Aller au contenu
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…
Max|mum-leterrarium

Les venins des serpents pour sauver des vies

Messages recommandés

Les venins des serpents pour sauver des vies

Dans le cadre d’une expo de reptiles à Vevey, des venins ont été prélevés sur des serpents mortels. Explications du laboratoire genevois qui espère y trouver les médicaments de demain.

Une vipère de Mauritanie, un impressionnant cobra égyptien, un crotale mécontent. Et un puissant serpent africain, croisement entre une vipère rhinocéros et une vipère du Gabon, le serpent possédant les plus longs crochets de la planète. Lundi soir, ces bestioles mortelles ont été sorties de leur vivarium par le spécialiste Karim Amri, organisateur de la plus grande expo de reptiles d’Europe, qui se tient jusqu’au 4 décembre à Vevey. Le but de ces «portes ouvertes» un brin effrayantes? Extraire leur venin.

Un venin récolté par le Dr Reto Stöcklin, président et directeur du laboratoire Atheris, à Genève. Avec 1200 échantillons au congélateur, Atheris peut prétendre avoir l’une des plus grandes collections de venins du monde. Pas pour confectionner des sérums mais pour la recherche. Car si un venin peut tuer, il peut aussi guérir. Les explications du biochimiste Reto Stöcklin.

Pourquoi récolter des venins?
Parce qu’ils contiennent des millions de molécules qui pourraient avoir des effets thérapeutiques. A partir des composés formant les venins, on espère trouver les médicaments de demain.

Concrètement, quelles maladies sont concernées?
Cancers, douleurs, allergies, diabète, alzheimer: les champs possibles sont innombrables. J’ai par exemple travaillé sur une molécule contenue dans un venin qui pourrait déboucher sur un traitement pour la sclérose en plaques. L’industrie pharmaceutique en est aujourd’hui à la première phase clinique de tests sur des patients. Un médicament pourrait être sur le marché d’ici à cinq ans.

Existe-t-il déjà des traitements issus de venins?
Oui. Une quinzaine de médicaments sont actuellement testés et six sont d’ores et déjà sur le marché. Il existe trois anticoagulants, issus respectivement du venin d’un crotale, d’une vipère et d’une sangsue, utilisés pour prévenir les infarctus ou la formation de caillots; un antidiabétique provenant du monstre de Gila, un lézard venimeux; ainsi qu’un antidouleur venant d’un escargot venimeux; ou encore, grâce à la vipère fer de lance d’Amérique du Sud, un médicament traitant l’hypertension.

Pourquoi les venins sont-ils si intéressants?
Car ils sont sous-exploités. Serpents, araignées, scorpions, fourmis, anémones, méduses, chenilles et autres: quelque 200 000 espèces animales ont du venin. Pour un serpent, il faut imaginer qu’il s’agit d’un cocktail de molécules. On en trouve entre 100 et 2000 différentes dans un seul venin. Ce cocktail est une merveille de l’évolution.

En quoi des substances létales sont-elles admirables?
Ces cocktails ont été développés, améliorés, affinés durant des millions d’années. La nature n’a pas choisi une seule molécule qui tue, mais un cocktail encore bien plus efficace sur les proies. Dans ces mélanges complexes, à nous de dénicher, d’isoler puis de synthétiser les molécules qui peuvent avoir un intérêt thérapeutique. On parle ici d’un réservoir de millions de molécules. Or 10 000 seulement ont été plus ou moins étudiées. Voilà pourquoi le champ d’expérimentation et les espoirs sont immenses.

Ces produits mortels sont-ils dangereux à manipuler?
Pas du tout, car nous travaillons sur des très petites quantités.

Combien coûte du venin?
Pour des serpents, de 100 à 1000 francs le gramme. Pour de minuscules araignées, ça peut être cent fois plus car l’extraction est compliquée et chacune n’en contient qu’infiniment peu.

Donc il y a un marché?
Il existe une demande mais pas un réel marché lucratif. Par le passé, des petits malins s’étaient dit qu’ils pourraient devenir millionnaires en vendant des kilos de venin de vipère. Le calcul était juste si l’on regarde le prix au gramme. Sauf que ça n’a pas marché car la recherche n’a pas besoin de kilos: une fraction d’un gramme nous suffit pour un à deux ans de travaux…

Source

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...