisir le museau, maintenir la gueule fermée et l'a ligoter avec mes cordelettes.

Le reste est un jeu d'enfant. Le crocodile est trainé sur le sable ou il tente encore de s'échapper en entamant une série de roulades. Il pèse au jugé plus de 150 kg et le retenir n'est pas une mince affaire. Finalement, nous attachons la corde à un palmier et nous lui sautons dessus pour l'immobiliser et lui attacher les pattes avants et arrières.

Comme il est impossible de le porter, vu son poids, vers sa nouvelle demeure, je décide de le traîner en le tirant avec notre corde que nous lui passons sous les pattes avants afin de ne pas le blesser. Le trajet est couvert de sable fin, il n'y a donc pas de risques pour la bête.

C'est ainsi que vers 13h15, les clients du restaurant se sont vu intimer l'ordre de quitter la plage pour permettre le convoyage d'un crocodile de plus de deux mètres de longueur. Celui-ci a rejoint un enclos propre et agrémenté d'une piscine à l'eau claire, suivi quelques minutes plus tard par son compagnon d'un mètre quarante que nous avons finalement retrouvé planqué sous l'eau.

Et vous, que faites vous le week-end ?

Source