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Max|mum-leterrarium

Le boa constricteur joue au cardiologue pour se nourrir

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Le boa constricteur joue au cardiologue pour se nourrir

Le boa constricteur mesure le rythme cardiaque de sa victime pour adapter la force de pression autour de son corps. L’arrêt des battements du cœur d’une proie est immédiatement suivi par un relâchement des efforts du serpent. Il dépense ainsi le moins d’énergie possible pour se nourrir et diminue son exposition à d'éventuels prédateurs.

Les boas constricteurs (espèces Boa constrictor) sont des serpents pouvant avaler de grandes proies d’un seul tenant. Jadis popularisés grâce aux aventures de Tintin ou du Petit Prince, ils se retrouvent de plus en plus souvent comme animaux de compagnie dans des ménages français. Dépourvus de venin, ils se nourrissent en s’enroulant de deux tours minimum autour de leurs victimes puis en les comprimant jusqu’à ce qu’elles meurent étouffées.

Bien que très efficace, cette technique de prise de nourriture présente deux désavantages majeurs. Premièrement, les boas sont vulnérables aux attaques d’autres prédateurs durant la période de constriction (en moyenne 9 à 16 minutes). Deuxièmement, ce comportement est très énergivore. L’activité du métabolisme aérobie des boas est multipliée par sept durant la neutralisation de la victime (par rapport au niveau de base). Ces serpents doivent donc réduire au maximum la durée de leurs efforts pour augmenter le rapport coût/bénéfice de leurs actions. Mais comment être sûr que la proie est neutralisée ?

Les boas perçoivent les battements de cœur des organismes qu'ils enserrent et modulent la pression exercée en fonction des résultats. Ils sont donc capables de mesurer le temps que doit durer la constriction des proies. C’est ce que révèle une étude publiée dans Plos One par une équipe de chercheurs dirigée par Scott Boback, de l’université de Pennsylvanie.

Le boa constricteur ausculte sa victime

Les scientifiques ont donné des rats morts en pâture à 16 serpents différents. Il y a néanmoins une astuce : les rongeurs ont été équipés d’une pompe contrôlable à distance et qui simule l’activité cardiaque. Des capteurs de pression placés sur les rats complètent le dispositif, afin de mesurer les efforts réalisés par les serpents. Trois situations ont été testées : le cœur artificiel ne fonctionne pas du tout, il est stoppé à la moitié de l’expérience ou il ne s’arrête jamais.

Sans battement de cœur, les boas se précipitent rapidement sur les leurres, les entourent et commencent à les écraser. Ils diminuent progressivement la pression dès la fin de la phase de capture. Le tout dure environ 12 minutes, un timing régulièrement observé dans la nature. Les serpents poursuivent continuellement la constriction des rats dont le cœur ne s’arrête pas. De plus, ils exercent régulièrement des pics de pression. Un record a été battu puisqu’un boa a comprimé un appât pendant plus de 25 minutes. Enfin, l’arrêt du cœur en cours d’expérience a toujours été suivi d’une diminution rapide de la pression exercée.

Des serpents n’ayant jamais mangé d'animaux vivants ont eu le même comportement. Il serait donc inné. Par contre, les reptiles expérimentés ont géré la manière d’appliquer les pressions sur leurs proies de manière différente. Il est probable qu'ils aient tiré profit des expériences vécues pour perfectionner leurs techniques de constriction.

Les battements de cœur sont donc des signaux utilisés par les boas pour rentabiliser au mieux leurs efforts et diminuer le risque de se faire attaquer par d’autres organismes durant la mise à mort des proies. Selon les auteurs de l’étude, cette compétence expliquerait le succès de ce mode de prise de nourriture au cours de l’évolution de ces serpents.

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