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Max|mum-leterrarium

Tortue: un animal menacé se cache sous la carapace

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Tortue: un animal menacé se cache sous la carapace

En cette Année internationale de la tortue, le spécialiste romand Jean-Marc Ducotterd nous fait connaître quatre espèces hors du commun.

Sa carapace semble lui avoir permis de repousser les assauts du temps. Cuirassée dans son armure faite d’os, de cartilage et d’écailles, la tortue a survécu aux dinosaures, bravant aussi bien les périodes glaciaires que la dérive des continents.

Seulement voilà, en cette Année internationale de la tortue, la grande question est désormais de savoir si le XXIe siècle ne lui sera pas fatal. S’il ne verra pas l’extinction de celle qui est apparue il y a près de 220 millions d’années. Car sur les 328 espèces connues à ce jour à travers le monde – terrestres, marines ou aquatiques – 47,6% sont considérées comme «menacées d’extinction» d’après la fameuse liste rouge établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la référence internationale en matière d’inventaire mondial de la conservation des espèces animales et végétales.

La survie des tortues est remise en question à cause de la destruction de leur habitat et de la prédation trop importante de l’homme, qui les utilise à des fins médicales, culinaires, voire artisanales. Figure emblématique de la religion hindouiste, Kûrma la tortue, deuxième avatar de Vishnou, serait descendue sur terre pour montrer à l’humanité la voie à suivre. Aujourd’hui, malheureusement, c’est bien l’homme qui semble montrer à la tortue le chemin vers… la sortie!

Chercher à préserver ces reptiles devient donc urgent. Jean-Marc Ducotterd, membre fondateur du centre de Protection et récupération des tortues de Chavornay (VD), nous fait découvrir les petites et grandes merveilles qui se cachent sous ces carapaces. En voici quatre exemples.

La plus rusée

Avec ses minuscules yeux posés sur sa tête plate et triangulaire, son nez en trompette et son cou allongé, la matamata (Chelus fimbriata) ne ressemble à rien! Ou plutôt si: à un tas de feuilles, voire, lorsqu’elle a la tête rentrée, à une grande feuille morte. La morphologie de cette tortue d’eau douce sud-américaine – qui peut atteindre 45 cm de long et peser jusqu’à 15 kilos – lui permet ainsi de se fondre parfaitement dans le milieu marécageux dans lequel elle vit. Ni vue ni connue, elle embrouille ses proies, généralement des poissons et des amphibiens. Et sa technique de chasse à l’affût est bien rodée: immobile, elle peut retenir sa respiration durant des heures jusqu’à ce qu’une proie passe à proximité de sa large bouche. L’attaque est foudroyante. La victime est aspirée en un cinquantième de seconde! Une fois l’eau recrachée, la prise est asphyxiée, puis gobée tout rond.

La plus maternelle

Pas question pour la tortue brune (Manouria emys) – aussi appelée tortue à six pattes en raison du gros ergot qui garnit l’arrière de ses cuisses – de laisser ses œufs sans surveillance. La plus grande des tortues terrestres asiatiques – 40 cm de long en moyenne pour près de 30 kilos – est en effet la seule tortue à prendre un tant soit peu soin de ses œufs. La femelle se place sur ou à proximité du nid constitué de terre, de feuilles et de brindilles. Elle dissuade ainsi d’éventuels prédateurs, comme les varans ou les mangoustes. Mais bizarrement, sans que l’on ne puisse encore l’expliquer, elle abandonne le nid après trois semaines d’une surveillance intense, alors que l’incubation dure près de deux mois. La tortue brune ressemble à une maman poule, mais seulement à l’aune des autres espèces de tortues!

La plus imposante

Entendre la tortue luth (Dermochelys coriacea) haleter pendant qu’elle pond, de nuit sur une plage, constitue une expérience inoubliable. Elle semble s’épuiser à chacun de ses râles. Il faut dire que cette tortue, la plus grande au monde – 500 kilos en moyenne pour une longueur de 1,80 mètre! – réalise un effort physique incroyable en s’extrayant des eaux pour venir sur terre. Ses mensurations exceptionnelles se rappellent alors à son bon souvenir. C’est le prix à payer pour assurer la survie de l’espèce. Après avoir creusé le trou de ponte, pondu, puis refermé le nid, elle traîne sa lourde carapace bleue foncée – sans écailles: il s’agit d’une peau plaquée sur les os – jusqu’à l’océan. Océan dans lequel elle suit son chemin grâce au champ magnétique terrestre et qu’elle parcourt sur des milliers de kilomètres pour retrouver les méduses dont elle est friande.

La plus helvétique

La cistude d’Europe (Emys orbicularis) fait partie du patrimoine naturel helvétique: c’est la seule tortue indigène de Suisse. Aquatique, elle arbore une «tenue» noire piquetée de nombreux points jaunes. Sa taille oscille entre 11 et 19 cm.

En Suisse, où l’espèce est considérée comme vulnérable, on compte environ 500 individus. Plus de la moitié se rencontrent dans les marécages riches en végétation et en buttes sèches du Moulin-de-Vert, à Genève. Un projet de réintroduction est d’ailleurs en cours dans ce canton. De quoi espérer offrir un avenir à notre tortue nationale.

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