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Max|mum-leterrarium

Chasseur de grenouilles taureaux

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Chasseur de grenouilles taureaux

Des grenouilles taureaux américaines colonisent des étangs du Périgord. Elles sont chassées à coups de fusil

«Chaque soir, quand je ferme les yeux, je vois des grenouilles partout. » Pierre Roussarie a 21 ans, le sourire franc et le regard fatigué. Deux fois par semaine, il passe la nuit dans les étangs du Parc naturel régional Périgord-Limousin avec de l'eau jusqu'à la taille et une torche à la main. Depuis trois ans, le jeune homme est employé chaque été par le parc pour participer au programme d'éradication des grenouilles taureaux lancé en 2006 par son président, Bernard Vauriac. Une opération qui a déjà plus de 5 500 batraciens sur la conscience. Mais c'est pour la bonne cause.

Carabine et lampe frontale

« La grenouille taureau est une espèce envahissante, explique Pierre Roussarie. Elle est vorace et se nourrit pour moitié en mangeant les autres grenouilles. » Pour l'autre moitié, l'amphibien affamé originaire d'Amérique du Nord attrape tout ce qu'il trouve, des insectes aux petits mammifères en passant par les mollusques et les crustacés, sans se soucier de la protection des espèces rares.

Problème : l'équilibre naturel des étangs périgourdins est perturbé par cette grenouille hors norme. D'une longueur de 20 centimètres, elle pèse jusqu'à 1 kilo et émet un chant guttural qui lui vaut son deuxième prénom. « On dirait un veau qui appelle sa mère, sourit le jeune homme. On peut les entendre à 1 kilomètre. »

Les sorties nocturnes se font par équipes de deux. En barque ou à pied, les agents du parc s'avancent en éclaireurs, suivis de près par des gardes-chasse munis d'une lampe frontale et d'une carabine de 5,5 mm à air comprimé. « Ils sont tous bénévoles et écolos, raconte le jeune homme. Notre travail, c'est de les prévenir s'il y a une bûche ou un creux. »

Lorsqu'il repère une cible, Pierre allume un phare pour la pétrifier pendant que le tireur la met en joue. « Ce n'est pas toujours évident, confie-t-il. Parfois, on passe une heure dans un étang pour avoir une grenouille. » Souvent, les terrains de chasse sont impraticables et les traqueurs d'amphibiens doivent se frayer un chemin à la machette. De quoi pousser un coup de gueule : « Nous prévenons les propriétaires des plans d'eau à l'avance, râle-t-il. La plupart sont coopératifs mais certains ne s'occupent pas du tout de leurs étangs, ce qui rend notre tâche impossible. »

D'autres envahisseurs

Depuis six ans, le travail des chasseurs a porté ses fruits. « Nous en voyons de moins en moins, assure Pierre. Scientifiquement, l'éradication devrait atteindre son terme cette année. » Néanmoins, l'espèce n'a pas disparu du Périgord vert. Il semble que les grenouilles taureaux se reproduisent plus vite et se fassent plus discrètes.

« On tue un gros mâle, il est remplacé par un plus petit le lendemain, affirme le jeune homme. Je ne crois pas qu'on les éradiquera, mais on va au moins les réguler, comme les ragondins. » Car les amphibiens sont loin d'être le seul problème de l'étudiant en gestion et maîtrise de l'eau. Les étangs font aussi face à une prolifération de la jussie - une plante envahissante - ou à plusieurs nids de frelons asiatiques. Avant de s'y attaquer, Pierre doit encore passer quelques nuits accroupi dans les étangs, à écouter les grenouilles meugler.

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