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Réintroduction des tortues dans la réserve de Katané : Le lâcher ou la fin d’un long processus

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Réintroduction des tortues dans la réserve de Katané : Le lâcher ou la fin d’un long processus

Ce sont, cette année, douze tortues qui sont lâchées dans la réserve de Katané à l’Ouest de Ranérou. Une manière pour le Parc national de reconstituer cette faune qui faisait la fierté du Ferlo.

Douze tortues élevées dans le village de Noflaye, située à 35 km de Dakar ont été transférées dans la réserve de Katané, dans le département de Ranérou. Un programme de conservation de cette espèce a été lancé en 1993 afin de recueillir des tortues dans un parc dans le but de faire reproduire l’espèce pour pouvoir à long terme faire des lâchers dans la nature. Les tortues sillonnées ou tortues de savanes, l’une des plus grosses tortues continentales, sont aujourd’hui considérées comme la troisième plus grosse espèce de tortue terrestre. On la trouve sur toute la bande sahélienne.
Autrefois commune au Sénégal, la tortue sillonnée est aujourd’hui en voie de disparition. Outre les animaux dont les hyènes et les chacals, l’homme reste la plus grande menace pour les tortues. Les spécimens sont chassés pour leur chair. Au Sénégal, la tortue sillonnée est aussi convoitée pour diverses raisons : certains la cherchent parce qu’elle porte bonheur, d’autres parce que amenant la longévité, la fécondité. Pour beaucoup la tortue soigne l’asthme. Il y a des menaces liées au surpâturage et à l’avancée de l’homme. Au Sénégal, on trouve plus de tortues dans les maisons que dans la forêt.

Nous sommes un jour de vendredi, les tortues sont chargées dans des véhicules. Le groupe devait regagner Ranérou le même jour. Les spécimens sont mis dans les boîtes en bois jusqu’au site. Le groupe s’est arrêté à Linguère pour permettre aux bêtes de souffler. Le lendemain soir, nous voilà arrivés dans le nouveau département de Matam, Ranérou, où se trouve le village des tortues. Une séance de sensibilisation et d’exhibition devant les populations de Ranérou, notamment les enfants est aussitôt organisée. Il fallait permettre un contact entre les populations et les animaux. Toute la soirée était réservée à cette séance. Le lendemain matin, des antennes ont été posées sur toutes les tortues pour un suivi dans la réserve de Katané.

Le dimanche matin, accompagnée des officiels du département dont le préfet, la délégation dirigée par les parcs nationaux a pris la direction de l’enclos de Katané. Sur place, les populations attendaient. Katané est un petit village peul de quelques cases où vivent des éleveurs. L’architecture des cases et la disposition des maisons renvoient exactement au mode de vie des populations. Ici, hommes et animaux sauvages se côtoient sans se gêner. Le village est divisé en deux entités. A gauche, les habitations constituées de cases rondes et d’enclos des ruminants. Un peu plus loin des champs familiaux en jachère, vastes et déserts, recouverts de crottes de vaches, attendent d’être cultivés. Malgré les premières pluies tombées il y a deux jours, les éleveurs n’ont pas encore travaillé la terre. L’enclos de Katané est une véritable forêt ‘artificielle’ au cœur de la savane. Long de 700 ha, la réserve comprend quatre parties : deux en acclimatation et deux en observation. ‘Le fait que nous ayons clôturé cette localité limite l’accès aux populations et aux troupeaux à la recherche de pâturage. Le résultat est concluant : nous avons aujourd’hui une régénération naturelle. Il y a une zone accessible aux populations afin qu’elles puissent se ravitailler en bois, fruits, etc.’ déclare Kalidou Diédhiou, chef de secteur des parcs nationaux.

L’épreuve du lâcher

La sensibilisation sur l’importance de la réserve a permis une large communion entre les populations et techniciens du parc national et des Eaux et Forêts. Puis c’est le lâcher.

Le lâcher se fait dans deux endroits différents. Dix grosses tortues sont relâchées dans le premier endroit près de la grande mare. Les dix sont sorties de leur caisse avant d’être posées sur terre. Après des séances de photos, les tortues sont libres. Une dizaine de minutes plus tard, les tortues se sont fondues dans la nature. Un tour dans la forêt a permis à l’équipe scientifique de trouver, à l’aide des antennes, certaines tortues. Puis nous sommes allés à la recherche d’anciennes tortues relâchées en 2006, sur le même endroit. Un gros trou, appelé terrier sert de refuge aux tortues pendant les périodes de chaleur. ‘Les tortues vivent individuellement pendant sept mois au fond des terriers sans manger ni boire. Elles quittent les terriers pendant les premières pluies pour manger et doubler leur poids. Les femelles continuent de manger, tournent, se battent et s’accouplent. Et cela va durer jusqu’en mi-Octobre. Les pontes ont généralement lieu en Novembre’, clame Antoine Cadi, docteur en écologie. En effet selon, les explications des scientifiques, la tortue sillonnée vit dans les régions où le climat est rude. Pendant l’été, elle résiste à de fortes chaleurs et l’hiver aux nuits très froides. Pour se protéger de la chaleur, les tortues font des trous de 4 à 5 mètres de long pour une profondeur de 1,5 mètre où elles peuvent trouver l’humidité nécessaire pour survivre. Leur alimentation est constituée de plantes, de racines et de charognes.

Plus loin dans le parc, un second lâcher est aussi effectué. Les deux petites tortues sont posées à côté d’une mare d’eau. Profitant de la liberté, elles ont glissé entre les branches pour disparaître.Sur le chemin, d’autres animaux qui sont également lâchés dans l’enclos ont fini de se démultiplier. Les populations du parc sont estimées à 110 bêtes. On y retrouve des Oryx, trois sortes de gazelles, des tortues.

N. SAGNA

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