Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 3 novembre 2011 Qui a peur des araignées ?Méritent-elles leur si mauvaise image ? Les réponses de Christine Rollard, spécialiste mondiale des aranéides.« Je fais commerce d’amitié avec l’araignée. Je l’admets dans l’intimité de mon cabinet de travail, je lui fais une place au milieu de mes livres, je l’installe au soleil sur le bord de ma fenêtre, je la visite passionnément chez elle, à la campagne. » Cette phrase du célèbre entomologiste Jean-Henri Fabre, Christine Rollard pourrait la faire sienne – et ajouter qu’elle porte même des araignées sur elle, en bagues ou en pendentifs ! Une vraie passion, venue un peu par hasard : « J’aurais travaillé sur n’importe quel animal, mais, pour ma thèse, on m’avait proposé un sujet sur les parasites d’araignées. J’ai vraiment accroché et, l’année suivante, en 1988, le Muséum recrutait un maître de conférences spécialisé sur les araignées. »Aujourd’hui, la chercheuse, seule aranéologue française de réputation mondiale, partage son temps entre l’enseignement, la gestion des collections du Muséum (l’une des trois plus importantes au monde, avec 25 000 des 42 000 espèces connues – dont 12 000 “types”, les spécimens de référence), les campagnes d’études, le travail de classification et se consacre même, dans ses rares heures perdues, à “soigner” certaines personnes arachnophobes.« Il ne s’agit pas de leur faire aimer les araignées, mais de discuter avec elles pour invalider certaines idées reçues dont se nourrit leur phobie », explique-t-elle.Pourquoi déteste-t-on les araignées ? Il y a l’aspect : pattues, poilues, bondissantes. Il y a aussi les croyances : les araignées ne piquent pas, certes, mais elles mordent. Peu importe que 70 % d’entre elles n’aient tout simplement pas les crochets assez longs pour percer la peau humaine et qu’en vingt-cinq ans de recherche, Christine Rollard n’ait jamais été mordue. Elles sont venimeuses. Il est vrai que le venin de la veuve noire peut tuer un lapin et que sa morsure, très douloureuse, peut induire des complications chez l’homme. Mais on recense cinq cas mortels depuis vingt ans dans le monde, contre quinze décès annuels, rien qu’en France, par piqûre de guêpe ou de frelon.Il y a aussi le mythe de la grosse araignée. Mais si l’envergure de vingt-cinq centimètres de la mygale Theraphosa blondi peut effrayer, il faut savoir que la majorité des araignées ne mesurent que quelques millimètres et que les très grands spécimens ne se croisent pas dans nos contrées, même si la mygale maçonne ou les tégénaires de nos greniers peuvent faire belle impression. La France ne manque pas d’araignées – comme d’ailleurs toutes les régions du globe, à l’exception des régions polaires. Dans son dernier livre, Arachna, les voyages d’une femme araignée, Christine Rollard nous entraîne dans ses campagnes d’observations et d’études, du maquis corse aux falaises de Normandie en passant par les étangs de la Brenne ou les alpages du Mercantour. Un livre enrichi de photos et de dessins somptueux avec un but : donner à contempler et donner à comprendre.Une motivation qui a aussi présidé à l’organisation de l’exposition “Au fil de la toile” que le Muséum national d’histoire naturelle consacre aux araignées. Le parcours, interactif, pédagogique et scientifique, permet notamment de comprendre ce qui distingue les araignées des insectes ou pourquoi la tarentule n’est pas une grosse mygale. On y découvre aussi à quoi ressemblerait un hectare de campagne dépourvu d’araignées… et donc submergé par les 400 millions d’insectes qu’elles y dévorent chaque année. On pourra s’émouvoir du sort de l’araignée mâle, souvent forcé de perdre la vie pour la donner,et admirer l’ingéniosité tragique qu’il met à séduire sa compagne ; on ira aussi contempler, dans leurs vitrines, quelques beaux spécimens vivants – mygale poilue ou néphyle aux pattes effilées. À ne pas manquer : le module consacré au fil de l’araignée, cette soie unique, plus souple que le Nylon et plus solide que l’acier, véritable merveille de la nature, et, pour les amateurs du genre, le stand “cinéma” où les araignées de films d’horreur sont ramenées, par le bon sens, à de plus justes proportions. Enfin, l’expérience “La douceur d’une caresse” permettra au visiteur de sentir, sous ses doigts, le duvet soyeux d’une belle mygale. Mickaël FontonÀ lireArachna, les voyages d’une femme araignée, de Christine Rollard et Vincent Tardieu, Belin, 192 pages, 30 euros.Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites