Max|mum-leterrarium 0 Posté(e) le 24 avril 2012 Les trafics d'espèces menacées prolifèrentEn 2011, les douanes ont saisi quelque 12.359 spécimens protégés.En quelques jours, à la veille de ce printemps, la zone de fret de l'aéroport de Roissy a soudain pris les allures d'une insolite arche de Noé. En fouillant des caisses expédiées depuis le Cameroun et estampillées «Live frogs», les douaniers ont découvert le 29 février un double fond dans lequel s'entassaient 64 caméléons. Huit des reptiles étaient morts de ces déplorables conditions de transport. Trois jours plus tard, les mêmes agents interceptaient un chargement de «trophées de chasse» en provenance du Canada. À l'intérieur, un grizzli ainsi qu'un ours polaire empaillés, notamment accompagnés d'un couguar transformé en tapis de salon. Non loin, dans un transport de poissons tropicaux, ils repêchaient enfin 367 «axolotls», amphibiens étranges et translucides trafiqués en laboratoire en raison de leur capacité à s'autorégénérer et à se reproduire à l'état larvaire.Ces prises, effectuées dans le cadre de la Convention de Washington protégeant la faune et la flore, ne sont que la partie émergée d'un trafic d'espèces plus que jamais florissant. Selon un dernier bilan de la Direction générale des douanes, le nombre de procédures n'a cessé de progresser pour atteindre 667 constatations l'année dernière, contre 649 en 2010. Une fois sur deux, les contrôles ont été effectués sur des voyageurs aériens atterrissant en particulier en région parisienne, mais aussi du côté de Marseille et de Nice.Garantir la survieDans le lot figure un bestiaire touffu où se mêlent une dizaine de perroquets très rares et quelques rapaces, une famille d'iguanes et de varans, une paire de serpents, quelques singes et une armée de tortues venant en particulier de l'île de Madagascar et des pays du bassin méditerranéen. «Les services vétérinaires inspectent les animaux vivants recueillis par la douane et leur apportent les soins permettant de garantir leur survie, expliquent les douanes. Celle-ci est souvent compromise par les conditions de transport et le stress liés à leur capture. Dans la mesure du possible, une réexportation dans le pays d'origine est privilégiée, dans l'optique d'une réintroduction dans le milieu naturel.» La solution d'accueil se trouve alors en réserves animalières. C'est ainsi que le brigade d'Hendaye a confié un perroquet gris du Gabon au zoo de Pessac.Les passeurs, quant à eux, redoublent d'imagination, pour acheminer leurs cargaisons clandestines: en Guyane, un voyageur néerlandais a ainsi été surpris en train de transporter seize colibris vivants. Récidiviste, il avait dissimulé les oiseaux dans son short muni d'alvéoles, spécialement conçu pour l'occasion. «Les spécimens naturalisés auraient de leur côté tendance à être moins trafiqués», observe un spécialiste. «Il semble que l'attrait exercé par les cobras et scorpions conservés dans de l'alcool que ramènent les touristes en provenance de pays asiatiques décline», confirme-t-on à la Direction générale des douanes, dont les services n'ont saisi que 36 de ces spécimens en 2011.En revanche, les services spécialisés de Bercy tirent la sonnette d'alarme face à l'envolée de la contrebande d'articles issus d'espèces animales ou végétales. En une seule année, ce marché parallèle, stimulé par une forte demande des particuliers, a bondi de 46% pour désormais franchir la barre symbolique des 10.000 saisies.Dans ce registre foisonnant et baroque, où l'on peut retrouver des hippocampes, des scorpions séchés ou encore des queues d'éléphant en bracelet, les agents ont aussi intercepté, surtout au terminus des long-courriers de Roissy, plus de 1277 pièces d'ivoire braconnées au Congo, au Nigeria ou en Guinée, mais aussi 1254 orchidées ou encore une centaine de kilos de bois d'agar, encens très recherché dont le prix au poids est plus élevé que celui de l'or. Enfin, face à la persistance de l'importation illégale de viande de brousse sur le sol français, les autorités multiplient les opérations coups de poing. Celle menée entre les 17 et 26 mai dernier en région parisienne a débouché sur la confiscation de 518 kg de viandes, dont 126 portaient sur des espèces protégées. Les morceaux de varan, de python, de crocodile, d'éléphant, de porc-épic ou encore de pangolin ont été détruits avant qu'ils puissent rejoindre les arrière-salles d'exotiques cuisines.Outre une économie parallèle non négligeable, ce type de trafic présente de plus un «risque sanitaire important» et «menaçant la biodiversité». Pour mieux lutter contre ces filières venues d'Afrique ou d'Amérique du Sud, les douaniers ont récemment signé un accord avec l'Office national de la chasse et de la faune sauvage pour tenter d'identifier tous les spécimens capturés, morts ou vifs.Des «magots» très prisésL'affaire, a priori rarissime, a marqué les douaniers. Les agents de la brigade d'Hendaye ont saisi en août dernier deux bébés singes magots en contrôlant à Biriatou (Pyrénées-Occidentales) deux voyageurs venant du Maroc et disant se rendre en Hollande. Traumatisés et sevrés prématurément, les primates, étaient dissimulés dans une caisse à chat. Sauvés in extremis, le mâle et la femelle ont été confiés au zoo de Saint-Martin-la-Plaine où les soigneurs les ont baptisés Zeus et Vénus. «Une fois remis sur pieds», le couple devait être introduit au sein d'un groupe de la même espèce, ont précisé les douanes qui conseillent «de ne prélever dans les pays de villégiatures aucune espèce animale ou végétale dont certaines peuvent être en voie de disparition ou très difficiles à conserver en captivité». À titre d'exemple, le refuge qui a recueilli les deux bébés «magots», s'est vu confier, en deux ans, 101 singes dela même espèce, «pour la plupart abandonnés par les propriétaires dépassés par le comportement des animaux devenus adultes». Aussi appelé «macaque berbère», le singe magot, pesant une quinzaine de kilos à l'âge adulte, a fait l'objet d'un engouement irrationnel chez les particuliers. Espèces menacées,les singes magots, dont il ne reste plus que 20.000 individus à l'état sauvage, se sont multipliés en banlieue où l'effet de mode existe depuis le début des années 2000. Un phénomène tel que les forces de l'ordre en ont depuis capturé plusieurs centaines.Source Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites