Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Max|mum-leterrarium

Les aires protégées: bouées de sauvetage de la biodiversité

Messages recommandés

Les aires protégées: bouées de sauvetage de la biodiversité

En octobre dernier, 193 pays du Nord et du Sud, dont le Canada, se sont réunis à Nagoya, dans le centre du Japon, pour souligner l'urgence de protéger la biodiversité mondiale. Cette rencontre a culminé avec l'adoption d'un accord visant à mieux protéger les espèces et les écosystèmes de la planète, et à en partager plus équitablement les bénéfices.

En effet, les pays réunis ont élaboré un «plan stratégique», pour 2020, visant à freiner le rythme alarmant de disparition des espèces fauniques et floristiques.

Ce plan a pour objectif particulier l'augmentation des aires protégées de la planète à 17 % de la surface totale des terres, alors qu'il n'y en a que 13 % aujourd'hui. Il prévoit aussi un accroissement important de la superficie marine protégée, en passant du 1 % actuel à un objectif de 10 % de la surface totale des océans.

D'après une évaluation de la diversité biologique réalisée à l'échelle mondiale, l'extinction des espèces, depuis le XVIIe siècle, s'est produite 50 à 100 fois plus rapidement que le rythme naturel moyen estimé. De plus, les scientifiques prévoient qu'au cours des prochaines années, ce chiffre devrait encore s'accroître pour atteindre entre 1000 et 10 000 fois le rythme naturel d'extinction.

Les statistiques à jour parlent d'elles-mêmes: selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une espèce d'amphibien sur trois, plus d'un oiseau sur huit et plus d'un mammifère sur cinq sont menacés d'extinction au niveau mondial. L'urgence de protéger l'immense variété des richesses naturelles qui soutiennent la vie sur Terre a atteint un point critique.

Un nouvel objectif québécois pour 2015

En 1992, le Québec, à l'instar d'une centaine d'autres pro-vinces, États, pays et organisations non-gouvernementales, se retrouvait à Rio de Janeiro, au Brésil, pour le Sommet mondial de la Terre. Le sentiment d'urgence concernant la sauvegarde de notre planète était déjà perceptible au sein de la communauté internationale. Depuis lors, des stratégies ont été mises en oeuvre pour protéger l'environnement de façon plus adéquate et ainsi freiner la destruction des habitats.

Le Québec n'a pas failli à la tâche depuis le début du millénaire. En effet, nous sommes passés de 0,95 % d'aires protégées sur le territoire de la province en 2002 à 8,16 % en mars 2009, soit plus de 135 000 km². En 2004, le gouvernement du Québec avait élaboré une stratégie visant à augmenter, d'ici l'année 2007, la superficie des aires protégées à 8 % du territoire de la province. En mai 2011, nous avions atteint 8,35 %. Toutefois, comme l'indiquent les cibles de protection révisées lors de l'accord de Nagoya (protection de 17 % des terres et 10 % des océans), ces objectifs se devaient d'être révisés à la hausse.

Il est peut-être regrettable que le Québec, qui aurait pu se tailler une place de leader au sein de la communauté internationale dans la foulée de Nagoya, n'ait haussé son objectif que de 4 %. En effet, au printemps dernier, le gouvernement du Québec a défini des orientations stratégiques qui permettront d'atteindre 12 % d'aires protégées sur le territoire québécois d'ici 2015.

Bien que cette cible représente une extension du réseau de l'ordre de 75 000 km², portant ainsi la superficie totale protégée à environ 200 000 km², nous restons loin de l'objectif international de 17 %. Cependant, en ce qui concerne l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent, le gouvernement prévoit augmenter les aires protégées à 10 %, devançant ainsi de cinq ans la cible proposée par l'accord de Nagoya.

Qu'en est-il de la conservation dans le sud du Québec ?

Tel que mentionné plus haut, 8,35 % du territoire québécois est maintenant protégé. La majorité de ces terres se trouvent dans les grandes étendues du Nord et sont de tenure publique; il est en effet beaucoup plus facile pour le gouvernement de protéger les terrains dont il est propriétaire. La faible densité de population que l'on retrouve dans cette partie de la province simplifie également le travail de conservation.

Néanmoins, c'est dans le sud du Québec que la diversité biologique est la plus riche. Le climat plus tempéré que celui du Nord permet à un vaste nombre d'espèces de survivre et de se reproduire avec succès. C'est aussi à cette latitude que la diversité biologique subit le plus de pressions. Effectivement, plusieurs espèces y atteignent la limite nord de leur aire de distribution et, conséquence des conditions climatiques les plus clémentes de la province, on y retrouve aussi les plus grands bassins de population humaine et la zone agricole la plus productive. C'est donc dans cette région que le pourcentage d'espèces en situation précaire est le plus élevé.

Il est d'une importance capitale de protéger ce haut lieu de biodiversité. Comme la plus grande partie de ce territoire se trouve en terres privées, les démarches pour assurer la conservation doivent impliquer les propriétaires fonciers concernés. Il est alors plus complexe pour une instance gouvernementale de protéger des terrains lorsque ses citoyens en sont propriétaires.

Des organismes de conservation locaux pour concrétiser la protection du territoire

Depuis une quinzaine d'années, nous voyons se créer de plus en plus de groupes locaux de conservation. Ils sont formés de gens passionnés par la protection de l'environnement, souvent bénévoles, qui sont les mieux placés pour accomplir des projets de conservation en terres privées. Ils connaissent la réalité des communautés et des propriétaires et sont au fait des outils mis en place par le gouvernement pour protéger les terres à perpétuité. Ces organismes sont essentiels à l'atteinte des objectifs nationaux de conservation.

Corridor appalachien (ACA), un organisme de conservation dont le territoire d'action se situe en Estrie et en Montérégie, travaille avec 14 organismes qui partagent sa mission de protection des milieux naturels au sud des Cantons-de-l'Est. À cette latitude, le relief offre une grande diversité d'habitats, comme des vallées aux sols riches, des sommets abritant une flore et une faune spécialisée, des ruisseaux de montagne aux eaux fraîches et pures, etc. Tout ceci contribue au caractère unique de ce territoire qui abrite plusieurs espèces en péril. Corridor appalachien offre une expertise technique (biologie, géo-matique, négociations des ententes de conservation, aide à la recherche de financement, etc.) aux groupes qui souhaitent compléter le processus de protection des terres en milieu privé.

Sur le territoire d'ACA, les aires protégées privées sont passées de 400 hectares en l'an 2000 à près de 10 000 hectares en 2011, grâce à la collaboration des organismes de conservation, des propriétaires, des partenaires financiers et des gouvernements. Toutefois, même en ajoutant à ces données la surface du parc national du Mont-Orford, aire protégée publique, nous arrivons seulement à une portion de 5,3 % du territoire d'ACA qui est protégée à perpétuité. Il va sans dire qu'il reste du travail à faire, et que pour cela nous aurons besoin d'appui financier et de l'implication active des membres des communautés locales.

Nous ne pourrions pas vivre sans la diversité biologique qui est à la base de notre alimentation, de nos médicaments, des sources de carburant et d'une multitude de biens et de services qui nous sont essentiels. C'est ce qu'ont voulu dire les 193 pays qui se sont réunis pour un sommet sur l'état mondial de la biodiversité. Leur adoption d'un objectif de 17 % de la surface terrestre en aires protégées pour 2020 vient appuyer l'urgence d'agir, et vient confirmer que l'outil de conservation par excellence est la protection du territoire à perpétuité.

Le sud du Québec, qui abrite la plus grande concentration d'espèces de la province, ne devrait donc pas se contenter d'un maigre 4,8 % de son territoire sous protection.

Stéphanie Beaudoin

Source

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...